Sérum

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Ce que dit le quatrième de couv’ : Une injection. Sept minutes pour accéder au subconscient d’Emily Scott. Un carnet pour décrypter ses visions fantasmagoriques.
Quelques jours pour empêcher le pire. Mais quand les morts suspectes se multiplient, le NYPD se pose une question : Arthur Draken est-il un psychiatre de génie ou un dangereux criminel ?

Les tentatives pour transformer l’expérience de lecture et rapprocher le livre d’un objet « multimédia » à la hauteur des évolutions technologiques, qui semblent éloigner chaque jour davantage de lecteurs de la chose écrite, seront de plus en plus nombreuses dans les années à venir. Pour arracher l’étiquette de « has been », de divertissement d’un autre temps qui lui colle parfois à la peau, les éditeurs devront faire un effort. Surtout qu’après la manne des romans pour adolescents (dont le nombre est allé en grandissant... mais les succès à la Harry Potter ou Twilight se comptent tout de même sur les doigts d’une main...), le secteur du livre reste bel et bien en crise.

« Sérum » est-il un pas dans la bonne direction ? L’avenir des chiffres nous le dira. Reste que, paradoxe des paradoxes, Loevenbruck et Mazza tentent l’aventure du renouvellement en se tournant résolument vers un mode d’écriture venu tout droit du... passé ! Puisqu’ils remettent au goût du jour pas moins que le roman feuilleton, ses histoires « en tranches » qui apparaissaient dans de nombreux journaux ou encore sous forme de fascicules, à la grande époque de la littérature populaire. Sherlock Holmes, Harry Dickson, Doc Savage... Mais aussi les romans d’Alexandre Dumas étaient alors livrés au public au compte-gouttes, provoquant une ferveur inégalée chez les lecteurs.

Avec « Sérum », la référence est évidement télévisuelle (le premier tome est l’épisode 1 de la saison 1) mais il ne faut pas avoir étudié les médias en long et en large pour savoir que la petite lucarne a elle-même piqué l’idée de la sérialisation de ses histoires au cinéma d’une part et dans la littérature « pulp » très populaire Outre Atlantique.

Ce premier épisode fait donc office de « pilote » afin de planter le décor (New York et sa proche banlieue), les personnages (flic-mère-divorcée, victime amnésique, némesis énigmatique et tout puissant) et la situation (l’enquête sur une jeune femme amnésique, victime d’une attaque en plein Broocklynn cache bien plus qu’une simple agression et des forces sombres déplacent peu à peu leurs pions sur un vaste échiquier qui échappe au lecteur). Du côté du style, pas de soucis, ça dépote ! Pas un poil de graisse sur ce texte court (c’est le but de l’exercice) qui se dévore en une soirée, sans laisser le moindre répit au lecteur. L’intrigue par contre... Pour un premier volume, la mise en place est peut-être un peu longue et le « suspense » de fin de volume manque d’épaisseur...
D’autant que le personnage qui en est le protagoniste est introduit fort tard dans l’épisode. Sans compter que le quatrième de couverture en dit sans doute trop... Voire plus que le premier épisode ! Etrange choix de promo...

On s’arrêtera aussi quelques instants sur les "flashcodes" qui sont présents de loin en loin dans le roman et qui permettent d’avoir accès à des "suppléments" (musiques, éléments de l’enquête etc.) qui permettent de se plonger plus avant dans l’univers du livre. Le tout est de savoir, comme c’était déjà le cas dans la série « Level 26 », créée par le scénariste des Experts, dans quelle mesure la gymnastique nécessaire pour accéder à ces contenus ajoute au plaisir de lecture... Ou brise le rythme et l’immersion... Chacun se fera un avis...

Mais comme dans toute série qui se respecte, l’important est maintenant de voir comment les éléments mis en place vont évoluer, pour donner au lecteur à la fois le plaisir de la surprise... Et l’envie de s’attacher au destin des divers personnages sculptés par les deux auteurs. Dans cet esprit, la mission de ce premier volume, donner envie d’en savoir davantage sur l’univers de « Sérum », est clairement remplie.

LOEVENBRUCK Henri et MAZZA Fabrice, Sérum, J’ai Lu

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