Nightwatch , Les sentinelles de la nuit T1
Vous avez aimé le film du même nom ? Pas moi. Je l’ai trouvé vulgaire, glauque et finalement assez mal tourné. J’ai donc ouvert ce livre avec quelque réticences, malgré tout ce que j’avais pu entendre de bien à son sujet, les appréciations élogieuses glanées ci et là, qui faisaient de ce roman un must, tant sur le fond – originalité dans le traitement du sujet, intrigues réussies, etc. – que sur la forme. Quant à ce dernier point, je ne saurais être affirmatif. La seule chose que je puisse affirmer à ce sujet quant au roman que j’ai eu entre les mains, c’est que la traduction est véritablement un beau boulot. Aucune expression mal placée, décalée ou hors contexte, un vocabulaire précis qui, s’il transcrit bien la version originale, laisse apercevoir la qualité de cette dernière. Enfin, je n’ai pu relever que de très rares fautes d’orthographe, ce qui est malheureusement devenu trop rare et mérite d’être signalé.
Quant au fond de ce roman….. Imaginez-vous une énorme claque en pleine face et vous serez encore loin du compte. Un conseil amical, n’en commencez pas la lecture un soir si vous souhaitez ou devez vous lever tôt le lendemain. Je m’y suis risqué et n’ai pu le fermer avant son terme, non sans avoir copieusement maudit mon radio-réveil affichant sereinement 5h12 du matin.
Le thème de ce roman est la lutte du Bien contre le Mal, ou plus exactement, celui de la lumière contre l’ombre. Comment en effet considérer que l’une des forces en présence puisse décemment se réclamer du bien lorsque tous les moyens sont permis pour parvenir à ses fins, en ce y compris les pires saloperies ? Mais reprenons notre brève description du thème développé dans Nightwatch : imaginez un monde, le nôtre, dans lequel a toujours existé un peuple doté de pouvoirs magiques. Ces Autres – sorciers, mages, lycanthropes, vampires et j’en passe – se divisent de toute éternité et plus ou moins grossièrement entre les « égoïstes », n’utilisant leurs pouvoirs qu’à des fins strictement personnelles, et les « altruistes », conscients de leur responsabilité et tâchant de n’employer leurs pouvoirs que pour le bien du plus grand nombre.
Après des éons de lutte directe ou indirecte, chaque parti ayant largement les moyens de rassembler sous sa bannière une horde d’humains subjugués, ces deux forces parvinrent à un statu quo : deux veilles furent créées, toutes deux chargées de réguler les actions magiques du camp adverse : celle de la nuit fut confiée à la lumière, les forces de la nuit se chargeant d’opérer le jour. Un équilibre fut alors promulgué, exigeant que chaque acte magique dépendant d’une faction soit contrebalancé par un autre, d’amplitude équivalente et accordé à la faction adverse. Et que le meilleur gagne !
Dans ces conditions, la seule tactique applicable pour faire triompher ses vues revient à s’employer à manipuler le camp adverse pour le pousser à la faute, ce qui bénéficiera au final à son propre camp par le jeu de l’équilibre, garanti par une coopération au plus haut niveau, tirant bien souvent au jeu de massacre, elle-même régulée par les puissants et mystérieux inquisiteurs.
Comme souvent, l’intérêt de ce livre ne réside pas dans la nouveauté, mais dans la manière de traiter un sujet désormais archi-classique. L’auteur développe en effet un monde inquiétant et trouble, dans lequel l’intrigue et la trahison règnent en maîtres incontestés, profitant des capacités magiques de ses sujets pour porter son sujet à des niveaux à mon sens inégalés. En effet, quand la magie s’avère quotidienne, un simple juron ou une banale insulte d’un mortel insignifiant pouvant entraîner la formation d’une véritable malédiction, vous comprendrez que les possibilités de manipulation s’avèrent quasi-infinies, surtout lorsque vous ajoutez à ce cocktail des mages parfaitement rompus à une manipulation mûrement réfléchie de leurs pouvoirs. Enfin une histoire de vampires et autres créatures magiques loin du monde figé, peu crédible et ennuyeux d’Ann Rice !
Ce premier tome, Nightwatch, développe trois intrigues à suivre propres à la veille de la nuit, assurée par les forces de la lumière. Vivement la suite, prévue en deux nouveaux volumes, Daywatch et Dustwatch, qui permettront sans doute de constater que les forces de la nuit n’ont rien à leur envier en termes de machiavélisme, le dernier tome s’annonçant comme l’ultime lutte entre les deux factions. A lire absolument !
Sergueï Loukanienko, Nightwatch – Les sentinelles de la nuit, Traduction : Christine Zeytounian-Beloüs, Couverture : Corbis, Albin Michel, 480 p.
Commentaires
LOUKANIENKO Sergueï : Nightwatch – les sentinelles de la nuit -
je passe par pur hazard vue que je désespère de savoir quand la suite sort.
Effictevement j’ai eu beaucoup de mal à m’arrêter à chaque fois que je me plongé dans ce bouquin et mes état comateux au boulot en témoignent
LOUKANIENKO Sergueï : Nightwatch – les sentinelles de la nuit -
Haaaaaaaaaaa !
Je n’en peux plus. Ce livre, un régal, m’a laissé sur ma faim. Quand va t-on pouvoir lire la suite (en une soirée sans doute)