Au clair de lune

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Bienvenue dans le monde merveilleux des nanotechnologies, des savants fous amateurs d’injections forcées, des tueurs maniaques obsédés par les objets contondants en tous genres et autres joyeusetés caractéristiques de notre « âge du terrorisme » !

Tout commence pourtant tranquillement pour Dylan O’Conner, peintre de son état, et son frère Shepherd, jeune autiste sur lequel il veille en permanence. Tandis que le duo s’apprête à passer une nuit tranquille dans le motel d’Arizona où ils se sont arrêtés, autour d’un festin acheté au « fast-food » du coin, un mystérieux individu surgit soudain dans leur vie. Après avoir maîtrisé Dylan (Shepherd n’a pas vraiment de prise sur la réalité), il l’assomme et le ficelle à une chaise. Il leur injecte alors une substance qui va provoquer en eux bien des changements. Dans la foulée, il répète la même procédure sur Jillian Jackson, une comique professionnelle dormant dans une chambre voisine, qui a eu le malheur elle aussi de croiser le chemin de cet infâme médecin.

Les deux frères et la jeune femme vont alors devoir s’enfuir à tombeau ouvert. Un groupe d’homme patibulaires - type « men in black » - est en effet lancé à leurs trousses. Ces « professionnels » (criminels ? agents gouvernementaux ? hommes de main ?) désirent s’emparer du produit qui coule dans leurs veines, quel qu’en soit le prix. Il faut dire qu’ils ne sont pas les premiers cobayes du médecin fou. Et que ses expériences ont jusqu’ici abouti à des résultats pour le moins déplaisants…

Les premiers symptômes de leur métamorphose ne se font guère attendre.

Dylan constate qu’en touchant les êtres, ou les surfaces sur lesquelles leurs mains se sont posées, il a la possibilité de « voir » leur avenir. Quand il découvre le danger qui pèse sur un individu, une compulsion irrépressible le force à lui venir en aide. Sans vraiment comprendre ce qui lui arrive, il effectue ainsi un demi-tour à pleine vitesse sur une autoroute pour voler au secours de la vendeuse qui lui a remis ses hamburgers, plus tôt dans la soirée. Quelqu’un est en effet sur le point, à plusieurs kilomètres de distance, de la trucider. Il doit par conséquent s’interposer...

Jillian, pour ce qui la concerne, se voit également dotée d’un don de prescience. Mais les images qui lui parviennent du futur, d’une précision stupéfiante, ne résultent pas d’un contact. Il lui est donc souvent difficile de les replacer dans leur contexte, de déterminer à quel moment les faits visualisés surviendront. La tuerie devant se dérouler dans une église (à la « Kill Bill ») qu’elle découvre en vision ne croisera son chemin qu’à la toute fin du récit.

Shepherd, enfin, devient soudain capable de replier l’espace-temps. Il effectue ainsi, en compagnie de son frère et de Jillian, des « bonds » qui les projettent en divers endroits du pays (et jusqu’au Pôle Nord !), au gré des envies de l’autiste. Ces déplacements instantanés leur permettent d’échapper à plusieurs reprises à leurs poursuivants. Ils effectueront même un bond dans le passé. Ils seront alors témoins d’une scène traumatisante qui les aidera à mieux comprendre ce qui leur arrive.

Les questions des trois fugitifs relatives à leur sort vont trouver une amorce de réponse lors d’une simple recherche sur Internet. Les « super-pouvoirs » dont ils bénéficient soudain sont le produit de nano-robots à l’œuvre dans leurs cerveaux. Des robots miniatures qui modifient leurs connexions neuronales jusqu’à produire des effets… imprévus, dignes d’un commando tout droit sorti d’un « comic ».

Mélange de thriller et de science-fiction, « Au clair de lune » fait penser au premier abord à des films tels que « X-Men » ou « Incassable ». Les personnages ici dépeints sont en effet on-ne-peut-plus ordinaires à l’origine. Quand ils se métamorphosent en super héros, ils ne sont pas vraiment certains de bien comprendre ce qui leur arrive. Les responsabilités affluent soudain, flanquées de leur lot de questionnements d’ordre moral. Koontz s’empêtre d’ailleurs un peu trop longuement dans de pesantes digressions sur le Bien et le Mal, l’Amérique et le terrorisme, la méchanceté et la bonté. Le caractère un rien réactionnaire de certains de ces propos - il se déclare semi-libertaire en général et conservateur en matière de défense du territoire - fleure bon le soutien à une certaine croisade contre l’Axe du Mal. Sa description d’un trio de terroristes (forcément barbus) parés à commettre un massacre lors d’un mariage instaure le malaise. Quant aux digressions multiples sur Dieu et notre place dans son schéma pour le monde, l’omniprésence du Mal et la personnalité des psychopathes, elles n’engagent que lui.

En dépit de ces remarques, le roman, extrêmement ramassé dans le temps (grosso modo une journée), fait montre d’un savoir faire évident. Ecrit dans une langue simple et percutante, il témoigne d’un réel sens du suspense. Koontz n’a pas la même aisance que Stephen King pour créer des personnages et des situations avec lesquels on entre en résonance. Il parvient cependant à nous intéresser suffisamment à la cavale de ce trio improbable pour nous tenir en haleine jusqu’à la dernière page du livre.

Au clair de lune, Dean Koontz, Le Livre de Poche, 538 p.

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Commentaires

dean koontz c’est dean koontz et stephen king c’est stephen king !!! selon moi en tout cas ! et j’ai du mal à comprendre comment il est possible de comparer deux auteurs aux univers respectifs si differents ! alors oui, on pourra dire que tout deux evoluent dans le meme esprit, noir et fantastique. dans la forme, oui ! mais franchement ! dans le fond, leur façon de raconter, l’atmosphere qui ressort de leurs recits sont radicalement differentes ! non ? les romans de king se veulent plus realistes, moins incongrus, plus serieux, plus credible ! de son cote, koontz est plus fantasque, plus original, plus drole aussi ; la noirceur qui emane de ses recits est traitee avec humour et cynisme. le monde dans lequel il nous emmene est completement irreel ne serait ce que de part les personnages qui le peuplent ! pour moi, ces deux auteurs ne poursuivent pas du tout les memes buts et, par la meme, il me semble impossible de dire de l’un qu’il est meilleur que l’autre ! ils sont tout simplement differents, leur façon de raconter est differente et les sentiments, les impressions qu’ils veulent faire naitre chez le lecteur sont differents ! apres, les gouts et les couleurs.... enfin voila, pour toutes ces raisons ce comparatif qui a été fait par monsieur Franck Boulègue, ça me derange un peu ! personnellement je ne trouve pas ça tres objectif ! biensur c’est mon avis et il n’engage que moi !