Il était deux fois
En 2008, Julie, dix-sept ans, disparaît en ne laissant comme trace que son vélo posé contre un arbre. Le drame agite Sagas, petite ville au cœur des montagnes, et percute de plein fouet le père de la jeune fille, le lieutenant de gendarmerie Gabriel Moscato. Ce dernier se lance alors dans une enquête aussi désespérée qu’effrénée.Jusqu’à ce jour où ses pas le mènent à l’hôtel de la Falaise… Là, le propriétaire lui donne accès à son registre et lui propose de le consulter dans la chambre 29, au deuxième étage. Mais exténué par un mois de vaines recherches, il finit par s’endormir avant d’être brusquement réveillé en pleine nuit par des impacts sourds contre sa fenêtre…Dehors, il pleut des oiseaux morts. Et cette scène a d’autant moins de sens que Gabriel se trouve à présent au rez-de-chaussée, dans la chambre 7. Désorienté, il se rend à la réception où il apprend qu’on est en réalité en 2020 et que ça fait plus de douze ans que sa fille a disparu…
J’ai commencé la lecture de Il était deux fois, juste après avoir terminé Le manuscrit inachevé. Il m’était impossible d’attendre plus longtemps pour savoir le fin mot de l’histoire ! Malgré le fait qu’ils aient été présentés comme deux one shots, pour moi, cela reste inconcevable. Comment s’arrêter avec Le manuscrit inachevé alors que la fin réside dans Il était deux fois (c’est d’ailleurs certainement pour cette raison que beaucoup de lecteurs ont été déçus), et comment lire Il était deux fois sans connaître les codes du premier ? Le pire serait même, à mon avis, de lire Il était deux fois avant Le manuscrit inachevé et d’en apprendre ainsi la fin à l’avance. Non, pour moi ils forment un tout et je recommande absolument de les lire à la suite et dans cet ordre ! Ceci ayant été précisé, je me suis plongée avec délectation dans ce second opus.
Je dois reconnaître que l’histoire est, au début, extrêmement différente. Et terriblement intrigante ! Ce père, à la recherche de sa fille disparue, qui s’endort en 2008 et se réveille en 2020, cela donne le ton tout de suite. Le thème de la mémoire, cher à Franck Thilliez, revient une fois encore. Mais on découvre d’autres personnages et le lien avec le premier roman, même si on sait qu’il va se produire, ne se fait que plus tard. Cependant, l’auteur joue toujours avec la misdirection, les chiffres, les lettres, les anagrammes, les palindromes, les doubles, les matriochkas, les casse-tête chinois et les jeux de miroirs. L’intrigue recèle aussi des secrets, des non-dits, un corbeau et des indices semés ici ou là, de quoi aiguiser mon appétit et ma curiosité.
C’est un vrai travail labyrinthique et vertigineux qui nous est proposé, un jeu de piste machiavélique et brillantissime dont j’ai pris grand plaisir à (essayer de) déjouer les rouages. Car ce serait trop simple, et surtout très mal connaître l’auteur, que de croire qu’on est à même de percer ses énigmes et de contrer son esprit retors aussi facilement. Je conseille d’ailleurs de lire Il était deux fois, tout comme Le manuscrit inachevé, avec le moins de pauses possible, pour ne pas s’y perdre, et avec beaucoup d’attention et de concentration.
Je m’émerveille à chaque fois de constater à quel point Franck Thilliez peut se renouveler, tout en reprenant des thèmes qu’il affectionne. Comme à son habitude, il s’est largement documenté sur son sujet et rien n’est laissé au hasard. Enfin il nous propose un dénouement diabolique qui m’a menée à la limite de la nausée. Un très grand moment de lecture qui confirme la place prépondérante de l’auteur dans le monde du thriller/policier français.
Je remercie chaudement Fleuve Éditions, via PhénixWeb, de m’avoir permis de découvrir ce dernier et magnifique roman.
Paru sur Beltane (lit en) secret.
Il était deux fois par Franck Thilliez, Fleuve Éditions, 22.90 €