Orphelinat (L')

L’orphelinat et ses fantômes

Un, deux, trois soleil

Laura a passé les plus belles années de son enfance dans un orphelinat situé en bord de la mer, choyée par l’encadrement et entourée d’autres orphelins qu’elle aimait comme ses frères et sœurs. 30 ans plus tard, elle y retourne en compagnie de Carlos, son mari, et de Simon, leur fils adoptif âgé de 7 ans, dans le but de restaurer la bâtisse abandonnée et de la transformer en foyer d’accueil pour enfants handicapés. Accaparée par les nombreux préparatifs liés à la mise en place de son projet, Laura a peu de temps à consacrer à son fils et, dans un premier temps, elle prête peu d’attention aux soi-disant amis imaginaires que ce dernier affirme avoir rencontrés en explorant la vieille maison mais, au fil des jours, d’étranges coïncidences paraissent toutefois venir corroborer ses affabulations. Tout cela finit par inquiéter quelque peu Laura, de même que la visite impromptue d’une vieille femme au comportement bizarre qui se présente à elle comme étant une assistance sociale chargée de mener une enquête pour s’assurer que les futurs résidents du foyer seront bien traités par leurs nouveaux parents d’accueil.

La vie jusqu’alors bien tranquille de Laura va basculer le jour de l’inauguration du foyer d’accueil lorsque Simon disparaît mystérieusement sans laisser la moindre trace. La police suit toutes sortes de pistes en vain avant de finir par se désintéresser de l’affaire après des mois d’investigation. Malgré cela Laura refuse catégoriquement de se résigner à la perte de son enfant et elle poursuit toute seule sa propre enquête. Des bruits sourds retentissent depuis l’intérieur des murs et Laura voit apparaître dans les différentes pièces de la maison des enfants qui vont la replonger dans son passé. Plus les jours passent et plus elle est intimement convaincue qu’un terrible secret, longtemps refoulé, est tapi quelque part dans la vieille demeure, attendant son heure pour se révéler enfin au grand jour. Tout cela va la conduire aux confins du surnaturel car il semblerait que les amis invisibles de Simon ne soient peut-être pas si imaginaires que cela.

Jeux d’enfants

L’Orphelinat allie le thème de la “maison hantée” à celui du retour d’un passé traumatique et marie le fantastique à une description réaliste du calvaire vécu par des parents dont les enfants ont brutalement disparu. L’intrigue est essentiellement centrée autour de la quête obstinée d’une mère, ravagée de douleur suite à la disparition de son fils, pour retrouver la trace de ce dernier par tous les moyens (y compris en faisant appel aux services d’une médium) alors même que la police a fini par abandonner les recherches au bout de quelques mois et que son couple n’a malheureusement pas résisté à ce tragique évènement. Toute l’intelligence du scénario réside dans le fait de jouer constamment, tout à la fois, sur la réalité et la subjectivité ainsi que sur l’ambiguïté de savoir si les fantômes que voit Laura sont, bel et bien, réels ou s’ils ne sont que le fruit d’un esprit dérangé.


Juan Antonio Bayona, dont c’est ici le premier long métrage, montre toute l’étendue de son talent en optant pour une mise en scène empreinte de classicisme qui s’appuie aussi bien sur l’atmosphère que sur la psychologie de ses personnages et les diverses émotions qu’ils ressentent. Les effets spéciaux sont utilisés ici avec parcimonie ce qui leur donnent encore plus d’impact lors de quelques séquences choc (comme celle de l’accident de la circulation qui coûte la vie à la vieille femme). Quant à Belén Rueda, elle incarne à merveille le rôle de cette mère, déchirée par la disparition de son fils et en proie aux fantômes de son passé. De révélations en rebondissements, le scénario nous tient en haleine jusqu’à l’horrible vérité finale.

L’Orphelinat

Réalisation : Juan Antonio Bayona

Avec : Belén Rueda, Fernando Cayo, Roger Princep, Mabel Ribera, Monserrat Carulla, Andrés Gertrùdix, Edgar Vivar, Geraldine Chaplin.

Sortie le 5 mars 2008

Durée : 1 h 42