Histoire politique de la roue

Plusieurs rôles pour un seul homme

Ancien élève de l’école normale supérieure, Raphael Meltz a eu plusieurs vies. Il a dirigé des revues comme R de réel ou Le tigre, a été attaché culturel de l’ambassade de France au Mexique (2013-2017), a écrit des romans comme Urbs (Editions Le tripode, 2013) ou des essais comme De voyou à pov’con, les offenses au chef de l’Etat de Jules Grévy à Nicolas Sarkozy (Robert Laffont, 2012). Les éditions Vuibert viennent de publier une Histoire politique de la roue, une occasion de revenir sur le développement technologique de l’Occident.

Quelques mythes remis en cause

La roue est un choix de développement, voilà l’idée force de Raphaël Meltz. Tout au long de son livre il remet en cause certaines idées-clichés comme celle selon laquelle les Indiens d’Amérique centrale ne connaissaient pas la roue : en fait si, pour des jouets mais dans la réalité le besoin ne s’était pas fait sentir donc ils ne l’ont pas développée. Dans l’Antiquité, les anciens ont utilisé la roue (comme les chars utilisés à Issos le montrent) et puis beaucoup moins à un moment. En Orient, le chameau est plus intéressant comme moyen de transport (alors que les Orientaux connaissaient la roue). Bref, la roue c’est l’affaire de l’Occident, à cause de son milieu naturel et de ses modes d’organisations économique et politique.

La roue et le rapport au temps

En fait, l’idée de la roue est d’aller plus vite, d’accélérer le temps si on suit Meltz. Aller plus vite en utilisant des chariots tirés par des bœufs puis des chevaux sur des routes tracées et construites par un Etat. Puis utiliser des vélos et surtout des voitures qui remplacent les animaux pour aller vite, toujours plus vite. Mais plus vite pour quoi faire ? Gageons que le changement climatique va aussi imposer des changements dans nos modes de vie : déjà le vélo est réhabilité, voire plébiscité. Un ouvrage qui fait réfléchir.

Raphaël Meltz, Histoire politique de la roue, Vuibert, février 2020, 288 pages, 23,90 €