Hannibal Lecter : Les origines du mal

Réalisateur: 

Human nature



Le silence de l’agneau

En Lituanie pendant le terrible hiver 1944, la famille Lecter quitte précipitamment leur château pour tenter de se mettre à l’abri dans leur maison de campagne, isolée au cœur de la forêt. L’armée allemande est en pleine débâcle et l’armée russe n’est pas bien loin. Hannibal Lecter, à peine âgé d’une dizaine d’années, et sa jeune sœur Mischa assistent, terrifiés et impuissants, à un raid aérien qui tue leurs parents ainsi que les rares serviteurs qui les accompagnaient. Les deux enfants désormais livrés à eux-mêmes survivent tant bien que mal jusqu’à l’arrivée d’une bande de déserteurs qui voient dans cette paisible chaumière une aubaine pour rester cachés jusqu’à la fin des hostilités. Pour avoir la tranquillité, ces hommes sans foi, ni loi, n’hésitent pas à enchaîner les deux enfants et à les traiter comme du vulgaire bétail. L’hiver est si rude que la famine ne tarde pas à se faire ressentir et la seule chose qui importe à ses soldats de fortune est d’arriver à survivre quel qu’en soit le prix, d’où l’idée qui germe dans leur esprit de “sacrifier l’agneau” que représente l’innocente mais “appétissante” Mischa.



Mémoire effacée

L’ironie du sort fit que la demeure familiale des Lecter se retrouva transformée en orphelinat par les Russes et que c’est justement là que le jeune Hannibal grandit dans la douleur de la perte de sa sœur. Huit ans après la tragédie, ne supportant plus les mauvais traitements et les brimades qu’on lui fait sans cesse subir, l’adolescent s’enfuit, traverse la moitié de l’Europe et arrive en France où il est recueilli par Lady Murasaki, la veuve japonaise de son défunt oncle et seule survivante de sa famille. Au fil du temps, elle va l’initier au code d’honneur des samouraïs et lui enseigner les arts martiaux dont le maniement du katana. Les années passent, Hannibal réussit brillamment ses études et s’inscrit en faculté de médecine où il devient maître dans l’art et la manière de disséquer les cadavres. Alors que tout semble aller pour le mieux, le jeune homme est toutefois régulièrement hanté par d’effrayants cauchemars au centre desquels figure toujours Mischa. Les terribles souvenirs que le traumatisme de la mort de sa sœur avait effacés de sa mémoire refont progressivement surface jusqu’au jour où tout lui revient. Dès lors, il n’a plus qu’une unique obsession : retrouver les assassins de sa sœur et se venger de ce qu’ils lui ont fait subir.



Cadavres exquis

Un jour au marché, un rustre manque de respect à Lady Murasaki et, en raison du lien affectif ambigu qui l’unit à sa tante, Hannibal va lui faire ravaler ses insultes. Une fois son premier meurtre perpétué, le jeune homme est surpris de découvrir qu’il commence à y “prendre goût”. La traque pour venger la mort de sa sœur va le mener aux quatre coins du monde et désormais plus rien ne l’arrêtera, même pas l’Inspecteur Popil, un policier qui est persuadé qu’Hannibal est l’auteur de plusieurs crimes atroces mais n’arrive pas à trouver les preuves nécessaires à son arrestation.

C’est donc au travers du parcours atypique d’un jeune homme, qui fut meurtri dans son enfance par les atrocités vécues pendant la Seconde Guerre Mondiale, que le spectateur assiste à la naissance d’Hannibal, “le cannibal”. Alors que Thomas Harris est pourtant l’auteur de cette histoire retraçant la jeunesse de son personnage légendaire dont la grande intelligence et le charisme, liés à sa cruauté, lui ont permis d’occuper une place de choix dans le Panthéon des serial killers de fiction, on a bien du mal à être convaincus par l’intrigue car, une fois la vengeance de la mort de sa sœur assouvie, rien ne justifie alors la mort d’autres victimes, innocentes celles-là, dans le futur. Il est difficile dans ces conditions de se convaincre que le Hannibal Lecter qui s’évapore dans la nature, à la fin de sa vendetta familiale, soit le même qui réapparaît des années plus tard dans Dragon Rouge.

Au niveau de la mise en scène, Peter Webber joue sur plusieurs “tableaux” : passant d’une tragédie personnelle vécue par un enfant sur fond de film de guerre au film noir des années 50 puis au film d’horreur lorsque Hannibal entame sa vengeance, une fois arrivé à l’âge adulte. A chacune de ces étapes correspond une ambiance particulière résultant du travail sur la photo avec toutes sortes de zones d’ombre où se déplacent les divers protagonistes. En outre, le film comporte un certain nombre d’invraisemblances, liées à la difficulté de reconstituer à Prague un Paris des années 50 vraiment crédible, Prague où s’est, en réalité, déroulé le tournage. Même si le regard halluciné et le sourire carnassier de Gaspard Ulliel le rendent crédible dans son interprétation d’Hannibal Lecter, il est quasiment impossible pour lui de faire oublier celle d’Anthony Hopkins qui l’a immortalisé, à tout jamais.

Hannibal Lecter : Les Origines Du Mal

Réalisation : Peter Webber

Avec : Gaspard Ulliel, Gong Li, Rhys Ifans, Kevin McKidd, Dominic West, Richard Brake, Stephen Walters.

Sortie le 7 février

Durée : 1h 55

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