Maître Ninja T1

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Vous avez des enfants âgés de huit à treize ans, bons lecteurs et prompts à s’approprier les mondes qu’ils traversent via leurs lectures ? N’hésitez pas, vous avez là une bonne idée de cadeau pour les fêtes. Autant vous le dire tout de suite, j’aurais aimé lire ce livre étant enfant. Ma première impression fut pourtant défavorable : le résumé du livre est peu accrocheur, les noms des protagonistes y diffèrent de ceux du roman – sans doute un bug de traduction – et ce dernier est édité sous une collection Fantasy tandis que l’action se déroule dans un monde parfaitement contemporain, ce qui peut surprendre.


Les éléments sont par ailleurs à première lecture quelque peu banals : un père tyrannique – dont on apprend qu’il est également baron de la drogue et découvre au fil du livre qu’il maîtrise certaines facettes plutôt sanglantes des arts martiaux – et trois enfants, un fils aîné Dennis et deux jumeaux puînés, Cassandra et Michael, tous désireux d’échapper à son emprise… Bien évidemment séparée lors de sa tentative d’évasion, la fratrie devra suivre des chemins divergents.

Ainsi, tandis que Michael restera au pouvoir de son père et succombera lentement à son influence méphitique, Dennis et Cassandra trouveront refuge et assistance à Rokkaku, une mystérieuse école enseignant le ninjutsu, ou l’art des Ninjas, tous deux espérant y acquérir les talents nécessaires à leur lutte contre ce géniteur maléfique et au sauvetage de leur infortuné frère.

Dès le départ, diverses questions restées a priori sans réponse heurtent le bon sens du lecteur adulte : une école de ninjas – bien évidemment secrète – en plein Pays de Galles, des enfants recueillis en son sein sans que d’inévitables questions ne surgissent… et c’est à ce point précis que la magie opère.

Sans artifices, sans passe-passe, Benedict Jacka développe un monde attachant bâti autour d’une philosophie en grande part hermétique au lecteur occidental et d’un art martial méconnu, qu’il dépeint comme une tentative orientale d’atteindre l’état d’honnête homme de notre renaissance, ou d’homme le plus complet possible. Bien évidemment, l’analyse rétrospective de ce roman permet de comprendre que l’emploi de termes japonais et la simple description de l’ébahissement et du dépaysement des héros forcent le lecteur à s’imprégner, permettant à l’auteur de n’aborder les points les plus épineux qu’à son rythme, une fois sa toile tissée et son monde déjà partie intégrante de l’imaginaire de sa victime.

Et ça fonctionne ! Les personnages sont simplement mais habilement campés, leurs forces et faiblesses sont suffisamment réalistes pour que chacun puisse y trouver son reflet, sans manichéisme ni angélisme excessif et l’on découvre au fil de sa lecture que – loin de les écarter en prenant prétexte d’un livre pour enfants – l’auteur aborde les divers aspects a priori peu réalistes de sa création, esquissant des réponses tout en se ménageant plusieurs sujets de suites futures. Enfin, l’habileté des descriptions, à la fois simples et très évocatrices, est frappante et permettra à nos jeunes lecteurs d’y trouver leur compte sans toutefois avoir besoin d’être des foudres de lecture.

Ce roman, aussi suranné que cela puisse paraître, véhicule enfin des valeurs que l’on est en droit d’attendre de romans pour enfants. Ainsi, nos héros découvrent peu à peu que tout ne leur viendra pas naturellement, mais qu’ils auront à travailler dur pour acquérir les connaissances spécifiques dispensées à Rokkaku, qui viennent – au grand dam de Dennis, le plus vindicatif des enfants – s’ajouter aux matières enseignées dans n’importe quelle école. De même, ils découvriront parfois à la dure le prix de certaines valeurs comme l’acceptation de l’autre et de ses différences et prendront peu à peu conscience du fait qu’un pratiquant des arts martiaux sans conscience ou maîtrise de soi n’est rien d’autre qu’une brute.

Bref, un beau livre, que j’ai dévoré en une nuit et que je m’empresserai d’acquérir pour l’offrir à certains de mes neveux et nièces pour Noël. La seule chose qui m’inquiète au sujet de ce roman réside dans la capacité de son auteur à maintenir cette ambiance au fil des suites que l’on sent se profiler. Qui vivra…

Benedict JACKA, Maître Ninja, Traduction : Sabine Wyckaert-Fetick, Couverture : Ysha, Éditeur : Le livre de poche Jeunesse, Collection FANTASY, 352 p.

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Commentaires

ouais et que Mickael les rejoigne a Rokakku.

moi aussi ,j’en ai 3 collec et pour me faire lire un roman

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