LE ROY Philip 03
L’action semble être ta deuxième nature. C’est également ainsi dans ta vie de tous les jours ?
L’action définit chacun de nous. C’est notre karma (karma signifie action en sanskrit). Nous venons au monde avec le karma de nos ancêtres, auquel s’ajoute nos propres actions. Si l’on pratique zazen, notre karma se bonifie. La pratique du zen et des arts martiaux m’aident à me fondre dans un personnage comme Nathan Love. Mais cela ne suffit pas pour faire un thriller. L’action spectaculaire, c’est dans les voyages que je la puise. Car voyager, c’est partir, aller à l’aventure, à la découverte d’univers différents, à la rencontre des autres, c’est de l’imprévu et des rebondissements, c’est apprendre le monde. C’est le meilleur moyen de préparer un roman d’action.
Depuis l’année dernière, deux bouquins sont parus. Il y a « Léviatown » où tu abordes le fantastique de plein fouet. Comment t’est venue cette idée-là ?
J’ai été contacté par les créateurs de la collection, Xavier Mauméjean et Guillaume Lebeau. Ils recherchaient des auteurs de polars acceptant de basculer dans le fantastique, ne rechignant pas à écrire de l’action pure destinée à un public nourri de jeux vidéo, de séries américaines et de cinéma. Il fallait respecter la charte du Club Van Helsing, choisir un monstre et un chasseur de monstre. Léviathan et Kathy Khan me sont apparus rapidement. Rompu aux codes du thriller, j’ai essayé de rester le plus crédible et le plus réaliste possible. Même si à un moment donné, elle déborde sur le fantastique, l’histoire reste très ancrée dans la réalité du monde contemporain.
Pourquoi le Léviathan ?
Quand j’ai été contacté par les éditions Baleine, je sortais de « La Dernière Arme », thriller qui traitait du pouvoir à l’échelle planétaire. J’ai trouvé intéressant de continuer sur ce thème en ayant recours à une forme fantastico-horrifique. Quel monstre pouvait mieux incarner ce méga pouvoir que Léviathan, symbole chez Thomas Hobbes de l’alliance passée par les hommes avec un Etat fort pour garantir leur tranquillité et leur sécurité, quitte à y perdre une partie de leur liberté ? Il me semblait à la fois original et évident de le faire se réincarner de nos jours dans l’immense tour qui va être édifiée à la place du World Trade Center. Je créais ainsi un monstre de béton de 540 mètres de haut. Cette fois, au lieu d’emmener le lecteur aux quatre coins du monde, je le faisais voyager à la verticale, à l’intérieur de la tour, dans l’antre du monstre.
Tu as d’autres idées du même style ? Tu vas en écrire d’autres ?
Pour l’instant, ce n’est pas au programme. La saison 2 du Club Van Helsing va sortir avec des auteurs différents.
Mais toi, ça ne t’a pas donné envie d’écrire quelque chose dans le style fantastique ?
Si, mais dans le fantastique à la Stephen King. Celui qui naît du quotidien. Qui naît de la réalité. Qui est plausible et crédible. Ainsi, dans le prochain Nathan Love que j’ai commencé à écrire, la part de fantastique et d’horreur sera plus importante que dans les deux premiers volets. La peur, plus que l’action et la violence, sera l’ingrédient principal du roman.
Ton dernier roman, « Couverture dangereuse », parle de manipulations. Manipulation d’une personne, d’une vie. Est-ce que tu penses que nous sommes manipulés ?
Depuis notre enfance, nous sommes manipulés. Par la société, par ceux qui nous ont élevés, éduqués, corrigés, formatés. Certains le sont plus que d’autres. En tant qu’auteur de thrillers, je manipule à mon tour, que ce soit mes personnages ou le lecteur.
