Maison de soie (La)

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« Les aventures de l’Homme à la casquette plate et de la Maison de soie ont été, d’un certain point de vue, les plus sensationnelles de la carrière de Holmes. Seulement, à l’époque, il m’a été impossible de les raconter pour des raisons qui apparaîtront clairement au lecteur... Cependant, j’ai toujours eu le désir de les écrire, afin de compléter le canon holmesien. C’était impossible plus tôt : les événements que je vais décrire étaient trop monstrueux, trop choquants pour être imprimés. Ils le sont toujours aujourd’hui. Je n’exagère rien en affirmant qu’ils pourraient mettre à mal le tissu tout entier de notre société, ce qui, particulièrement en temps de guerre, est une chose que je ne peux risquer. Une fois ma tâche accomplie, à supposer que j’aie la force de la mener à bien, j’empaquetterai le manuscrit et je l’enverrai dans les coffres de Cox and Co., à Charing Cross, où certains autres de mes papiers personnels sont conservés. Je donnerai comme instruction que, de cent ans, le paquet ne devra pas être ouvert. Il est impossible d’imaginer à quoi le monde ressemblera alors, mais peut-être mes futurs lecteurs seront-ils mieux immunisés contre le scandale et la corruption que mes contemporains. Je leur transmets ici un dernier portrait de Mr Sherlock Holmes ». Dr John Watson.


Voir Anthony Horowitz écrire la première « nouvelle aventure de Sherlock Holmes » officiellement reconnue par les ayant-droits du cèlèbre détective de Baker Street n’est finalement qu’une demi-surprise. Il ne faut pas être grand clerc pour remarquer qu’aujourd’hui, ce sont bien les écrivains pour « jeune public » qui ont peu à peu repris le flambeau des auteurs « populaires » qui firent les beaux jours des journaux du siècles passé… et de celui d’avant. J.K. Rowling, Stephenie Meyer ou encore Suzanne Collins reprennent sans complexes les recettes appliquées par Conan Doyle, Agatha Christie ou encore Jean Ray.

Le tout était de savoir si Horowitz, ultra-connu à travers le monde pour sa série consacrée à Alex Rider, un espion de 14 ans, serait à même d’entrer dans les canons des 60 histoires (pas une de plus, quatre romans et 56 nouvelles) écrites par Arthur Conan Doyle. Car il est bien question ici d’une nouvelle aventure de Sherlock Holmes. Pas d’une réinvention (ça, le cinéma s’en occupe avec le bondissant Robert Downey Junior) d’un pastiche ou encore d’une actualisation (là, il fait aller chercher du côté de l’excellente série télé Sherlock).

Levons immédiatement le voile : oui, et mille fois oui, Horowitz s’avère à la hauteur du défi ! Avec sa galerie de personnages savoureux, du dealer d’arts Carstairs suivi de près par un étrange homme à la casquette plate, au gang d’Irlandais de Boston, en passant par l’aventurier américain forcément millionnaire, cette « Maison de Soie » offre un outre une histoire solide, quelques vrais moments de bravoure… Et surtout des détours savoureux mais totalement « vrais » - pas question ici de pastiche, on le répète – par des incontournables de l’univers holmsien.

Une vraie belle réussite donc, qui a du cœur et de la substance… Dommage qu’Horowitz ait clairement annoncé qu’il s’agissait pour lui d’un « one-shot ». Le succès changera-t-il la donne ?

La Maison de Soie de Anthony Horowitz, Calmann-Levy, 360p.

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