Kick-Ass
Des justiciers dans la ville
Les quatre fantastiques
Dave Lizewski est un lycéen new-yorkais comme tant d’autres. Fan de comics depuis sa plus tendre enfance, il rêve de devenir un super-héros. Un jour, il décide de vivre pleinement sa passion en se confectionnant un costume de fortune qu’il se met à porter sous ses vêtements. Il commence un fastidieux entraînement et arpente les rues de la ville pendant la nuit dans le but de combattre le crime. Sa 1ère intervention en tant que super-héros échoue lamentablement car ses adversaires le poignardent dans l’estomac puis le rouent de coups avant de le pousser sous une voiture. Avant que les secours n’arrivent, Dave a juste le temps de cacher son costume. Ne possédant malheureusement pour lui aucun super pouvoir, cet échec cuisant lui vaut de passer un certain temps à l’hôpital, de suivre une éprouvante rééducation et de subir plusieurs opérations.
Il en ressort avec des plaques de métal dans le dos, ce qui, combiné à ses terminaisons nerveuses endommagées, diminue sensiblement sa capacité à souffrir. Malgré ce douloureux épisode, cela ne le décourage nullement. Une fois remis sur pied, il enfile de nouveau son costume de justicier masqué et repart jouer les bons samaritains sur le terrain où il finit par sauver quelqu’un d’une agression grâce à un heureux concours de circonstances.
Son acte de bravoure ayant été, par hasard, filmé par un témoin avec son téléphone portable puis mis en ligne sur Internet, Dave ne tarde pas à devenir à son insu une célébrité en seulement quelques heures. Cette soudaine et rapide notoriété lui donne alors l’idée de se créer un compte sur MySpace, sous le pseudonyme de “Kick-Ass”, afin que les gens puissent le contacter pour lui demander son aide, le cas échéant. Répondant à un message de détresse, il tombe dans un piège tendu par une bande d’abrutis qui tentent de le tuer. C’est alors que surgit de nulle part une gamine costumée et armée, qui lui sauve la vie en massacrant ses agresseurs sans aucun état d’âme. Kick-Ass prend alors conscience que ses récents exploits diffusés sur Internet ont fait des émules. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Hit Girl et de son père Big Daddy puis du mystérieux Red Mist. Kick-Ass va finir par s’associer à ces autres délirants justiciers masqués pour combattre, au péril de leur vie, la pègre locale dirigée d’une poigne de fer par Frank D’Amico.
Désireux de suivre l’exemple donné par tous les super-héros de comics dont il est fan, Dave, agissant en tant que justicier masqué connu sous le pseudo de Kick-Ass, s’implique à 100 % dans sa nouvelle vocation. Il est prêt à en découdre avec tous les bad boys de la ville sans jamais reculer avec l’énergie du désespoir et découvre, par la même occasion, toute l’horreur engendrée par l’application d’une justice expéditive (meurtres sanguinolants et tortures sont ici présents).
Vengeance aux deux visages
Damon Macready est une sorte de “vigilante” survivaliste qui a passé des années à ruminer des plans de vengeance contre celui qui a fait de sa vie un véritable cauchemar. Il élève seul sa fille Mindy selon des principes bien peu conventionnels et l’entraîne à la dure (façon boot camp) depuis son plus jeune âge comme un brave petit soldat mais en version ninja. Alors qu’elle n’a que 11 ans, Mindy est déjà une véritable experte en armes en tout genre (katana, shuriken, couteau papillon, armes à feu) ainsi qu’en arts martiaux. Elle n’a peur de rien et a aussi la langue bien pendue. Tous deux partagent un drôle de secret : quand ils ne sont pas en train de se préparer un chocolat chaud avec des marshmallows, ils combattent le crime sous les identités respectives de Big Daddy et de Hit Girl, deux justiciers masqués surentraînés et lourdement armés qui n’hésitent pas à s’attaquer au gang de Mark D’Amico, un gros baron de la drogue qui règne sur New-York faisant ici office du méchant de service. Cet homme froid et calculateur, qui tue sans vergogne par pure nécessité professionnelle, croit que c’est Kick-Ass qui est l’auteur des attaques répétées contre ses sbires et le croit responsable de l’échec de ses dernières opérations ainsi que du chaos dans lequel est plongée, depuis peu, toute son organisation. Le tandem formé par Big Daddy et Hit Girl est une sorte de Batman (d’autant plus que Nicolas Cage interprète ici son rôle à la façon d’Adam West) et Robin mais en version déjantée et complètement destroy.
De son côté, Red Mist (identité de justicier masqué sous laquelle se cache Chris D’Amico, le fils du Parrain), va se rapprocher de Kick-Ass pour des motifs qui se révéleront très sombres. En réalité, ce gosse de riche, lui aussi fan de comics, cherche par tous les moyens à gagner l’affection de son père alors que ce dernier désespère de voir son fils reprendre un jour l’affaire familiale car il n’en a apparemment ni la carrure ni la poigne nécessaires. Comme il en a financièrement les moyens, Red Mist a pu s’offrir toute la panoplie du super-héros même s’il n’en a pas les super pouvoirs : un super costume flashy fait sur mesure, qui par contraste fait ressembler celui de Kick-Ass à une combinaison de plongée achetée sur Internet (ce qu’il est d’ailleurs le cas) et surtout la Mistmobile, une rutilante Ford Mustang rouge gonflée à bloc et dotée de quelques gadgets performants, au volant de laquelle il sillonne les rues de New-York la nuit venue.
