Hard Candy

Réalisateur: 



L’aveu

Après plusieurs échanges sur Internet où ils se sont connus, Hayley et Jeff décident de se rencontrer dans un café. Hayley est une jolie ado de 14 ans, bien plus mûre que son âge, et Jeff, un séduisant photographe de 32 ans. Après avoir passé un petit moment à discuter de choses et d’autres, Hayley suggère à Jeff d’aller chez lui pour qu’ils y soient plus tranquilles. Une fois arrivés sur place, elle lui demande de faire quelques photos d’elle. Histoire de détendre l’atmosphère, elle leur sert à boire avant de commencer à se déshabiller. Quelque temps plus tard, Jeff sort de l’inconscience et réalise qu’il a été drogué. Il est solidement ligoté sur une chaise pendant qu’Hayley est en train de fouiller sa maison, de fond en comble. Elle est fébrile, le bombarde de dizaines de questions et est prête à tout pour obtenir des réponses. Elle sait qu’elle n’est pas la 1ère mineure à s’être rendue chez lui et elle veut absolument savoir ce qui est arrivé à Donna, l’une de ses copines qui a récemment disparue. Sur Internet, elle a également appris comment se servir d’un bistouri et elle rêve de passer à la pratique.



Basic instinct

Pendant quasiment tout le film, l’intrigue se déroule en huis clos dans la maison de Jeff avec seulement deux personnages qui s’affrontent dans une sorte de duel à mort. Harley veut des réponses à ses questions et pour les obtenir, elle est prête aux pires extrémités (mensonges, roueries, humiliations et tortures psychologiques). Son désir de vengeance est plus fort que tout et l’aveugle. Elle veut que Jeff avoue ses péchés avant de le pousser à les expier, une bonne fois pour toute. Elle a les passions et les pulsions d’une adolescente, ce qui la pousse à agir de façon radicale. C’est une sorte d’ange purificateur, elle prête à tout pour faire avouer et punir celui qu’elle pense être coupable mais elle se révèlera, elle aussi, hantée par ses propres démons.

Hard Candy est incontestablement un thriller psychologique atypique qui prendra bon nombre de spectateurs au dépourvu, en prenant le parti pris de renverser les rôles entre la (soi-disant) candide et innocente “victime” et son traditionnel “bourreau”. Après avoir jonglé avec un talent indéniable avec les apparences et les non-dits, l’intrigue soulève, au final, plus de questions qu’elle n’apporte de véritables réponses : tel est d’ailleurs le but du film. Il n’y a pas ici de “gentil” et de “méchant”, au sens traditionnel du terme, ni de quelconque jugement de valeurs porté à l’encontre des personnages. L’affrontement entre les deux protagonistes est une remise en question des valeurs et des préjugés. L’empathie que le spectateur éprouve forcément alternativement pour Hayley et pour Jeff est, à la fois troublante et dérangeante.

Pour mieux illustrer son propos, David Slade (dont c’est le 1er long métrage) a choisi de traiter ce délicat et épineux sujet, de façon réaliste et intimiste, tout en utilisant de nombreux gros plans pour mieux nous montrer la diversité des émotions par lesquelles passe le duo de personnages tout au long de leur affrontement. Le gore est complètement absent mais Slade joue avec brio sur le hors-champ pour faire monter la pression et mettre les nerfs du spectateur à vif. Malgré un certain nombre de raccourcis dans le scénario, Hard Candy atteint indéniablement son but, à savoir provoquer des réactions et faire en sorte qu’on s’interroge de façon différente sur le sujet abordé. Cette réussite est, en grande partie, dûe à son excellent duo d’acteurs qui fait toute la différence.

Josèphe Ghenzer

Hard Candy

Réalisation : David Slade

Avec : Patrick Wilson, Ellen Page, Sandra Oh, Jennifer Holmes.

Sortie le 27 Septembre

Durée : 1 h 43

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