Meta Muta

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 


Dès la première page, Lino se prend une balle dans la tête. Mais il survit et s’enfuit avec son ami Vinz, sur la Freeway. Dans sa course folle, leur bagnole dérape, trois tonneaux, un camion. Blam ! Vinz meurt sur le coup.

« Vinz, mon pote. T’es mort ? Mais tu peux pas. Pas à moi ! » hurle Lino.

Cette bd est complétement barrée. Faisant le yoyo entre passé et présent, l’auteur nous entraîne à travers les méandres d’un cerveau dérangé, celui de Lino, le héros du MutaFukaz – A ce propos, j’attends le tome 3 Monsieur Run ! Pleeease !

Revenons à nos moutons. Une sacrée prairie que nous avons là. D’abord, les Machos, ces créatures extra-terrestres qui menacent le monde et flinguent toute menace potentielle. Parmi les menaces, je demande la Mère de Lino. Une femme enceinte, Angela, dont le ventre dodu risque d’être transpercé par une balle de 44 magnum. Mais c’est sans compter les réflexes de la Miss. Armée de grenades et protégée par un chien furieux, elle se débarrasse aisément des Machos. Une seconde plus tard, c’est bébé qui pousse. Angela monte dans un taxi, direction l’hôpital. Elle accouche sur le chemin.

Voulez encore du ouf ? Je vous appelle Luna. Lino la retrouve dans un supermarché. C’est l’amour vache entre les deux, celui qui se love à coup de guns. Une love story à la Bonnie and Clide dont le final vous laissera sans voix.

Alors que dire de cette bd ? C’est un pur bijou de folie et de délire. L’auteur nous offre une narration très rythmée, taillée au couteau. Je sens bien le fan de John Woo et des films de Tarantino. Chaque héros débarque comme un cheveu dans la soupe, sans trop avoir de lien les uns avec les autres. Puis un lieu, une scène les rattache cash. Le plus ouf à mon goût se veut la technique d’enchaînement des scènes. On vit intensément chaque moment. Placé direct dans le feu de l’action, on vous présente des personnages, une situation, quelques échanges, puis la scène terminée, surgit une coupure nette dans l’histoire. Une giclée de sang qui envahit la page. On se réveille quelque temps plus tard. Autre lieu, autre temps, avec d’autres gens, de manière très brutale. C’est comme si vous vous évanouissiez à chaque transition de scène.

Cette technique a le mérite d’être déroutante et ennivrante. « Pulp Fiction », vous voyez ? Sauf qu’ici on ne décide pas de mettre la fin au début, ni le milieu à la fin et vice. Non. Le flash-back est le chef d’orchestre, occillant, imperturbable, entre passé et présent pour mieux nous balancer son uppercut in your face.

Enfin, comme vous pouvez le lire, cette bd, j’ai adoré, elle m’a désarçonné et le p’tit gars qui l’a réalisée, j’espère bien qu’il va nous en pondre d’autres, d’ici peu. Et pas que pour le scènar ou son dessin. Y’a le côté expérimental aussi. L’auteur n’hésite pas à opérer des collages sauvages, placer des photos là où ne les attend pas. Il vire facilement du croquis à l’encrage chargé, de l’effet vidéo à la pause très graphique.

Cette bd est l’œuvre d’un dadaïste des temps modernes.

Titre : Meta Muta

Scénario et dessins : LABSOLU Jérémie, d’après une idée originale de RUN.

Editeur : Ankama éditions

Nbre de pages : Y’en a trop, j’ai pas compté, tellement que c’était jouissif !

Parution : mai 2009

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