Joshua

Réalisateur: 

Confessions d’un enfant dangereux



Abby’s baby

Dans leur appartement résidentiel de l’Upper East Side, Brad et Abby Cairn fêtent la naissance de leur 2ème enfant, Lily, mais leur fils aîné Joshua, n’apprécie guère cet “heureux événement”. Bien qu’âgé de 9 ans, Joshua est un enfant très mature pour son âge et doté d’une intelligence très nettement supérieure à la moyenne. Encouragé par son oncle Ned, Joshua est aussi un jeune pianiste virtuose. Toujours impeccablement habillé, son extrême politesse et son imperturbable calme permanent dénotent fortement avec son jeune âge et le tiennent à l’écart de ses camarades d’école. L’arrivée de Lily va irrémédiablement bouleverser la petite vie jusque-là tranquille et (apparemment) heureuse de la famille Cairn.


Entre les pleurs incessants de Lily et les bruyants travaux de rénovation de l’appartement situé à l’étage du dessus, Abby n’en peut plus, elle a les nerfs à vif et s’enfonce, de plus en plus, dans une dépression postnatale. En outre, elle est l’unique témoin d’étranges évènements qui se produisent dans leur appartement et fait d’horribles cauchemars presque toutes les nuits. De son côté, Brad ne sait vraiment plus quoi faire (engager une baby-sitter ou faire appel à sa mère pour aider sa femme dans ses tâches domestiques), ni quoi penser du comportement irrationnel de sa femme et, du coup, sa vie de couple ainsi que son travail s’en ressentent fortement. Abby est-elle simplement en train de sombrer dans la folie ou la famille Cairn est-elle réellement victime d’un esprit machiavélique : celui de Joshua ?

Maléfique

Depuis la naissance de sa sœur, Joshua prend rapidement conscience qu’il n’est plus le centre du monde de sa famille. Désormais, tout le monde s’extasie devant le bébé. Sa mère s’inquiète en permanence du bien-être de Lily et ne s’occupe plus vraiment de lui. Sa grand-mère ne cesse de vouloir s’occuper de l’éducation de sa petite-fille. Quant à son père, bien trop occupé par son job, il n’accorde plus guère d’attention à son fils. Joshua est bien décidé à faire en sorte que les choses reprennent le cours normal de leur vie et, pour cela, il est prêt à employer tous les moyens.


La naissance de sa sœur est, en fait, l’élément déclencheur qui va provoquer la déliquescence de cette famille idéale américaine. On passe alors de l’image de la famille riche et heureuse pour basculer dans un climat anxiogène où règnent paranoïa, machiavélisme et obsession morbide. Quant à Joshua, le gamin angélique à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession, il s’avère en réalité être de la graine de futur serial killer manipulateur et machiavélique. Dans ce conte horrifique de la folie ordinaire, le jeune antihéros semble, du moins en apparence, froid et sans émotion alors qu’au fond de lui-même il éprouve de l’animosité et de la rancœur à l’encontre de ses parents qui le délaissent au profit de sa sœur. Intimement persuadé que ses parents ne l’aiment plus - ce qui est faux-, Joshua est prêt à tout (même au pire) pour reconquérir leur amour perdu. Pour cela, il commence par tout faire pour attirer l’attention de ses parents (comme lors de sa prestation au piano volontairement ratée lors de la fête de son école) mais cela ne marche pas car ses parents sont bien trop préoccupés par leurs problèmes d’adultes pour comprendre le message que leur fils a tenté de leur envoyer. Joshua décide alors de changer de méthodes pour arriver à ses fins et va jusqu’à subtilement faire accuser son père de maltraitance à son égard.

Un crime dans la tête

Joshua est un mélange de thriller psychologique à tendance paranoïaque (dans la veine des films de Polanski)
et de drame familial se déroulant dans un climat d’angoisse grandissante mais l’horreur n’est que purement et exclusivement psychologique car il n’y a ici, en réalité, ni scènes de torture, ni bain de sang et encore moins d’effets spéciaux spectaculaires. On est juste plongé dans le réalisme cru du quotidien d’un couple banal dont la vie, jusque-là heureuse, bascule progressivement en plein cauchemar en raison des troubles comportementaux de leur fils certes surdoué mais surtout particulièrement perturbé (pour exemple : sa fascination obsessionnelle pour les rites funéraires égyptiens d’embaumement qu’il reproduit sur son panda en peluche ou encore les mystérieuses disparitions des animaux à son école, de son hamster et du chien de la famille).

Le film est très long à démarrer et certaines séquences trop répétitives (Joshua joue du piano, le bébé pleure) nous semblent interminables et cela en devient carrément exaspérant à la longue. Par ailleurs, on a droit, une fois encore, à des séquences entières traitant de la bigoterie outrancière des Américains lors de chacune des interventions d’Hazel, la mère de Brad (évangéliste dans l’âme et fervente adepte du prosélytisme),
et c’est à la limite du supportable. Quant à la justification des actes commis par l’enfant “monstre”, dévoilée lors de la séquence finale, elle s’avère être non seulement des plus banales mais surtout très peu crédible. Cette motivation n’ayant absolument rien de surnaturelle ou de fantastique, le spectateur reste sur sa faim. Au final, il ne se passe pas grand chose car même si George Ratliff instaure incontestablement un réel climat de tension et parfois même de malaise au travers de sa mise en scène et de la photo (désaturation progressive des images tout au long du déroulement de l’intrigue), tout est sciemment édulcoré et cela n’a donc rien de terrifiant. Reste alors la prestation particulièrement convaincante des acteurs.

Joshua

Réalisation : George Ratliff

Avec : Sam Rockwell, Vera Farmiga, Celia Weston, Dallas Roberts, Michael McKean, Jacob Kogan.

Sortie le 30 avril 2008

Durée : 1 h 45

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