Lazare attend

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Dans ce nouveau retour sur les questions religieuses, James Morrow imagine que Lazare, celui des Évangiles, qui déclare tout de go au début du livre qu’il n’a jamais été ressuscité puisqu’il n’était pas mort, se promène un peu dans l’Histoire, en croyant pouvoir la changer mais ses aventures pourraient aussi bien être rangées dans la catégorie « c’est arrivé, mais on ne le sait pas »...

 

Le livre tourne essentiellement sur le Concile de Nicée, celui qui a imposé les mensonges officiels, à partir de textes plus ou moins cohérents, mais surtout à partir des fantasmes du rabbin syrien des Épitres qui se substituent même aux prétendues déclarations de Jésus.

Lazare, qui a connu Jésus, doit fuir la Judée en 37, avec Marie de Nazareth, Marie la Madeleine et Salomé, rebaptisée Marie Salomé. Leur fuite leur fait rencontrer un curieux vaisseau, le Neithotep, commandé par un Crocodile mécanique, Sobek. Ce vaisseau qui voyage dans le temps va les emmener à Alexandrie en 57, où se joindra aux fuyards l’Épicurienne Celaeno, puis aux Saintes-Maries de la Mer en 37, où débarqueront les trois Maries, puis à Rome en 324 où Lazare, Sobek et Celaeno se joindront à Constantin pour l’aider à conquérir l’Empire. Mais Lazare doit repartir vers le futur, plus précisément New-York en 1964, abandonnant Celaeno devenue Arienne et, de ce fait, menacée de mort. Après quelque temps de séjour à New-York, Lazare repart, décidé à intervenir au Concile de Nicée pour défendre les Ariens et Celaeno, et aussi les Juifs, non sans avoir été rechercher pour l’aider les trois Marie.

 

L’évocation du Concile permet de rappeler comment les évêques ont construit une religion bâtie sur le détournement de certains textes et la haine des « hérétiques ». Est-il besoin de faire un parallèle avec les différents obscurantismes « révélés » actuels ?

Le roman, malgré son ton comique permanent et son narrateur sceptique, repose encore une fois la question des excès de la « foi » et de l’intolérance. Même s’il n’apporte pas vraiment de surprises ou d’informations essentielles, il est toujours agréable de rappeler ce problème, vieux d’au moins deux millénaires... (est-ce que le conflit entre plusieurs dieux était moins grave ? Au moins ne se prétendait-il pas un conflit entre « le » Bien et « le » Mal).

 

Lazare attend, de James Morrow, traduit par Sara Doke, Au Diable Vauvert, 2021, 468 p., couverture de Didier Fontvieille, 21€, ISBN 979-10-307-0353-5

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