Inception

Réalisateur: 

Rêves de jeunesse



Rêves à vendre

Au fil des ans, Dom Cobb est devenu le meilleur dans le domaine de “l’extraction” et où il est considéré par ses pairs comme étant un véritable artiste. Tel un gentleman cambrioleur de l’esprit, tout son art consiste à dérober subrepticement les secrets les mieux gardés, ceux qui sont enfouis au plus profond du subconscient d’un individu. Ce vol peu ordinaire survient pendant que la victime rêve et que son esprit est particulièrement vulnérable. Si Cobb est très recherché pour son extraordinaire talent qu’il met au service du plus offrant dans l’univers trouble de l’espionnage industriel, il est aussi malheureusement devenu un fugitif traqué dans le monde entier ce qui a, malheureusement, eu pour tragique conséquence de lui faire perdre tout ce qui comptait le plus pour lui : sa famille.


Au moment où l’étau se resserre de plus en plus sur lui, il est contacté par Saito, un riche et très puissant homme d’affaires japonais qui lui propose une mission (quasi) impossible, celle de mener à bien une “inception” : cette fois-ci, au lieu de subtiliser des infos dans l’esprit de quelqu’un pendant qu’il rêve, il devra y implanter une idée qui y germera par la suite. S’il réussit cet incroyable exploit, Saito s’engage à user de toute son influence afin que Cobb puisse enfin rentrer aux USA pour y retrouver ses enfants dont il est séparé depuis trop longtemps (ces derniers sont élevés par leur grand-père maternel depuis la mort de leur mère). Toutefois Saito y met une condition supplémentaire : celle d’accompagner l’équipe de Cobb lors de leur mission afin d’être certain que tout se déroule comme il le souhaite. Leur cible est Robert Fisher Jr., un jeune homme désœuvré qui est sur le point d’hériter de son père mourant un véritable empire de plusieurs milliards de dollars.

Mission impossible

Le film part du principe qu’il est possible de partager le même rêve à plusieurs et que tout ce qui s’y passe (y compris les choses les plus irrationnelles) semble totalement réel tant qu’on est endormi. Avant le démarrage de ses missions, Cobb choisit toujours méticuleusement chacun des membres de l’équipe qui va l’accompagner dans le rêve, ce dernier étant minutieusement créé de toutes pièces avant d’y entraîner leur cible.


Chacun d’eux a une tâche bien spécifique à remplir. L’équipe se compose de l’architecte (qui conçoit et construit de A à Z le monde du rêve dans lequel ils vont effectuer leur mission et où ils plongent la personne à qui ils doivent dérober un secret), de l’organisateur (qui s’occupe de tous les détails pratiques de la mission et s’assure que tout est bien en place), du faussaire (qui est capable dans le rêve de convaincre quiconque d’endosser n’importe quelle identité selon les besoins de la mission) et, bien sûr, de l’extracteur - incepteur (celui qui dérobe le secret dans le subconscient d’un individu durant son rêve ou, au contraire, y implante une idée qui va ensuite faire son chemin dans son esprit, à son insu). Pour arriver à partager le même rêve, il leur est nécessaire de prendre une drogue mise au point par le chimiste.

Avant de commencer la mission, tout doit être réglé dans les moindres détails car, une fois l’équipe plongée dans le rêve, les agissements non initialement prévus de n’importe lequel d’entre eux peuvent entraîner de graves conséquences pour tous les autres. Si l’un d’eux commet la plus infime erreur, tout peut s’écrouler et coûter la vie à tout ou partie des autres membres de l’équipe. Il faut, tout à la fois, qu’ils aient une confiance aveugle les uns envers las autres mais qu’ils soient également, en permanence, sur leurs gardes et qu’ils repèrent immédiatement le moindre grain de sable qui viendrait perturber le rêve en cours car leur vie à tous en dépend. Cette nouvelle mission est d’autant plus risquée qu’elle fait s’imbriquer trois rêves différents, l’un dans l’autre, comme des poupées russes (sans que le scénario ne nous en donne d’ailleurs une quelconque justification, ce qui est bien dommage).

