Hôpital des sorciers (L')

Auteur / Scénariste: 

Saint-Antoine-en-Viennois, 1297.

Poupées enterrées dans le cimetière, serviteurs qui disparaissent et tombes profanées... Depuis quelque temps, la Maison de l'Aumône fait face à d'étranges manifestations ! Lorsque Aymon de Montagne, Grand Maître des lieux, est accusé de sorcellerie, le jeune Gabin décide de mener l'enquête. Convaincu de l'innocence de son mentor, il tente de comprendre ce qui se trame dans l'ombre de l'hôpital... Il devra composer avec mademoiselle Sybille, la nièce d'Aymon, qui semble détester son oncle, et la jeune servante Ysabeau qui, malgré sa cécité, en voit plus que ce que l'on pourrait penser et paraît au courant de bien des secrets...

Et si un mal insidieux rôdait vraiment dans les entrailles de l'hôpital, comme les autorités semblent le croire ?

 

Dès la quatrième de couverture, le ton est donné : nous sommes ici dans un polar historique, en plein Moyen-Âge. Aimant beaucoup ce genre, popularisé par Ellis Peters avec frère Cadfael, je me suis lancée dans ma lecture avec avidité.

L'intrigue est bien menée, mêlant habilement déductions logiques et superstitions de l'époque. En effet, toutes les découvertes du jeune Gabin sont gênées par le poids de la religion et des diverses croyances populaires qu'elle implique. Il doit non seulement gérer des phénomènes inexpliqués mais les réactions que ces mêmes phénomènes provoquent chez les autres. Faire éclater la vérité dans ces circonstances n'est pas de tout repos.

J'ai globalement apprécié ma lecture, le roman est très bien écrit, avec un niveau de langue assez haut, ce que j'apprécie toujours. Le choix de mettre en avant des protagonistes souffrant d'un handicap est très intéressant, cela change du tout-venant. Gabin vient d'être amputé d'un bras et peine encore à se familiariser avec sa nouvelle condition. Ysabeau est aveugle de naissance. Ces deux personnages jettent un éclairage différent sur la manière de mener l'enquête.

Il manque toutefois un petit quelque chose pour que le roman soit vraiment passionnant. Est-ce à cause de certaines longueurs par moments alors que d'autres passages auraient mérité d'être plus explicités ? Peut-être. L'intrigue s'appuie énormément sur l'implicite, sur le fait que cette période de l'Histoire est bien connue du lecteur, ce qui à mon avis est loin d'être le cas. Surtout en considérant qu'il s'agit d'un livre présenté pour ados à partir de 14 ans.

Combien d'entre eux (et même d'adultes) savent qu'un bailli représentait la justice et donc enquêtait ? Combien sont familiers du "feu sacré" et en comprennent les symptomes ? Combien sont au fait des rivalités entre les différents ordres religieux ? Ces petits manques d'explications nuisent à l'immersion dans le récit dans les 50 premières pages, ils présupposent trop une solide culture moyenâgeuse.

De plus, certaines scènes sont assez difficiles pour les plus jeunes, macabres et/ou horrifiques. Je ne mettrais pas ce roman entre les mains des moins de 16 ans.

Je referme le livre avec la sensation que l'autrice a parfois eu du mal à se mettre au niveau du lectorat ciblé. Il faudrait un véritable accompagnement historique pour qu'un ado apprécie, à mon avis, sans que cela ne retire les qualités indéniables de ce roman très original.

 

 

L'hôpital des sorciers de Catherine Cuenca, Scrineo, ISBN 978-2-36740-856-9, Prix 16,90 €

 

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