Yeux du Dragon (Les)

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Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, je vous souhaite la bienvenue dans un monde sans pitié où l’appât du gain est définitivement devenu l’objectif numéro un. Bon allez, je charge un peu dans le genre "tous pourris" et "money rules the world, so fuck the money !" mais bon, faut avouer que la sortie quasi simultanée des "Yeux du Dragon" dans deux collections différentes (l’une destinée aux gosses, l’autre connue des adultes) fait furieusement penser à l’exploitation sans vergogne aucune du phénomène King. Vous me direz : "Oui, mais, « Les Yeux du Dragon » est à la fois une chouette histoire pour enfants et un joli récit de fantasy pour adultes, alors bon, si monsieur Pocket sort une seule version du roman, une partie du public risque de rater le coche". O.K... Mais n’essayez pas de me faire croire que c’est par altruisme que ce genre d’opération se met en place… D’autant plus que dans une collection comme dans l’autre, il risque d’y avoir des déçus. Mais pour que vous compreniez cela, il faut que je vous parle du livre lui-même et que j’arrête de vomir sur le capitalisme triomphant et les plans marketing foireux. Voilà, voilà, j’y arrive.

Au départ, "Les Yeux du Dragon" n’aurait jamais dû sortir des tiroirs de Stephen King. Il s’agissait avant tout d’une histoire écrite pour ses enfants. Un moyen comme un autre de rogner sur le budget bouquins de sa progéniture, si vous voulez. Mais dès qu’un éditeur eut vent de l’existence de cette histoire, il fit des pieds et des mains pour que King l’autorise à la publier sous forme très luxueuse, en édition limitée, avec encre colorée et tout et tout. Résultat des courses, le bouquin de luxe s’est vendu comme des petits pains et le grand public a fait la gueule. D’où l’idée de faire paraître "Les Yeux du Dragons" en format de poche. Aux États-Unis, s’entend. Cela, c’était en… attendez que je compulse mes fiches… 1987 ! Il a donc fallu pas moins de onze ans pour que "Les Yeux Du Dragon" apparaisse sur les étagères de nos librairies. Pourquoi ? Euh… Vous ne voulez pas que je reparte, épée à la main, à la chasse aux capitalistes ? Vous voulez vraiment lire quelques mots à propos du contenu de ce livre ? Bon alors, je vais essayer de faire court : marketing. Voilà. C’est court, ça. C’est bien. Et puis c’est sobre.

Alors, revenons à nos moutons : "Les Yeux du Dragon", c’est quoi ? Eh bien c’est une histoire de fantasy, un conte pareil à ceux de notre enfance. Avec un roi qui finit empoisonné, un héritier légitime qui finit dans les geôles royales, un méchant magicien qui finit par perdre, et un dragon. Oui, parce que, sans dragon, pas d’yeux et sans yeux, pas de titre. Logique. Ce qui est logique aussi, c’est que ce livre ne se classe sans doute pas parmi les meilleures histoires de fantasy, ni même parmi les meilleurs romans de King. Parce que si tout cela est raconté avec la vivacité et le sens du détail que les lecteurs aiment retrouver chez le maître de Bangor, au rayon originalité, il faudra repasser. Peu de surprises, pas de personnages renversants (le GRAND méchant n’est autre qu’un certain Flagg… l’ultra méchant du Fléau) et une histoire linéaire au possible. Reste que la version Pocket Junior (dont le texte, je le rappelle, est identique à celui de la version "Terreur") est superbement illustrée et qu’elle baigne donc dans une ambiance "conte" plus prononcée. Bref, le fana de King ne voudra pas passer à côté, les jeunes qui le découvrent par là comprendront rapidement qu’il n’a pas fait que ça, et le lecteur estival qui adore King pour ses briques fantastiques trempées dans un bain de quotidien devront impérativement se rabattre sur "Insomnie".

Stephen King, Les Yeux Du Dragon, Pocket Terreur et Pocket Jeunesse

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