Jesus Video
La réédition de ce livre, qui est déjà un classique à l’occasion de la parution en français de la suite L’Affaire Jesus, m’a permis, en le lisant d’y trouver un passage savoureux du fait d’une plaisanterie de l’histoire : en 1998, il était possible d’écrire que « l’exemple à fuir absolument… était celui d’un magnat de l’immobilier, un certain Donald Trump, depuis tombé dans l’oubli ». Cette phrase m’a fait bondir en la lisant dix-huit ans plus tard.
Mais le contenu du livre est bien sûr bien plus intéressant que ce trait d’humour involontaire. L’idée de cette caméra vidéo dont l’exhumation d’une tombe du premier siècle fait découvrir le manuel d’utilisation, de la chasse aux enregistrements de Jésus faits par le voyageur (involontaire) du temps sur des cristaux susceptibles de survivre à 2000 ans d’enfouissement, avaient été pressenties dans des nouvelles antérieures, mais jamais traitées de manière complète et cohérente. Une course dans laquelle s’affrontent le héros, jeune étudiant américain, un milliardaire américain à la recherche d’un « coup » financier, et l’Eglise catholique, représentée par le directeur de la Congrégation pour la Défense de la Foi (ex Sainte Inquisition), sous les yeux d’un auteur de science-fiction allemand totalement incrédule jusqu’à l’épilogue.
On remarquera d’ailleurs, sans insistance ni note, une allusion rapide au thème de Ecce Homo, de Moorcock, dans la lettre laissée par le chrononaute involontaire.
La vision de Jésus qui apparaît dans la discussion entre des témoins de la vidéo n’est pas totalement nouvelle elle non plus, mais est présentée sans faute. La réflexion, ou plutôt les réflexions, sur les religions et les traditions faites par les héros principaux du roman, l’étudiant américain Stephen Foxx et l’étudiante israélienne Judith Menez, m’ont paru très convaincantes (mais comme j’ai déjà les mêmes opinions, je suis peut-être mauvais juge).
Dans la postface, Andreas Eschbach indique que le nouveau livre peut se lire indépendamment de celui-ci, voire avant, sans que celui-ci perde son intérêt. C’est une affirmation que je ne pourrai tester, extrêmement ambitieuse au vu de nombreux exemples de l’effet opposé.
La 4° de couverture cite un critique du Courrier français : « Eschbach revisite la quête biblique par ce livre inclassable et incontournable, qui séduira les amateurs de récits d’aventures les plus blasés autant que les passionnés d’histoire antique les plus exigeants ». J’enlèverais « inclassable » et ajouterais « ou les amateurs de fictions spéculative rigoureuse ». Et j’approuve « incontournable ». Alors, si ce n’est déjà fait....
Jesus Video, par Andreas Eschbach, traduit par Claire Duval, 2016, L’Atalante, coll. La Dentelle du cygne, 597 p., ISBN 978-2-84172756-8
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