J’aime alterner les « Nathan Love » avec des romans qui sont, dirais-je, plus hitchcockiens, où l’on fait la connaissance de gens ordinaires, qui vont être confrontés à une situation qui les dépasse. C’est ce qui arrive à ce rancher américain qui prend l’avion pour Nice et qui ne reconnaît plus sa femme qui l’attend à l’aéroport. Le gars, qui n’a jamais voyagé, se retrouve dans un pays dont il ne parle pas la langue, en plein carnaval de Nice, en compagnie d’une inconnue qui prétend être son épouse et traqué par une horde de tueurs. C’est le principe du « Fish out of the water ». On prend un poisson et on le met hors de l’eau, mais avec une bonne raison. La bonne raison, c’est la manipulation.
C’est une réédition. Est-ce que tu l’as retravaillé ?
Je l’ai relu et je n’ai changé que cinq ou six mots à l’occasion de cette réédition. J’ai trouvé que cela fonctionnait toujours. Le roman a été écrit il y a dix ans et c’est déjà devenu un classique. Il en est à sa troisième édition.
Comment est-ce que tu considères ton roman dix ans après ?
A l’époque, j’avais anticipé le développement planétaire d’un réseau terroriste tel que Al-Qaïda qui sert d’enjeu dramatique au roman. En 2001, l’histoire m’a donné raison. Je pense donc qu’on ne peut pas lire aujourd’hui « Couverture Dangereuse » de la même façon qu’on l’a fait avant le 11 septembre.
Nathan Love, ton personnage fétiche, n’est-il pas jaloux que tu fasses vivre d’autres personnages ?
Au contraire, il voudrait qu’on lui fiche la paix. C’est ce qui m’intéresse avec lui. Nathan n’est pas du tout un enquêteur obsédé par la quête de vérité, l’arrestation des hors-la-loi ou la défense de la planète. Il vit en marge et refuse de se mettre au service du système et de la loi. A chaque fois, on est donc obligé d’aller le chercher au bout du monde sur une île déserte, pour utiliser ses capacités hors du commun dans la résolution d’une enquête dont il se contrefiche. Le challenge, pour moi, c’est de justifier qu’il accepte de rempiler. La manipulation intervient à nouveau ici. Je me creuse la tête en ce moment pour l’embarquer dans l’aventure, mais il n’a pas envie. Donc, il est très content que j’écrive d’autres choses. Nathan Love est un personnage que j’apprécie beaucoup parce qu’il est très riche, il est au confluent de la culture amérindienne navajo et de la culture asiatique, bouddhiste, zen. En même temps, c’est un personnage qui évolue. Il a eu une vie avec une femme. Il a perdu cette femme. Il a vécu trois ans en ascète. Il a rencontré une autre femme, il a recueilli deux gosses maltraités. Il n’est plus le même entre le début du « Dernier Testament » et la fin de « La Dernière arme ». Et le Nathan Love nouveau sera différent des précédents.
J’ai vu que ton prochain roman est déjà écrit, mais il ne paraîtra pas avant février 2009. C’est une blague ou quoi ?
(rire) Il faut donner le temps à chaque roman d’exister. Ne pas chasser un titre par un autre. Mais il me tarde de mettre ce prochain thriller entre les mains des lecteurs parce que cette fois il s’agit d’un huis clos franco-français. Cela se passe sur la Côte d’Azur, dans le milieu du cinéma. Il y a sept personnages féminins et un personnage masculin. L’un des personnages féminins cherche à éliminer le personnage masculin. C’est un thriller trash et cérébral. Les protagonistes meurent au fil de l’intrigue, sans que l’on sache qui tue et qui sera la prochaine cible. En plaçant l’intrigue dans le milieu du cinéma, je voulais rendre hommage aux films d’Hitchcock et de Mankiewicz. Aux actrices surtout, puisqu’il y en a sept dans le roman. Cela m’a beaucoup plu de créer ces sept femmes qui ont toutes joué un rôle dans la vie du héros. J’ai énormément travaillé les dialogues. C’est presque découpé comme un scénario. Il me tarde d’avoir la réponse du public.
