Killdozer

Auteur / Scénariste: 
Traducteur: 

Ça commence comme un rappel du passé, l’existence d’une civilisation éteinte, ses errements, la découverte d’une arme suprême. Une sorte d’énergie pure douée de conscience qui finit dans une gangue de protection, neutralisée  pour des siècles. Lorsque l’histoire commence, elle est censée se dérouler des milliers d’années plus tard sur une île où cette force a été enterrée. Sur place, une équipe de travaux public, emmenée par Tom Jaeger, est chargée de construire une future piste d’atterrissage. Ils ne sont qu’une poignée et manœuvrent les engins de chantier à leur disposition. Parmi eux, un bulldozer, surnommé Daisy Etta, déformation de son nom D7. Lorsque le bulldozer éventre par hasard le sarcophage où se tenait la force, celle-ci prend le contrôle de la machine et la retourne contre ses utilisateurs pour tenter de les tuer. Et les ouvriers n’ont que peu de moyens de se défendre.

Ce très court roman de SF écrit par Théodore Sturgeon et publié en 1944 préfigure certaines œuvres ultérieures, on pense bien sûr à Christine de Stephen King, mais aussi aux machines de Skynet dans Terminator. Ce n’est finalement pas un hasard lorsque l’on sait la place qu’occupe l’auteur au panthéon des grands écrivains fantastiques. Étonnamment construit, le récit fait la part belle à la description des différents engins de chantier et de leurs spécificités techniques, comme si l’auteur se livrait avant tout à un catalogue descriptif. N’est-ce pas aussi à double sens? Si puissantes sont elles, elles ne résistent pas longtemps à l’assaut du bulldozer, une façon peut-être pour l’auteur de nous faire comprendre la vacuité de certaines inventions humaines. Si l’on se remémore le contexte historique, 1944 date de la publication, et donc une écriture sans doute quelques années plus tôt, on pourrait y voir comme une allégorie du conflit mondial. D’ailleurs, les premières lignes sont éloquentes puisque Sturgeon y parle de batailles gigantesques. Et Tom Jaeger, le chef de chantier, devra faire face à la fois à l’hostilité de certains de ses compagnons qui le rendent responsable, mais aussi à une entité qu’il ne comprendra pas jusqu’au bout.

De ce roman sera tiré en 1974 un téléfilm, Killdozer !, une sorte de nanar fabuleux digne de figurer dans les notules lunaires de San Helving dans Mad Movies. Le personnage de Jaeger disparait, remplacé par Lloyd Kelly (interpréter par Clint « Cheyenne » Walker), l’entité énergétique enterrée sur une ile de l’archipel des Revillagigedo au large du Mexique devient une météorite qui s'écrase en Afrique. Pour le reste, le développement est assez fidèle, mais je vous conseille bien évidemment le roman de Sturgeon, le téléfilm étant un véritable remède à l’insomnie.

Je remercie les éditions Mémos pour leur confiance

Théodore Sturgeon - Killdozer - Editions Mnémos - sept 2020, 6,90 €

Type: