Guerre en Ukraine (La) - regard critique sur les causes d'une tragédie
Peut-on écrire sur le conflit en Ukraine sans faire preuve de partialité ? J’avoue m’être posé la question en ouvrant le livre de Jacques Hogard, ancien colonel en retraite. Parce que si l’on jette un rapide coup d’œil en arrière, on réalise très vite que beaucoup d’informations, relayées par des médias qui n’en ont que le nom, peuvent être sujettes à caution. Comme le dit l’auteur, c’est la désinformation qui domine le conflit depuis le début.
Jacques Hogard prend donc le temps de remonter l’histoire de ce pays en particulier aux conflits mondiaux, aux racines qui le rattachent à la Russie, à la modification de ses frontières et finalement à son indépendance en 1991. À la lecture de l’ouvrage, on comprend plusieurs choses essentielles : que les signes avant-coureurs du conflit étaient latents et qu’il aurait plusieurs fois pu être évité, et même interrompu très tôt. Ce que Jacques Hogard dénonce avant tout, c’est la place prépondérante des Etats-Unis et de l’Otan dans la guerre avec cette volonté de considérer la Russie d’hier ex-URSS comme l’ennemie de demain. Mythe ou réalité ? Au gré des pages, on peut soupçonner l’auteur de faire preuve d’un peu plus de mansuétude à l’égard de Poutine, mais certains faits sont troublants comme la présence d’anciens sympathisants nazis, les intérêts commerciaux des grands groupes américains en Ukraine et le morcelage de ses terres, le rôle de Boris Johnson dans l’échec des négociations, les intérêts de Hunter Biden…
En refermant le livre, j’ai l’étrange sensation que l’on ne nous a pas tout dit, que certains faits nous sont cachés. Poutine était-il réellement prêt à cesser le conflit si l’Ukraine renonçait à adhérer à l’Otan et à accepter une neutralité ? Lorsqu’on sait que les Etats-Unis à l’époque sont intervenus au Kosovo sans l’aval de l’Onu, on peut aussi se poser la question de leur soi-disante bonne volonté. Pour ma part, je retiens surtout un peuple innocent massacré, un pays en ruine qui aura d’énormes difficultés à se remettre, un coût faramineux pour l’Europe, mais aussi un revers pour ceux qui pensaient affaiblir la Russie en l’isolant. Il suffi de voir le poids des BRICS aujourd’hui pour s’en convaincre. Et les guerres intestines entre les différents minorités, les pro et les anti russes, ont fait qu’en 30 ans l’Ukraine aura perdu près de la moitié de sa population. Zelensky, élu à plus de 70% des suffrages, promettait une lutte contre la corruption. Celle-ci se porte visiblement à merveille depuis son élection…
J’invite le lecteur à se faire une idée sur ce roman certes pas totalement dénué de petites faiblesses mais qui offre un autre regard sur ce conflit qui, quelle que soit son issue, sera un échec pour tous les intervenants.
Je remercie une nouvelle fois les éditions Hugo pour leur confiance.
Jacques Hogard - La guerre en Ukraine - Éditions Hugo Doc, mai 2024