Sang chaud pour meurtre de sang-froid
Kick-Ass part du principe qu’un jour un ado, tout ce qu’il y a de plus banal (ni beau, ni laid, ni fort, ni faible, plutôt timide et qui travaille moyennement bien au lycée) et qui incarne la normalité du commun des mortels, se demande pourquoi dans le monde personne n’a encore jamais tenté de devenir un super-héros, à l’instar d’un Bruce Wayne (alias Batman) ou d’un Tony Stark (alias Iron Man) qui sont tous deux aidés par le matériel sophistiqué qu’ils ont eux-mêmes conçu afin de compenser le fait qu’ils ne possèdent justement aucun super pouvoir. Il décide alors de tenter l’expérience et de se lancer dans l’aventure avec toute l’inconscience qui caractérise l’adolescence et en n’ayant aucune idée de la galère dans laquelle il ne va pas tarder à se retrouver. Pour concrétiser son rêve de toujours, il est prêt à tout encaisser (les coups et blessures, les échecs et les humiliations). Si le fil conducteur de l’intrigue est très basique, les motivations du quatuor de justiciers masqués qui font ici alliance pour combattre le crime, sont au contraire complexes.
Kick-Ass est un projet très atypique pour bien des raisons car si, à l’origine, on a effectivement bien affaire à un comic book de l’écurie Marvel, il ne s’agit pourtant pas là de la simple adaptation à l’écran d’un personnage existant depuis de longues années puisque le film ET le comic book ont été développés en même temps. Le quatuor, formé d’une part par Mark Millar - John S. Romita Jr (qui a aussi dessiné la séquence animée du film expliquant les origines de Big Daddy et de Hit Girl) pour le comic book originel et d’autre part par Matthew Vaughn (réalisateur, producteur et scénariste) - Jane Goldman (scénariste et coproductrice), a travaillé d’un commun accord et simultanément sur les deux supports même si certains éléments du scénario (comme l’histoire personnelle de Big Daddy ou le moment culminant du film qui est ici bien plus explosif) divergent de ceux des différents tomes du comic book. Par ailleurs, si les situations dans lesquelles se retrouvent les principaux protagonistes sont complètement déjantées et les combats volontairement poussés à l’extrême (bien trop pour être crédibles), tout se déroule de nos jours à New-York et non pas dans une ville imaginaire (comme Métropolis ou Gotham City), histoire d’ancrer l’intrigue dans la réalité quotidienne du spectateur/fan de comics afin de lui permettre une plus grande identification aux principaux protagonistes.
Avec ses multiples références aux films de superhéros (Spider-Man, Batman, Superman) mais avec un traitement qui rappelle celui des films de vigilantes des seventies (comme Un Justicier Dans La Ville et ses suites ou la saga des Inspecteur Harry), ce comic book movie détone (au sens propre comme au sens figuré) tant dans le fond, avec l’aspect subversif et immoral de son propos, que dans la forme, avec une grande diversité dans la mise en scène car chaque séquence d’action a été tournée différemment afin de la rendre unique (dont une spectaculaire fusillade éclairée au stroboscope prenant des allures de jeu vidéo) ainsi que l’utilisation de codes couleurs (souvent flashy proches de la culture manga). Pastichant la culture geek, Kick-Ass passe alternativement de la comédie ado complètement déjantée au drame familial, le tout entrecoupé de délirantes scènes de castagne dignes d’un pur action movie.
Si le film est assez lent à vraiment démarrer, la 2ème partie enchaîne à un rythme effréné des scènes de combat toutes plus délirantes et outrancières dans la violence (souvent purement gratuite), les unes que les autres. Hit Girl fait ici figure, à elle toute seule, “d’arme de destruction massive” grâce à son arsenal lourd et varié, car elle massacre à tour de bras tout ce qui bouge avec une attitude provocatrice et insolente ce qui donne à Kick-Ass des allures de Kill Bill à la sauce comics (Hit Girl incarnant ici la “mariée” mais en version “fillette”). Malgré l’humour potache et déjanté de certaines scènes absolument surréalistes, l’ensemble du film n’a, en réalité, rien d’une simple parodie de genre (Mystery Men, Super-Héros Movie) et son aspect volontairement très 1er degré le rend, du coup, particulièrement dérangeant, du fait de l’âge de Hit Girl, et ce d’autant plus que l’interprétation qu’en fait la jeune (mais non moins talentueuse) Chloë Grace Moretz est époustouflante.
Kick-Ass
Réalisation : Matthew Vaughn
Avec : Nicolas Cage, Aaron Johnson, Christopher Mintz-Plasse, Mark Strong, Chloe Grace Moretz, Clark Duke, Lyndsy Fonseca, Evan Peters
Sortie le 21 avril 2010
Durée : 1 h 45