Terre sans mal

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Peut-on écrire un roman de vraie SF à l’intention du « grand public », c-à-d avec les méthodes du best-seller, avec malgré tout le respect du « genre » ? Ou cette démarche est-elle vouée à produire des romans qui ne seront acceptés ni par les amateurs de SF, ni par le « grand public » ? Rien n’est joué, mais je ne crois pas à cette tentative.

Le résultat de cet essai, qui reprend et mêle un peu de littérature « new age » avec le personnage du début, un jeune Guarani qui se révolte contre les traditions et veut créer à sa manière la « terre sans mal » des légendes, avec les thèmes de la trilogie martienne de Kim Stanley Robinson, me paraît un échec.

Le scénario : la première partie décrit la tentative et l’échec d’U’tal dans sa création d’une Terre sans mal, qui s’achève quand U’tal est enlevé par des extra-terrestres...

Et le voici qui revient représenter la Kolsa, les « Guides », qui veulent proposer un marché aux Humains, d’une part aux colons de la base KSR de Mars, d’autre part aux Terriens. Et là, sur fond de révolte et de déclaration d’indépendance des colonies lunaire et martienne, vont s’affronter les pouvoirs établis, en particulier un Président des Etats-Unis mégalomane et paranoïaque et les différents groupes de résistance. Et là, le roman nous présente un triomphe de la fourberie présidentielle suivi d’un retournement totalement invraisemblable qui aboutira à la défaite des « méchants » et à l’abandon par les « Guides » des otages qu’ils avaient déjà obtenus.

Tant dans la vision - que je qualifierais de primaire - de la pensée et des tentatives de réalisation d’un Guarani précolombien que dans le scénario de cette installation, puis de la chute du pouvoir dictatorial du Président Devon A. Porter, sans compter l’aspect « personnages de carton-pâte sans la moindre profondeur réelle » des différents héros et personnages, ce roman n’atteint pas un niveau honorable pour l’amateur de SF. J’étais prévenu, mais je reste déçu.

Parviendra-t-il par contre à attirer les amateurs de « best-sellers » grâce à ces « défauts » et à leur faire passer les idées de SF inspirées de la trilogie martienne ? Je ne saurais en juger. Espérons-le.
Mais pour l’amateur de SF, même s’il adore KSR, j’ai peur qu’il n’y ait rien à glaner dans cette lecture.

Terre sans mal de Martin Lessard, couv. Philippe Gady, Denoël, 20,50€, ISBN 978-2-2071102-7

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Commentaires

bon article, même si je n’ai pas lu le livre... Comme auteur de SF, effectivement, faire du banal, du compromis pour toucher le grand public n’a aucun sens. Seul le talent, la forme du récit frappe l’imaginaire, fascine.
de toute manière, dès qu’il y a un président des états-unis, je me sauve....

écrire pour le grand public, c’est être au sommet de son art, s’inscrire dans son époque, amener du neuf, peut-être tout de même de ne pas faire trop long, pas autre chose.
écrire pour les fans de SF, c’est la même chose !!!

bonne continuation, en vous souhaitant plus de chance à la prochaine lecture !

La plume de Georges BORMAN est excellente, et c’est toujours un plaisir de lire ses critiques argumentées.