Ave Caesar Imperator

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Ce roman est le début d’une suite qui présente ce qu’aurait pu être l’histoire de l’Europe si Artus de Bretagne n’avait pas été tué et vaincu à Camlann. Jean-Pierre Laigle imagine la fondation d’une dynastie d’Artus successifs qui vont repousser les invasions germaniques (angles, saxons) et nordiques, puis conquérir des marches en Frise, Gaule, Armorique, Germanie, avant de reprendre Rome aux Lombards et de recréer l’empire romain. Ce roman nous raconte comment Artus VI se proclame imperator et envisage la reconquête de l’Occident et la destruction de l’empire que les Arabes sont en train de construire. Les images de cette reconquête gagneraient à être plus variées que des discussions de stratégie entre Artus, son fils, son neveu et quelques autres conseillers. Et un défaut majeur du recueil est la mauvaise gestion des explications en fin de livre sous forme de dictionnaire qui présente l’histoire alternée et des points de rappel avec la nôtre.µ

Deux erreurs graves dans ces compléments. Le premier est le fait que, alors que Artus VI est supposé avoir restauré le calendrier romain A.U.C. et que le roman rappelle à plusieurs reprises son opposition au clergé chrétien, les dates indiquées sont en calendrier chrétien. Le deuxième est la présence dans ces commentaires de biographies des différents Artus qui vont largement au-delà de la période du roman, puisque celle d’Artus VI cite sa mort et que suivent celles de ses successeurs _ Quand, comme moi, on a jeté un oeil sur ces compléments dès le premier problème de compréhension d’un terme et qu’on a alors lu certains articles qui n’auraient pas dû être là, toute la lecture du roman est affectée.

L’idée de base est intéressante. Elle demanderait, à mon avis, à être affinée car, quand on sait combien les vrais Latins étaient ennemis du progrès et défenseurs d’idées rétrogrades, l’idée que la renaissance de l’empire romain aurait pu accélérer le progrès technique paraît douteuse. Toutefois que cette renaissance soit le fait d’un « barbare » breton pourrait justifier un phénomène analogue à celui qu’a produit « notre » Renaissance, l’apparition d’un esprit qui mêle respect des traditions et volonté de modernisme.

La construction romanesque, elle, me semble encore fragile. J’ai indiqué combien les exposés de discussions tactiques sont excessifs. Ce livre me paraît plus un brouillon pour la mise au point d’une suite intéressante. J’attends donc les suites qui, si tout va bien, devraient être plus narratives et moins présentatives du cadre.

Ave Caesar Imperator de Jean-Pierre Laigle, Pyrémonde collection Uchronie, 2009, 149 p

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