Secret de Crickley Hall (Le)

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Tout commence (à nouveau) lors de l’arrivée de la famille Caleigh dans ce coin reculé du pays, loin des souvenirs douloureux associés à leur existence londonienne. Le jeune fils d’Eve Caleigh a en effet mystérieusement disparu sans laisser de traces quelques mois plus tôt, plongeant cette femme, son mari américain (Gabe) et leur deux filles (Loren et Cally) dans un état dépressif dont ils souhaitent vivement s’extraire par un changement d’environnement. Pourtant, dès leur arrivée à Crickley Hall, une vaste et vieille demeure, plutôt sinistre, un sentiment oppressant s’empare d’eux sans qu’ils soient à même de déterminer son origine. Leur chien, par exemple, refuse absolument de résider en ce lieu et ne tarde par à fuguer. Quant aux deux jeunes filles de la maisonnée, elles établissent bientôt des liens étranges avec des entités surnaturelles, tantôt sympathiques, tantôt terrifiantes, qui semblent habiter elles aussi dans le bâtiment, comme retenues prisonnières par une présence maléfique…

Eve va peu à peu faire le jour sur l’histoire passée de Crickley Hall, qui n’est pas sans compter son lot d’horreurs. Durant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique a en effet pris la décision d’évacuer le maximum d’enfants à distance des grandes villes, de manière à ce qu’ils soient le moins possible exposés au « blitz » allemand. C’est ainsi qu’un groupe d’orphelins s’est retrouvé à occuper Crickley Hall, sous la direction du pour le moins sévère Theophilus Cribben et de sa sœur Magda, tous deux passablement dérangés. Punitions démesurément sévères, sévices physiques, antisémitisme ouvert constitueront le lot de ces malheureux. