Une fille comme les autres
Les éditions Bragelonne jusqu’à présent spécialisées dans la fantasy, avaient déjà depuis quelques temps enrichi leur catalogue d’une collection de SF comportant toute une nouvelle génération d’auteurs de ce genre.
Et depuis la rentrée 2006, elles ont aussi développé une nouvelle collection, « L’Ombre » , qui explore les sombres chemins du fantastique et de l’horreur.
C’est dans cette dernière que paraît Une Fille Comme les Autres de Jack Ketchum.
Cet ouvrage, paru en 1989 aux Etats-Unis et inspiré d’un fait divers réel, est une vraie bombe dans la production habituelle de ce genre.
En effet, aucun élément ésotérique ou magique, propre à la littérature fantastique ou horrifique ne figure dans ce roman. Au delà des actes décrits, l’horreur qui y est générée l’est aussi au travers du réalisme de l’écriture, de la psychologie des personnages, de la violence du témoignage et de l’ambivalence du narrateur.
Parce que dans un style fictionnaire, cet ouvrage a pu trouvé sa place au sein d’un genre souvent réprouvé. Pourtant, de part son sujet, il pourrait tout aussi bien côtoyer les meilleurs témoignages des rayonnages sociologiques.
La maltraitance sur enfant, la folie, la violence enfantine, les fantasmes, la lâcheté, le bien et le mal, la frustration, la soumission, le sadisme, la pitié, la haine sont autant de thèmes et d’émotions abordés. Les scènes insoutenables décrites ne sont, malgré tout, rien en comparaison de celles qui nous sont épargnées mais qui exacerbent notre imagination.
Rares sont les romans qui entretiennent à la fois notre niveau d’adrénaline et notre répulsion devant autant de cruauté. Les paradoxes émotionnels que nous décrit le narrateur sont autant de malaises pour le lecteur qui recherche à s’identifier au travers de ces personnages constamment au bord de la rupture.
Un livre choc, donc, dont on ne se remet pas facilement et qui devrait faire couler beaucoup d’encre.
Une Fille comme les autres, Jack Ketchum, Traduction : Benoit Domis, Illustration : Royalty-Free/Corbis, 362 p., Bragelonne, Collection L’Ombre