Votre mort nous appartient
Dans une société robotisée et aseptisée, Roïn Venkoo fait figure d’anachronisme, préférant par exemple se rendre chaque matin à son bureau plutôt que d’utiliser le réseau virtuel. Il vit avec Olcéana Xinava, éternelle étudiante ratée qui a récemment décidé de devenir styliste afin d’exprimer son Art. Sans but et sans avenir, Roïn décide de se suicider et meurt.
Mais son suicide n’a pas fait l’objet d’une demande régulière… et le jeune homme est remis sur pieds. Il est néanmoins puni et se retrouve aux Défunts, administration qui gère les enregistrements des âmes des défunts. Travail banal et sans perspective jusqu’au jour extraordinaire où Roïn prends une initiative, qui pourrait bien détruire toute la société.
Antoine Lencou développe un monde horrifiant, où le bonheur normalisé est obligatoire, où l’homme est l’égal de la machine mais tend de plus en plus à n’être qu’une survivance du passé. Les humains présentés sont égoïstes, névrosés et naïfs, ou tout au contraire arbitraires, vénaux et impitoyables. Le héros fait alors figure de marginal, qui s’oppose à la machine à uniformiser.
Le ton du récit est noir et cynique, mais reste cependant divertissant par l’absurdité qui se dégage des personnages mis en scène. La dénonciation des travers de la société, si elle n’est pas nouvelle, est efficace et pertinente, et bien servie par un texte maîtrisé.
Votre mort nous appartient par Antoine Lencou, couverture de Fablyrr, Griffe d’Encre