Itinéraire d'un prépuce coupé

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Je côtoie l'auteur, dont Gérald Connard est le double plus ou moins maléfique, depuis quelques temps sur les réseaux sociaux. Je dois avouer qu'au départ je n'étais pas particulièrement attirée par ses écrits. En raison de son nom de plume, un peu trop "beauf" à mon goût, mais également en raison de ses titres provocateurs. Je m'étais persuadée toute seule comme une grande que sa littérature ne m'intéresserait pas.

Mais au fil de ses publications, il m'a semblé apercevoir une personne assez loin de l'image que je pouvais m'en faire. J'ai alors décidé de sortir de ma zone de confort et de tenter un voyage livresque en sa compagnie.

Bien m'en a pris !

 

Itinéraire d'un prépuce coupé n'est pas un roman au sens strict du terme, même s'il en respecte la structure narrative. C'est un pamphlet, un essai, un témoignage, un documentaire... et un roman. L'histoire d'un musulman né d'un père algérien et d'une mère française, vivant en cité, et qui peine douloureusement à trouver sa place, qui se cherche, qui tâtonne avec une énergie désespérée pour se construire. Le traumatisme originel se situant dans sa circoncision.

Avec verve et pédagogie, l'auteur décrit la toile religieuse dans laquelle un jeune peut se trouver englué, et dont il ne peut s'arracher qu'au prix du rejet des siens. Moi qui déteste ça d'ordinaire, je me suis surprise à apprécier les multiples citations qui émaillent le texte et l'aèrent, tant le propos peut être étouffant parfois. Cette autobiographie éclaire de façon réaliste et accessible l'intense pression subie par les jeunes musulmans dès leur enfance.

 

Pour autant, Gérald Connard ne condamne pas, il se contente d'exposer les raisons de son "évasion" ainsi que ses conséquences sur sa vie. Conséquences dont on ressent entre les lignes le poids qu'elles continuent de peser. Il réussit à tenir un propos universel et essentiel en se regardant le nombril.

 

J'ai découvert une plume sensible et juste, même s'il ne peut s'empêcher de lancer quelques blagues ici et là, en clown revendiqué (mais clown triste, qui fait rire de son désespoir). Et le pourquoi de son nom de plume est expliqué dans le livre, dommage qu'il faille le lire pour en savourer l'ironie. L'auteur perd sans doute du lectorat potentiel, rebuté par le nom et le titre plutôt potaches.

Lancez-vous ! Vous découvrirez un homme d'une pudeur extrême, qui se dévoile au fil des pages et livre un vibrant plaidoyer pour ce fameux "vivre ensemble" dont on nous rebat les oreilles et qui trouve - enfin - un sens au sein de ces pages.

 

Itinéraire d'un prépuce coupé, de Gérald Connard, autoédition, ISBN 979-8601858892, prix 5,86€

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