Larmes sous la pluie (Les)

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Rosa Montero a expliqué, dans une interview à Télérama, que « la science-fiction est un outil extrêmement puissant pour parler de la condition humaine ». Ce roman en est une preuve.

 

Nous sommes en 2109. Après toutes les vicissitudes et les guerres et catastrophes du 21e siècle, l’humanité survit tant bien que mal dans un monde, en partie dévasté par la pollution et le réchauffement climatique, et sur deux satellites artificiels géants, tous deux en orbite géostationnaire, occupés par des sociétés totalitaires. Le début de l’exploration de l’espace lointain a permis d’entrer en contact avec d’autres espèces sentientes, et ce contact a, enfin, permis l’unification de la planète, à laquelle ne se sont pas associées les sociétés satellitaires. Sur Terre, aux humains s’ajoutent les « techno-humains » ou répliquants (pour faciliter l’écriture, j’emploierai le terme aujourd’hui désuet androïdes pour les désigner) qui, après une guerre, ont obtenu la quasi-égalité avec les humains « naturels », mais ne vivent que dix ans après la fabrication parce qu’un cancer foudroyant se déclenche à leur dixième anniversaire. L’héroïne de ce roman, et de celui qui lui fait suite, Le poids du cœur – qu’il vaut mieux ne lire qu’après car les informations d’une part, l’évolution de l’héroïne d’autre part, sont plus cohérentes ainsi – est une androïde, Bruna Husky, âgée déjà de plus de cinq ans et obsédée par le décompte du temps qui lui reste. Avant que l’histoire ne commence, elle a effectué ses deux ans de service obligatoire comme soldat, puis s’est établie comme détective. Elle a aussi vécu une histoire d’amour avec un autre androïde, qu’elle a vu mourir quand il a atteint l’âge limite. Elle a peu d’amis. Et va se trouver projetée dans une affaire particulièrement grave, qui menace la structure de la société terrienne et, en particulier, l’acceptation par les humains de la cohabitation avec les androïdes.

 

Le roman mêle donc un thriller remarquablement construit et une réflexion sur tous les problèmes psychologiques et moraux de Bruna face à ses rencontres, qui incluront des extra-terrestres, et à ses mésaventures entraînées par son enquête. Je ne saurais trop le recommander, ainsi que sa suite qui complète aussi la description de ce futur pas tout à fait dystopique, qui aurait, au moins, le mérite d’exister et de comporter un espoir.

 

Des larmes sous la pluie, par Rosa Montero, trad. Myriam Chirousse, Métailié, Suite hispanique, 2013, reparu en 2016, 405 p., 12€, ISBN 979-10-226-0418-5

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