Merveilleux voyage de Nils Holgersson (Le)

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Ce roman initiatique incontournable, véritable « road-movie » aérien au-dessus de la Suède du début du XXème siècle, est l’œuvre du prix Nobel de littérature pour l’année 1909, Selma Lagerlöf. Rédigé à la demande d’enseignants désireux de fournir à leurs élèves un panorama détaillé des diverses provinces suédoises - tant du point de vue de leur géographie que de leurs coutumes - « Le merveilleux voyage de Nils Holgersson » nous fait partager le quotidien d’un groupe d’oies sauvages, menées par Akka de Kebnekaïse, migrant vers le nord en destination du septentrion et de la Laponie.

Le lecteur, quant à lui, est invité à s’identifier au cheminement moral entrepris par le vilain garnement qu’est encore Nils Holgersson à l’orée du récit. Simple amateur de bêtises avant son périple, uniquement préoccupé par la possibilité de dormir ou de manger, il va, du fait des aventures qu’il sera amené à vivre, progressivement s’assagir. A tel point qu’il finira par se lier d’amitié avec les animaux qu’il accompagne d’abord un peu par hasard, lui qui ne faisait autrefois montre que de cruauté à leur égard. Tout au long de son voyage, il apprendra ainsi à se montrer généreux, à venir en aide à ses proches ou aux nécessiteux, à ne plus penser qu’à son seul bien-être.
Mais comment ce grand dadais un rien sadique en est-il venu à se joindre à un vol d’oies sauvages - jusqu’à conquérir leur confiance et leur amitié ? Tout simplement en cherchant à jouer un mauvais tour à un « tomte » (sorte de lutin issu des légendes scandinaves). Ce dernier, bien décidé à ne pas s’en laisser compter par un mauvais plaisantin de son acabit, jette un sort à Nils, qui se retrouve réduit à une taille identique à la sienne ! Quant l’idée vient à Martin, le jars de la basse-cour, de se joindre au groupe d’oies sauvages qui survole justement la ferme familiale, afin de leur prouver qu’il est aussi capable qu’elles de migrer sur de longues distances, Nils en oublie malencontreusement sa taille. Il se jette au cou du palmipède fugitif afin de le retenir… et se retrouve emporté en sa compagnie pour un fabuleux périple dans le ciel de Suède.

Tout au long de ce voyage, Nils, Martin et leurs compagnes vont devoir déjouer les machinations ourdies par Smirre, un renard fourbe bien décidé à se remplir l’estomac de la chair des oiseaux placés sous la protection d’Akka. Nils, après bien des efforts, parviendra cependant in fine à débarrasser le groupe de ce danger permanent, en bénéficiant de l’aide bienvenue d’un chien qui ne l’aurait jamais attrapé seul. Il éliminera également, chemin faisant, la menace que faisait peser sur les habitants d’un vieux château une population de rats gris venus de l’étranger ( !), à la manière du joueur de flûte de Lublin. Il contribuera aussi au prompt rétablissement de Douce-Plume, un beau volatile qui deviendra la compagne de Martin. Il aidera enfin Asa, la pauvre jeune fille dont la famille entière a été décimée par la tuberculose, à retrouver la trace de son père, retiré du monde.

Les aventures de Nils et de ses amis ne se limitent pas aux quelques exemples énumérés ci-dessus, mais il serait trop fastidieux de tous les lister. Disons simplement, pour résumer, que l’apprentissage accéléré auquel est soumis le jeune Suédois au contact du vaste monde entraîne un mûrissement indéniable de sa personnalité qui le transfigure littéralement.

Le récit de Selma Lagerlöf possède encore, et ce plus de cent ans après sa rédaction, un vrai pouvoir d’enchantement. Il faut dire que les thèmes qu’il aborde – le passage à l’âge adulte, la camaraderie, la mort, le désir de voir du pays – sont intemporels. Ces questions sont tout autant d’actualité aujourd’hui qu’elles l’étaient au moment où l’auteur les a couchées sur le papier. On ne saurait par conséquent trop conseiller aux jeunes – et aux moins jeunes ! – de se plonger dans la lecture de ce roman dépaysant au possible, qui nous inculque, l’air de rien, plusieurs leçons de savoir-vivre dont l’importance ne saurait être démentie.

Selma Lagerlöf, Le merveilleux voyage de Nils Holgersson, traduit du suédois par Marc de Gouvernain et Lena Grumbach, 311 p., Le Livre de Poche

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