JOB Armel 01
Photo Marc Bailly
Bonjour Armel Job,
Je vous remercie d’accepter de jouer à ce jeu de questions/réponses.
Vous êtes bien connu maintenant dans le monde de l’écriture francophone et de l’écriture belge en particulier. Pouvez-vous vous présenter, qui êtes-vous, Armel Job ?
Je suis né en 1948, à Ninane-Heyd, commune de Durbuy, dans une famille modeste. Mon père était matelassier, puis marchand de graines fourragères. J’ai fait mes études secondaires au séminaire de Bastogne. Je suis licencié agrégé en philologie classique de l’université de Liège. J’ai fait toute ma carrière d’enseignant au séminaire de Bastogne. Simultanément, mes textes ont été publiés depuis 1996. Je suis sous contrat aux Éditions Robert Laffont. Ma bibliographie compte 25 textes, romans, nouvelles, pièces de théâtre.
Depuis quand écrivez-vous ? Comment vous est venu le goût de l’écriture ?
Je me suis toujours amusé à écrire, même quand j’étais enfant. J’imagine que cette manie m’est venue de la passion de la lecture que j’ai contractée dès que j’ai appris à lire. Comment vient le goût de la musique aux musiciens sinon en écoutant de la musique ?
Pouvez-vous expliquer ce qu’est l’acte d’écrire de la fiction ? Correspond-il à quelque chose de particulier, selon vous ?
Chaque roman est une confrontation avec la complexité de la vie. Dans la vie, nous ne voyons que le dessus des choses, nous vivons dans un axe horizontal. Nous sommes condamnés aux apparences. Le roman plonge à la verticale. La fiction repose sur une convention avec le lecteur, c’est que le romancier, contrairement à nous tous, a accès au dessous des cartes. Par exemple, cela n’étonne personne qu’il nous livre les pensées de ses personnages. Il nous emmène donc sous la surface, dans les profondeurs, où tout est perplexité, paradoxe, énigme. Le roman jette à bas nos triviales certitudes qui reposent sur notre perception si limitée de la réalité.
L’auteur de fiction a-t-il un rôle dans notre société ? Comment le voyez-vous ?
De cette plongée, le romancier ne rapporte aucune révélation, aucune vérité, aucun système. Il ne peut offrir qu’un point d’interrogation. Dans un monde qui croit tout savoir, le roman brandit à bout de bras le mystère infini de l’être. Ce n’est pas si mal.
Quel est votre auteur préféré ? Avez-vous un livre fétiche ?
Dostoïevski. Toute son œuvre. Je ne suis pas fétichiste.
Si vous deviez définir votre univers, que diriez-vous pour inciter les lecteurs qui ne vous connaîtraient pas, à vous découvrir ?
J’essaie de faire percevoir de mon mieux la société, les gens autour de moi. Je souhaite parler surtout des gens modestes. Les gens modestes, dont je suis issu, sont tout autant dignes d’intérêt que les intellectuels et les bourgeois qui peuplent la plupart des romans. Je pense aussi être un des seuls auteurs belges qui ne parle que de la Belgique dans ses romans, pays qui a été longtemps tenu pour indigne de figurer dans la littérature.
En quoi ce roman-ci, Une femme que j’aimais, est-il différent de ceux que vous avez déjà écrits ?
Je ne sais pas. Je ne crois pas qu’il soit différent. Il est autre, mais pas différent.
Comment vous est venue l’idée de ce récit ?
De la confidence d’une personne née sous x. Il ne s’agit pas de son histoire à elle, mais son histoire m’a donné l’idée de mon histoire.
Évidemment, les personnages étant tellement proches de nous, la question que tous les lecteurs se posent : avez-vous rencontré Adrienne ? Et Claude ?
Oui, dans mon imagination.
Quels sont vos projets ? Un nouveau livre ?
De même que le boulanger fait du pain tous les jours, le romancier prépare toujours une nouvelle fournée.
Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez dire sur votre livre que nous n’avons pas abordé ?
Le mieux reste encore de le lire ! Ensuite, c’est au lecteur de juger.
Je vous remercie encore et vous souhaite, pour notre plaisir, d’en écrire encore beaucoup d’autres.