Tu sais ce qu'il te dit, Môssieu Astérix ?
Enfin un livre de philosophie drôle, original et intelligent ! Impossible, direz-vous ?
Peut être est-ce parce que son sujet principal n’est pas vraiment l’homme et l’humain, mais le chien et la canicité, et pas n’importe laquelle : celle d’Idefix ! Autrement dit, "la canicité absolue" !
Ecoutons l’auteur :
"Idéfix seul, parfois Obélix, peut renifler. Il sent le monde en sa totalité et sa perception pousse le monde à se dévoiler tel qu’il n’apparaît pas : c’est la surprise de la découverte de quelque chose de caché et qui sent. Sa vision de monde - au propre comme au figuré - est toute ressentie ; elle est une vue des odeurs, une appropriation qui détermine l’action, pousse à choisir, s’embarque dans un ou des projets, dévoile infiniment davantage que ce qui est vu. (...) Fonction alors capitale du chien petit dans le récit, celle d’indiquer une réalité totale qui fait du phénomène une vérité à part entière. Etre Idéfix n’est ni plus ni moins que dire la vérité du phénomène, à la différence d’un Milou qui ne sent rien - ou très rarement, c’est pourquoi il parle ; sa fonction est morale, moralisante, trop humaine à mon sens -, ou d’un Rantanplan qui sent mal, ou de travers, à l’envers, et qui nie fondamentalement la vérité du phénomène. A proprement parler qui n’est pas un chien, dont l’être-chien n’est pas".
A travers Idéfix, on gobe beaucoup mieux Sartre et Heidegger, c’est certain. On y prend même goût. C’est que l’auteur n’est pas seulement philosophe, il est avant tout, et surtout, poète. La pensée chez lui n’est jamais aride, car toujours au service du rêve et de l’imagination. Ce livre petit, comme le "chien petit" de Goscigny, a été écrit avec un plaisir évident, une fantaisie joyeuse, et se lit dans le même esprit, en une bouchée.
A découvrir au plus vite !
Bruno Lavillatte, Tu sais ce qu’il te dit, Môssieu Astérix ?, InLibro Veritas
NDLR : ce livre est téléchargeable gratuitement en PDF à cette adresse