Le monde ne suffit pas

Inception est, sans conteste, un film brillant avec un scénario intéressant et à la mécanique bien huilée qui mélange, tout à la fois, le film d’espionnage (puisque Cobb met son talent hors pair de voleur de secrets industriels au service des plus offrants) avec de multiples scènes d’action spectaculaires, la SF (dans la mesure où toute l’intrigue repose sur le fait que les principaux protagonistes de l’histoire disposent d’une technologie leur permettant de partager à plusieurs le même rêve qu’ils ont préalablement construit de toutes pièces) et le drame humain avec l’histoire d’amour impossible entre Cobb et la femme de sa vie dans un monde idyllique que tous deux se sont créés rien que pour eux dans un rêve partagé.


L’action se déroule alternativement dans le monde réel et dans des univers souvent à la limite du fantastique lorsque les différents personnages évoluent dans le monde des rêves et Nolan met alors sa mise en scène entièrement au service de son intrigue comme, par exemple, lors des scènes qui se déroulent en état d’apesanteur dans le couloir et la chambre d’un hôtel (réalisées grâce à un système d’immenses anneaux pivotants alimentés par d’énormes moteurs électriques), celle de l’inondation dans la demeure d’inspiration nipponne, celle de la course-poursuite en voiture perturbée par le déraillement d’un train au beau milieu des rues de Los Angeles ou encore lorsque les rues de Paris se replient sur elles-mêmes.

Afin de donner le plus de vraisemblance possible à cette intrigue complexe dont l’action se déroule aux quatre coins de la planète, la plupart des scènes ont été tournées en grande majorité en décors réels (y compris lorsque les personnages se meuvent dans des paysages oniriques) dans six pays différents (Japon, Maroc, France, Canada, États-Unis, Angleterre). Nolan ayant choisi de privilégier au maximum les effets visuels mécaniques réalisés sur le plateau au moment du tournage, le film ne comporte, du coup, qu’environ seulement 400 plans d’effets exclusivement numériques (ce qui est très peu pour un film d’une telle ampleur) dont la supervision a été confiée au légendaire et talentueux Chris Corbould.

Tout comme Memento, Inception est construit comme un puzzle dans lequel s’imbriquent différentes pièces pour finir par former un tout à la fin et on retrouve ici aussi les thématiques chères à Nolan.

Raison et sentiments


Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas… Si on reste en permanence admiratif devant la maestria avec laquelle Nolan a conçu son intrigue complexe ainsi que devant les prouesses techniques de l’ensemble des effets visuels et que, par ailleurs, on ne voit pas le temps passé, le résultat final est toutefois malheureusement d’une très (trop !) grande froideur. Malgré la grande qualité du jeu de l’ensemble de son casting international très éclectique, on a bien du mal ici à ressentir la moindre empathie vis-à-vis des différents protagonistes de l’intrigue (contrairement aux précédents films de Nolan) et, plus particulièrement, lors des scènes nous relatant l’histoire d’amour “post mortem” entre Cobb et Mall, le grand amour de sa vie, qui ressemblent étrangement à celles récemment vues dans Shutter Island, d’autant plus, que Leonardo DiCaprio incarne dans les deux films le personnage du veuf éploré qui, rongé par la culpabilité, se fabrique dans son esprit torturé une vie “rêvée” avec la femme, qu’il aime tant, pour dénier le fait qu’elle soit tragiquement décédée à cause de ses agissements et ne pas avoir à en assumer sciemment tout ou partie de la responsabilité.

Inception

Réalisation : Christopher Nolan

Avec : Leonardo DiCaprio, Ken Watanabe, Joseph Gordon-Levitt, Marion Cotillard, Ellen Page, Tom Hardy, Cillian Murphy, Tom Berenger, Dileep Rao, Michael Caine

Sortie le 21 juillet 2010

Durée : 2 h 28

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