La guerre selon Charlie Wilson
La vérité sur Charlie
Les coulisses du pouvoir
Décembre 1979, l’Armée Rouge avec son arsenal haut de gamme envahit l’Afghanistan. Aux Etats-Unis, l’administration Carter ne fait pas grand-chose de peur de déclencher une 3ème Guerre Mondiale mais donne toutefois carte blanche à la CIA pour agir dans le plus grand secret. A cette époque, Charlie Wilson, le délégué du 2ème District du Texas à la Chambre des Représentants, avait à Washington la triste réputation d’être un politicien débauché aimant s’octroyer du bon temps (entre un bataillon de créatures de rêves, beaucoup d’alcool et un peu de poudre à l’occasion) mais cela ne l’empêchait nullement d’avoir une solide connaissance de la scène internationale, un patriotisme à toute épreuve et un attachement viscéral pour les causes perdues.
A la demande de son amie de longue date Joanne Herring (une millionnaire sexy, très bigote et fervente anticommuniste), Wilson se rendit dans un camp de réfugiés à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan. Il y constata de visu la détresse des gens et entendit de la bouche même de centaines de malheureuses et innocentes victimes (pour la plupart des femmes et des enfants) le récit des terribles exactions commises à leur encontre par les soldats russes. Profondément marqué par cette douloureuse expérience, Wilson rentra à Washington avec la ferme intention de récolter un maximum de fonds pour aider au mieux la résistance afghane à combattre l’envahisseur soviétique.
Opération clandestine
Du fait qu’il occupait un poste stratégique au sous-comité de financement de la Défense, Wilson arriva rapidement à faire débloquer une aide annuelle de 5 M$ mais il se rendit très vite compte que cela ne permettait seulement de procurer à la résistance afghane que de vieux fusils datant de la 2ème Guerre Mondiale donc complètement inadaptés pour arrêter les puissants chars soviétiques qui écrasaient tout sur leur passage et empêcher leurs avions de chasse dernier cri de raser des villages entiers en quelques secondes. Il comprit alors qu’il lui fallait trouver d’autres financements ailleurs. C’est avec l’aide de certaines relations dans les hautes sphères de la politique internationale que possédait Joanne Herring alliée à la connaissance des problèmes d’intendance sur le terrain que maîtrisait parfaitement Gust Avrakotos (un franc-tireur de la CIA qui supportait mal de ne pas voir ses compétences reconnues par sa hiérarchie), que Wilson réussit à mettre sur pied une incroyable opération clandestine.
Usant de leur charme et de diplomatie, les trois compères réussirent non seulement à nouer la plus improbable des alliances secrètes entre le Pakistan, Israël et l’Égypte mais aussi à motiver la Commission de la Défense pour débloquer chaque année, encore et toujours, plus de fonds pour financer leur opération (c’est ainsi, qu’entre 1980 et 1989, l’aide annuelle des USA passa de 5 millions à 1 milliard de dollars). Cette gigantesque manne financière servit à acheter toute sorte d’armement sophistiqué, à les acheminer sur place et à financer l’entraînement des Moudjahidin à leur maniement.
Lord of war
Adapté à l’écran du livre du journaliste George Crile (qui est un recueil d’interviews des témoins de l’époque et des protagonistes de cette incroyable aventure), La Guerre Selon Charlie Wilson est une satire politique, alliant comique de situations et dialogues parfois assez hallucinants, réalisée par Mike Nichols,
un maître en la matière (n’oublions pas son jubilatoire Catch 22) et interprétée par un trio de choc : Tom Hanks, Julia Roberts et Philip Seymour Hoffman (toujours encore plus étonnant à chacune de ses nouvelles prestations). Dans cet incroyable (mais pourtant vrai) combat de David contre Goliath, Nichols met sous les projecteurs une belle brochette de personnages imparfaits mais qui, guidés par un idéalisme forcené et tous réunis par leur haine viscérale à l’encontre de l’Union Soviétique, sont arrivés à laisser de côté leurs ressentiments personnels et à allier leurs forces afin de mettre sur pied une alliance secrète réunissant tout à la fois des islamistes, des agents de la CIA, un politicien texan aux mœurs dissolues mais défenseur des causes perdues, une millionnaire influente, des marchands d’armes israéliens et de bien modestes paysans afghans qui tentaient de sauver leur terre avec pour unique but de bouter la très puissante Armée Rouge hors de l’Afghanistan.
Ce que cette équipe hors du commun est arrivée à faire dans le plus grand secret est assez surréaliste donnant ainsi lieu à un certain nombre de scènes ayant un côté grand guignol, presque à la limite des Pieds Nickelés. Avec son ton résolument décalé, son humour sarcastique lié à une ironie du sort mordante, le film évite de tomber dans un côté moralisateur mais, malgré cela, il est à la fois affligeant et terrifiant de voir ce à quoi tout cela a réellement conduit en fin de compte en raison des terribles conséquences que cela a provoqué deux décennies plus tard.
La Guerre Selon Charlie Wilson
Réalisation : Mike Nichols
Avec : Tom Hanks, Julia Roberts, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams, Ned Beatty, Om Puri, Ken Scott, Emily Blunt, Jud Taylor.
Sortie le 16 janvier 2008
Durée : 1 h 45