Vengeance dans la peau (La)

Réalisateur: 

Raisons d‘État



La mémoire du tueur

A la fin de La Mort Dans La Peau, estimant avoir vengé la mort de sa compagne après avoir éliminé l’instigateur de l’Opération Treadstone qui avait fait de lui un assassin, Bourne n’aspirait plus qu’à disparaître pour vivre enfin en paix. Lorsque Simon Ross, un reporter britannique, écrit un article dans lequel il mentionne le nom de Bourne ainsi que l’existence du programme Blackbriar, ayant trait à certaines activités occultes de l’Agence et qui aurait remplacé l’Opération Treadstone, Bourne ne peut s’empêcher de repartir sur le sentier de la guerre. Il prend alors contact avec le journaliste dans le but de connaître l’identité de son informateur mais il sera devancé par ceux qui ont tout intérêt à le faire taire. Et voilà donc la traque repartie de plus belle : toujours en quête d’indices sur son passé, Bourne entame un nouveau périple qui le mènera de Moscou à Paris puis de Londres à Madrid ainsi qu’à Tanger, tandis que ceux qui sont à l’origine de son malheur tentent de l’en empêcher en lâchant à ses trousses non seulement les exécuteurs aguerris de Blackbriar mais aussi de nombreux agents fédéraux et les polices locales. Bourne se lance dans une course effrénée qui a pour objectif de retourner à New York, là où tout a commencé et où tout devrait logiquement se terminer.



A l’épreuve du feu

Après avoir vengé la mort de Marie en éliminant Ward Abbott dans le volet précédent, Bourne pensait qu’on le laisserait enfin tranquille mais il n’en est rien car l’évolution de la situation internationale a poussé le Département de la Défense à lancer, dans le plus grand secret, un second programme encore plus sophistiqué, baptisé “Blackbriar”, visant à fabriquer une nouvelle génération de tueurs hautement entraînés et sans aucun état d’âme qui disposent d’une technologie hors pair. Pour le Directeur des Opérations Spéciales, Bourne constitue une grave menace qu’il lui faut éradiquer au plus vite. L’ordre est donc donné de le supprimer par tous les moyens mais ce que les hommes de l’ombre n’ont pas prévu, c’est que Bourne va recevoir l’aide, directe ou indirecte, de précieux alliés parmi lesquels on retrouve Pamela Landy ainsi que Nicky Parsons. La quête identitaire de Bourne va le mener jusqu’au Dr Albert Hirsch, sinistre individu qui joua un rôle capital dans sa vie antérieure ainsi que dans sa transformation radicale, tant mentale que physique, en une véritable machine à tuer qui, pendant un temps, a fait de lui l’exécuteur des basses œuvres le plus implacable que la CIA ait jamais formé.

Train d’enfer



Conspirations, mensonges d’état, trahisons, coups tordus et paranoïa sont de nouveau à l’ordre du jour de ce 3ème volet des (més)aventures de Jason Bourne dont Paul Greengrass reprend les commandes pour la 2ème fois avec toujours autant de brio. Le scénario de cette “vengeance ultime” s’inspire, bien évidemment, de la trame du roman de Robert Ludlum mais en remettant l’histoire au goût du jour dans la mesure où l’époque de la guerre froide est désormais bien loin derrière nous et que la mort de l’auteur est antérieure de six mois aux tragiques évènements du 11 septembre.

L’intrigue complexe, qui joue en permanence sur l’ambiguïté entre l’apparente innocence de la nature profonde de Bourne et son trouble passé de “nettoyeur”, ne laisse pas le temps de souffler à cet anti-héros constamment déchiré entre les doutes qui l’assaillent sur son passé, sa paranoïa et le fait qu’il est constamment sur le qui-vive, toujours prêt à en découdre avec ceux qui veulent sa peau.

Le succès incontestable de cette franchise, qui a radicalement bouleversé les codes du genre, provient en majeure partie de son choix de mise en scène extrêmement réaliste et proche du documentaire ainsi que de sa spécificité visuelle. Bourne, ayant perdu la mémoire, Greengrass filme de façon subjective afin que le spectateur découvre les choses en même temps que le principal protagoniste les vit. L’action se déroule à un train d’enfer dans plusieurs pays puisque Bourne et ses poursuivants vont se rendre successivement de Moscou (dont les séquences ont, en réalité, été filmées à Berlin) à Paris, Londres, Madrid et Tanger pour se terminer à New York, là où tout avait commencé. Le film comprend de nombreuses scènes d’anthologie très spectaculaires. C’est ainsi qu’on assiste tout d’abord à celle se déroulant dans la gare de Waterloo où Bourne se livre à un hallucinant jeu du chat et de la souris au beau milieu de centaines de voyageurs qui circulent dans la gare tout en pilotant à distance les moindres mouvements de Ross pour éviter que ce dernier ne se fasse tuer par Paz et les hommes du CRI (Controlled Resources International) qui veulent à tout prix empêcher toute communication entre les deux hommes. Par la suite à Tanger, Bourne se lance dans une course éperdue sur les toits des maisons de la Médina pour tenter de sauver Nicky qui a un redoutable tueur à ses trousses. Une fois à New York, il va provoquer un gigantesque carambolage dans les rues bondées de la ville, au volant d’une voiture volée.

On ne peut que rester ébloui par l’excellence de la mise en scène brillante et inventive de Greengrass avec une caméra quasiment sans cesse en mouvement (y compris pendant les cascades les plus folles, qui sont réalisées sur le terrain sans effets spéciaux) que vient compléter le véritable travail d’orfèvre du montage où tout est calibré au millimètre près. Le savant dosage entre les deux donne littéralement au spectateur la sensation de se trouver plongé en plein cœur de l’action au même titre que les principaux protagonistes de l’histoire. La Vengeance Dans La Peau est sans conteste le meilleur volet de la saga. Il ne reste plus qu’à espérer que David Webb (le vrai nom de Jason Bourne) va, un jour, reprendre du service.

La Vengeance Dans La Peau

Réalisation : Paul Greengrass

Avec : Matt Damon, Julia Stiles, David Strathairn, Scott Glenn, Paddy Considine, Edgar Ramirez, Albert Finney, Joan Allen.

Sortie le 12 septembre 2007

Durée : 1 h 56

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