JOMAIN Sophie 01


Bonjour Sophie. Pourrais-tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs ?

Bonjour ! Je suis donc une petite Française originaire de Calade, Villefranche-sur-Saône, précisément, la capitale du dieu Beaujolais (que je ne bois pas !).

Comment en es-tu venue à prendre la plume ?

Après un long congé parental. J’ai arrêté de travailler dans l’archéologie après la naissance de ma fille pour m’occuper d’elle. J’avoue avoir eu envie de me lancer dans quelque chose de nouveau, mais pour être honnête, l’écriture m’a prise comme une envie de faire pipi ! Je n’avais même jamais pensé un jour à passer le cap de produire une simple nouvelle.

Quels sont les auteurs qui t’ont influencée ?

Je ne sais jamais trop quoi répondre à cette question. J’ai toujours eu des lectures très éclectiques et dépendaient de mon humeur du moment. Alors, dans ceux que je cite toujours, il y a A. Camus, P. Süskind, A. Dumas, J.K. Rowlling, Théophile de Viaud, S. Meyer aussi, sans doute, puisqu’elle a, malgré elle, déclenché mon envie de crier : « Oh hé ? Vendre des auteurs français de romans fantastiques dans les libraires, ça pourrait marcher aussi ! ».

Le premier tome de ta saga Les étoiles de Noss Head avait été édité par les éditions Elzévir avant de paraître à Rebelle. Peux-tu nous expliquer ton parcours ?

Quand l’écriture des trois premiers tomes de Noss Head a été terminée, je ne me suis pas vraiment mise en quête d’un éditeur. Ma meilleure amie et mon mari m’ont poussée à faire quelque chose. J’ai donc envoyé le premier opus à Elzévir sans savoir qu’il s’agissait d’un éditeur proposant des contrats participatifs. Finalement, l’équipe m’a eu l’air sympa et j’ai tenté l’aventure sans rêver de quoi que soit d’autre que d’avoir mon livre entre les mains. Vendre ne faisait pas franchement partie de mes rêves d’avenir.

Dans cette saga, tu mets en scène des vampires et des loups-garous en abordant les mythes sous un angle résolument original. Tu développes les mythologies garolles et vampiriques sous un éclairage nouveau. Comment t’est venue cette idée ?

La mythologie du loup-garou est largement développée, tout comme l’idée de le faire évoluer en plusieurs phases de transformation allant du niveau le plus proche de l’homme, à celui le plus proche du loup : l’homidé, le galbro, le crinos, l’hispo et le lupus. Le jeu de rôle l’Apocalypse en définit très bien les aspects, par exemple. Sauf que pour ma part, j’ai voulu mettre les choses à ma sauce en définissant plutôt cinq espèces, sans phase de transformation particulière. Je suis partie dans l’idée qu’un homme avait été transformé en demi-bête par les dieux pour être puni de sa cruauté. S’adaptant à sa nouvelle forme, celui-ci s’est accouplé à une louve commune et a donné naissance aux cinq espèces de garous que je cite. Au final, je n’ai fait que m’inspirer de ce qui se racontait déjà, en changeant un peu la donne.

Pour les vampires, c’est un peu la même chose. Stryge est de la même racine que le mot strigoï en roumain qui se rapproche de notre traduction de « vampire ». Alors je suis partie du principe que mes vampires à moi seraient issus du métissage entre un vampire ailé, (la stryge), et un vampire terrestre, celui qu’on connaît plus traditionnellement. Sont ainsi nés les anges noirs, des vampires capables de voler comme leur mère et de vivre éternellement comme leur père, comprenant les attributs principaux de chacun.

La saga de Noss Head est destinée à un public « young adult » tandis que celle de Felicity Atcock est plus adulte. Ta méthode d’écriture varie-t-elle en fonction du public auquel tu t’adresses ?

La méthode ne varie pas du tout, le style oui, c’est une évidence. On se lâche plus avec un roman pour adultes, on cherche moins la manière d’expliquer les choses, on ne contourne pas autant les problèmes de fond. Pour Noss Head ou Pamphlet contre un vampire, il a fallu que je me mette dans la peau des jeunes lecteurs. Que veulent-ils lire, ne pas lire, jusqu’où puis-je aller ? Ce qui n’a pas du tout été le cas de Felicity Atcock, puisque la série est réservée aux lecteurs de plus de 16 ans.

As-tu une méthode de travail particulière ?

Synopsis à main levée, grossier, puis détaillé. Quand l’histoire est bien établie, je commence à écrire, je ne lis presque plus et je m’accorde de longues heures de calme et des horaires stricts.

Tu vas être éditée chez J’ai lu, fruit d’un long travail. Comment réagis-tu à cette ascension fulgurante ?

Sincèrement ? Pour le moment, je n’en ai pas vu la couleur, donc je ne réagis pas encore. J’imagine que ça va être différent, mais pas forcément plus éprouvant. Quand on écrit, quel que soit l’éditeur, on bosse comme un dingue, on dort peu, on se déconnecte de la réalité et des choses qui nous entourent. Ceci dit, je suis très heureuse d’avoir parcouru ce petit bonhomme de chemin. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais si tu relis la réponse que je t’ai donnée par rapport à Elzévir, on voit bien que je n’étais pas du tout prédisposée à ça. Et bien tu sais quoi ? Je crois que si, au final, je sais : j’ai la trouille !

La scène SFFF francophone est en plein essor. Quel regard jettes-tu sur cette évolution ?

Je trouve que les auteurs français de SFFF ont énormément progressé. Ils n’ont pas seulement recopié les codes des bouquins américains les mieux vendus pour que ça marche, ils ont mis leur patte. À savoir (de mon point de vue), plus de sentiments, de psychologie, d’attachement à leurs personnages. On les sent réellement impliqués et ça fait toute la différence. Je me réjouis de cet essor, je me réjouis vraiment de l’ouverture des grandes maisons d’édition, et je suis très fière de faire partie d’une petite structure qui laisse sa chance aux jeunes auteurs et qui collabore avec de plus grands pour faire avancer les choses.

As-tu d’autres projets ?

Je suis en train de terminer une romance contemporaine pour J’ai lu, un projet que j’avais en tête depuis un bon moment et qui ne demandait qu’à sortir. Sinon, un second projet d’urban fantasy en plusieurs tomes pour le même éditeur à paraître en 2014, et un troisième (un polar fantastique), pour une autre petite structure L’Atelier Mosésu, avec L’Embaumeur, qui reprend un peu la même idée de publication que celle du Poulpe, à savoir, un même personnage, un univers commun, des règles à respecter, mais un auteur différent à chaque opus.

Que donnerais-tu comme conseil à un jeune auteur qui souhaiterait se lancer dans l’aventure ?

Une seule phrase : patience, tout vient à point à qui sait attendre.

Critique de la trilogie « Les étoiles de Noss Head »

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