Atlas de l'Atlantide et autres civilisations perdues


Ah ! Atlantide, quand tu nous tiens ! Après l’extraordinaire Atlantide de A à Z de Deloux-Guillaud, paru chez e/dite, bible de tous les atlantologues (cfr. ma critique in la revue Français 2000 n° 179-180 de mai 2002), voici un autre livre d’art, tout aussi superbe, quoique moins ‘pointu’. Si le précédent, sûrement thésaurisé par les amateurs, était alphabétique, ce nouvel ouvrage est, lui, plutôt chronologique. Et géographique. Chronologique car il analyse, page par page, l’historique des théories sur l’Atlantide. Géographique, car il énumère tous les endroits où l’on a pu localiser l’emplacement du continent disparu.

Après une introduction consacrée à la fascination de ce mythe et à l’évolution de ce que l’on dénomme « l’atlantologie », l’auteur démarre bien évidemment des deux dialogues fondateurs de Platon, Timée et Critias. Il rappelle l’origine égyptienne (le récit de Solon), décrit la cité platonicienne, puis sa terrible destruction. Pour aboutir à cette constatation : « La preuve la plus suggestive de la non-existence de l’Atlantide de Platon est l’absence de vestiges matériels ». Suivie immédiatement de cette autre : « Rappelons toutefois qu’absence de preuve n’est pas preuve d’absence ».

Un mythe peut-il être vrai ? C’est là le fond du problème de l’Atlantide. Ceci exposé, l’auteur part courageusement à la quête des différentes sources qui auraient pu influencer le philosophe grec, centrant tout d’abord sa recherche sur le monde méditerranéen : Tartessos, Troie, Carthage, Théra, Crète, Chypre. De là, il s’élance hardiment vers le Nouveau Monde pour parcourir les Amériques aztèque, maya ou inca. La quête est interrompue par la vie et l’analyse de l’œuvre d’Ignatius Donnally qui, avec son livre Atlantide, monde antédiluvien de 1882, fonde l’atlantologie moderne. Le sous-titre renvoyant vers ‘d’autres civilisations perdues’, Levy, loin donc de ne se cantonner qu’à l’Atlantide, explore l’océan Pacifique pour aborder les rivages de la Lémurie et de Mu, fameux continents perdus eux aussi. On rencontrera ici les figures curieuses et pittoresques de sir Francis Bacon, de Madame Blavatsky et ses théosophes, liant le thème à l’occultisme (les races-souches), Rudolf Steiner ou James Churchward, l’« inventeur » de Mu, ou le voyant Edgar Cayce, toutes personnalités bien connues des amateurs de mondes perdus. Allant plus loin dans l’espace, Levy arpentera l’Antarctique, le Sundaland (les îles de la Sonde), Ceylan, l’inévitable Shangri-La de James Hilton (Lost Horizons, 1933), Shambala, la sulfureuse Agartha, sans oublier le royaume du Prêtre Jean ou, aussi, la Terre creuse. Plus près de nos contrées, il citera les pays de Lyonesse, la ville engloutie d’Ys, l’Hyperborée ou Thulé l’ultime. La onzième et dernière partie étudie les rapports entre l’Atlantide et le mouvement « New Age », ses valeurs spirituelles et environnementales.

Arrivé à la fin de cet immense périple, le lecteur reste subjugué par la perennité du mythe et ses innombrables interprétations, influences et dérives. Chaque chapitre, tenant sur deux pages, est précédé d’une brève introduction, ce qui en rend la lecture des plus plaisantes. L’iconographie est très riche et prête à rêver.

Voici un ouvrage somptueux, à mettre entre toutes les mains de ceux qui ont été enthousiasmés par L’Atlantide de A à Z de Deloux-Guillaud, de ceux qui aimeraient faire le tour complet de la question atlante, de ceux qui voudraient tant trouver sa solution…

Joël LEVY, Atlas de l’Atlantide et autres civilisations perdues, Editions Véga, Paris, 2007, 175p.

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