Déchirure (La)
Sous le charme et prise au piège...
Mon addiction aux cycles de Robin Hobb...
J’ai ouvert le livre. J’ai regardé la carte…. Et puis je suis entrée dans le royaume de Gernia. Ça y est, je suis tombée dedans, je vais devoir lire toute la série. Avec Robin Hobb, je suis toujours prise au piège, je devrais dire au charme des mots et des aventures. C’est comme si je retrouvais mon plaisir d’enfance quand je dévorais les livres d’aventures. Je résiste. Je voudrais trouver de bonnes raisons de laisser tomber pour ne pas avoir à guetter la moindre sortie de la suite. Je sais qu’avec Robin Hobb, on embarque toujours pour de longues traversées. L’Assassin Royal (13 volumes) et Les Aventuriers de la Mer (8 volumes). Et s’il y a une chose que je déteste (mais qui me fait plaisir en même temps), c’est cette attente de la suite.
Là, dans ce premier volume, on s’installe doucement. Confortablement… On fait connaissance avec les personnages, avec l’environnement. Inévitablement, on pense à la mythologie de la conquête de l’ouest : les cow-boys et les Indiens. Enfin, les puritains qui venaient d’Allemagne et d’Angleterre, tout en répulsion avec les instincts et la nature et les tribus sauvages de l’ouest en accord avec cette nature, en symbiose même.
Comment résister ? Même si le démarrage est peut-être un peu lent, je savoure… J’aime le talent de conteuse de Robin Hobb. Elle me promène par le bout des mots. Et je la suis. Parfois, je ferme les yeux et je la précède. Ensuite, je lis et je m’étonne ou je reconnais. Elle me fait ressentir son plaisir d’écrire, de narrer, de tisser les histoires bout à bout….
Jamère, notre jeune héros est un peu guindé au début de cette aventure. Son père veut le meilleur pour lui. Il veut l’initier à ce nouveau monde et le préparer à la guerre. Il lui fait vivre une initiation.
Je la partage. Je la rêve. Cette histoire parle de notre temps à nous, les hommes d’aujourd’hui qui ont coupé les arbres, déchiré la peau du monde, vidé la planète de sa substance… C’est une histoire d’aujourd’hui…
C’est l’histoire de peuples qui en rencontrent d’autres et tous se croient Le peuple civilisé. Chacun ayant une haute idée de sa culture. Là où l’on sent que le partage serait la solution, la rencontre, le métissage, il n’y a que la séparation…
Jamère, après son initiation, est un personnage beaucoup plus complexe. Et je n’ai pas envie de le quitter.
J’ai envie de revoir la Femme-Arbre qui me fascine, cette dame de la nature qui invite au respect d’elle-même. Et qui est prête à se mettre en colère…
Bon 358 pages plus tard, je sais que je vais devoir attendre jusqu’en janvier prochain. C’est rude. Et c’est que du plaisir d’attente aussi.
Je conseille ce livre à ceux qui aiment se laisser prendre par la main pour entrer dans un nouveau monde où ils décoderont le deuxième niveau de lecture….
Pour ceux qui se patientent entre deux Harry Potter, c’est une bonne alternative aussi.
Ces livres, que certains me reprochent d’aimer, c’est le plaisir simple de la lecture ludique. Le plaisir d’enfance quand les mots se sont révélés à nous, juste le temps après le déchiffrage, quand les livres ont ouvert l’univers de leurs pages. Certains auteurs, et Robin Hobb en fait partie, ont ce don de vous emmener par les mots, loin très loin….
Prochain rendez vous, le 5 janvier 2007 avec « Le Cavalier rêveur »
Robin Hobb, La Déchirure, Traduction : A. Mousnier-Lompré, Couverture : Christophe Vacher, 358 p., Pygmalion.