Tu as aussi écris un recueil de nouvelles. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Il s’agit d’un recueil de trente-six nouvelles. Je ne sais pas quand il va sortir. Pourquoi pas cette année ? Les nouvelles varient entre une ligne et vingt pages. Le dénominateur commun, c’est la violence. La violence du monde. Au Pakistan, en France, aux USA, au Congo… Dans la préface, j’appelle ça des cocktails Molotov. Elles sont écrites pour exploser à la figure du lecteur. C’est donc toujours du thriller. La nouvelle est un exercice que j’affectionne parce que tout repose sur le dénouement qui arrive beaucoup plus vite que dans un romans de 600 pages ! Comme le disait Stephen King, quand on écrit un roman, il reste parfois un peu de carburant. Au prix où est le baril de pétrole, ce carburant, je l’utilise ! Cela donne une nouvelle ou deux. J’en écris aussi quand une chose me hérisse sur la planète. C’est mon défouloir.
Ça promet !
(rire) Cela ne sera pas une lecture reposante. Promis.
Rien de nouveau au cinéma depuis l’année dernière ?
Nathan Love voyage beaucoup, ce qui pose pas mal de problèmes aux producteurs. Il faut aller filmer aux quatre coins du monde, mettre en scène de grosses scènes d’actions. Cela coûte cher. Le montage financier prend du temps. Je suis donc patient. Un roman comme « Couverture Dangereuse » va peut-être se développer plus vite au cinéma car il nécessite moins de moyens. D’autre part, il y a des producteurs qui me contactent pour écrire des fictions télé. La création française étant un peu sinistrée dans le domaine des séries françaises, ils font appel à des auteurs de thrillers. Cela débouchera peut-être sur quelque chose. Mais aujourd’hui je n’ai pas de projet suffisamment avancé pour en parler.
Est-ce que tu as des événements déclencheurs que tu intègres ? Ce que tu vois, tu entends ?
Les éléments déclencheurs sont multiples, dès qu’on s’intéresse au monde. J’ai été récemment en Thaïlande, cela m’a donné envie d’écrire un bouquin qui se passerait là-bas. J’ai été à l’île Maurice, et cela m’a donné des idées pour le début du prochain Nathan Love. D’une manière générale, tout ce qui touche aux vrais pouvoirs, au conditionnement, à la manipulation, aux extrémismes, m’interpelle et alimente la thématique de mes romans. Un fait d’actualité peut se retrouver dans une de mes intrigues pour lui donner plus de réalisme et une meilleure prise avec la réalité. Les Chinois qui tirent sur les Tibétains, j’en ferai peut-être une nouvelle ou alors je l’intégrerai dans un roman si cela sert l’histoire. Un auteur est une véritable éponge et assimile tout ce qu’il voit, entend, ressent, pour le restituer sous une forme littéraire.
Quels sont les derniers livres que tu as lus et que tu peux nous recommander ?
Le dernier que j’ai lu c’est« Code Source » de William Gibson. Depuis « Identification des schémas », Gibson a inventé un nouvelle façon d’écrire des thrillers, où le futur est déjà là. On est à des milliers de lieues de Mary Higgins Clark.
Quels sont tes projets pour cette année ?
J’avais trois projets de romans. Ils sont pratiquement tous bouclés dans ma tête. J’en ai écris les synopsis et élaboré les personnages principaux. Mais pas de plan qui pourrait entraver mon écriture. C’est le prochain Nathan Love que j’ai attaqué en premier, car il ne faut pas qu’il arrive trop tard après la sortie « La Dernière Arme ». De plus les fans s’impatientent déjà. J’aimerais bien qu’il sorte fin 2009. Pour que la trilogie ne soit pas trop étirée dans le temps.
C’est une trilogie alors ?
Ça dépend. S’il y a dix lecteurs qui lisent le troisième Nathan Love, j’arrêterai là. Mais si ça continue à marcher, il n’y a aucune raison d’en rester là. Je me suis attaché au personnage. Il y aura peut-être aussi une préquelle. Celle-ci est déjà écrite en partie. Elle était intégrée dans la première version du « Dernier Testament ». Je l’ai retirée, sinon le bouquin aurait fait mille pages. Elle retrace ce qui est arrivé à Nathan Love avant la mort de sa femme.
Bon ben les questions sérieuses sont terminées.
Ah parce que c’était les questions sérieuses ? (Rire)
Alors, on va faire un « si j’étais ».
Si j’étais un livre ?
Je serais le premier tome de la trilogie des « Testaments » (« L’Ancien », « Le Nouveau » et « Le Dernier ») qui est celui qui se vend le mieux.
Si j’étais une loi ?
Je serais la loi de l’attraction.
Si j’étais Dieu ?
J’écrirais un livre moi-même.
Si j’étais le père Noël ?
Je chercherais la mère Noël.
Si j’étais une chanson ?
J’hésite entre-deux. « With or without you » de U2 et « Déjeuner en paix » de Stephane Eicher. Allons-y pour « Déjeuner en paix ».
Si j’étais un acteur ?
Brad Pitt. Parce qu’il est le mari d’Angelina Jolie.
Si j’étais une femme ?
Kathy Khan.
Si j’étais un continent ?
L’Asie.
Si j’étais une recette de cuisine ?
La Tom Yam Soup (soupe thaï épicée aux crevettes).
Si j’étais un coffre-fort, qui contiendrait quoi ?
Le testament de Jésus.
Si j’étais une porte, qui s’ouvrirait sur quoi ?
Sur une île déserte.
Si j’étais un groupe de rock ?
U2.
Un souvenir ?
La rencontre avec ma femme.
Si j’étais Nicolas Sarkozy ?
J’essaierais de faire du cinéma.
Si j’étais une Aïka ?
Je serais Serana Welles. Pour comprendre, il faut lire « La Dernière arme ».
Si j’étais un héros de films d’action ?
Jason Bourne.
Si j’étais un événement à changer dans le monde ?
Un événement à changer dans le monde ? Selon mes pouvoirs, je rayerais de l’histoire les attentats du World Trade Center, la naissance d’Hitler ou la mort de Marilyn Monroe.
Un événement dans ta vie ?
Un évènement à changer dans ma vie ? Si je changeais un truc, peut-être que je ne serai pas écrivain aujourd’hui. Donc je ne touche à rien. Tu te rappelles comment ça se passe dans « The butterfly effect » ?
Si tu étais une paire de chaussettes, elle couvrirait les pieds de qui ?
(rire) Question très pratique. Qui est-ce qui a besoin d’une paire de chaussettes ? Le pingouin dans « Madagascar » qui débarque sur la banquise et s’exclame « C’est nul ici ! ».
Si j’étais une blague ?
Ce serait une blague du genre : Céline Dion, Ophélie Winter et Cécilia Sarkozy sont dans un avion en feu et il n’y a qu’un seul parachute. Qui prend le parachute ? La réponse : on s’en fout.
Et si à la place de Cécilia Sarkozy on met Carla Sarkozy ?
Carla, c’est une Aïka. Donc, on ne s’en fout pas.
Si j’étais un alcool ?
Southern Comfort. Rien que l’odeur me rappelle ma jeunesse aux States quand je perfectionnais mon anglais en bossant chez MacDo et que je vidais des bouteilles de Southern Comfort pour jouer au cow-boy. Cet alcool, c’est ma madeleine de Proust à moi.
Si j’étais un attentat ?
Je serais la bombe placée sous la table à laquelle ont pris place Ben Laden et el-Zawahiri.
Si j’étais une gourmandise ?
Le chocolat noir.
Si j’étais une invention ?
Internet.
Si j’étais Jean Christophe Grangé ?
Je peaufinerais mes dénouements.
Si j’étais un tableau ?
« La crucifixion » du Tintoret. On peut le contempler à la Scuola Grande di San Rocco à Venise. La grosse claque ! Cinq mètres de haut, douze mètres de large. La première fois que je l’ai vu, je suis resté planté devant comme si je regardais un péplum en CinémaScope.
Si j’étais un complexe ?
Un complexe d’intériorité.
Si j’étais un paysage ?
Le grand Canyon.
Si j’étais un jeu d’enfant ?
Les cow-boys et les indiens. Mais où les indiens gagnent à la fin.
Un super héros ?
Batman, celui de Christopher Nolan.
Un médicament ?
L’opium.
Un être mythologique ?
Léviathan.
Une épitaphe ?
I’ll be back !
Vin rouge ou vin blanc ?
Coca.
Cauchemars ou rêves ?
Cauchemars.
Oreiller ou traversin ?
Oreiller.
Un grand regret ?
Le temps ne peut pas revenir. Je peux revenir ici, au Salon du Livre de Paris, mais maintenant ne pourra pas revenir. Le passé est une illusion et les mauvaises pensées sont chassées par zazen. Donc pas de regrets. Seulement se concentrer sur l’acte présent. En l’occurrence cet interview de malade !
Un écrivain qui t’impressionne ?
Stephen King.
Avec qui es-tu fâché dans le milieu littéraire ?
Je ne fréquente pas le milieu littéraire.
Le film que tu pourrais revoir mille fois ?
« Fight club » ou « Kiss kiss bang bang », selon l’humeur.
Star Wars ou Star Trek ?
Star Wars, quelle que soit l’humeur.
Playmobil ou Action Men ?
Action Men.
Jane Birkin ou Monica Bellucci ?
(rires) Monica Bellucci. C’est ma « Carla ».
Qui est-ce qui gagne dans un combat, Godzilla ou King Kong ?
King Kong. C’est le gentil.
Ta dernière indignation ?
Les policiers chinois qui tirent sur les moines tibétains.
Ton premier baiser ?
C’était avec Ingrid Bergman. Dans « Les enchaînés » d’Hitchcock. J’étais Cary Grant. Le baiser dure deux minutes trente.
La dernière fois que tu as enfreint la loi ?
La dernière fois que j’ai enfreint la loi c’était ici (au Salon du livre de Paris les mesures de sécurité sont assez restrictives NDLR). Ils n’avaient pas mon nom sur leur liste. J’ai été obligé de magouiller.
Ton doudou d’enfant ?
Un ours qui est devenu complètement grunge avec le temps.
À ton avis, qui a tué Kennedy ?
J’ai une théorie là-dessus que je suis en train de développer dans un thriller dont l’héroïne est Marilyn Monroe. Mais pour l’instant c’est aussi secret que les archives du FBI.
Jamais eu envie de coller une grande tarte dans la gueule à quelqu’un ?
Si, tous les jours. (Rire). Il suffit de sortir de chez soit ou d’allumer la télé. Un bon exercice pour travailler son zen.
Ton cri de guerre ?
Mon cri de guerre, c’est le cri du Viet Vo Dao : « Aïïïch !! ». Normalement, tu devrais être mort de peur, là…
Le milieu littéraire est formidable parce que…
Parce qu’il m’a décerné l’un des prix les plus prestigieux, celui du Grand Prix de la Littérature Policière.
Le milieu littéraire est insupportable parce que…
Parce que l’image prime sur les mots. Un paradoxe, non ?
Ben voila j’ai fait le tour. Je vous remercie, chef.
Alors docteur, c’est grave ? (rire)
Critique de "Léviatown"
Critique de "Couverture dangereuse"
Interviews antérieures de l’auteur ici et là
Cirtique "Evana 4" ici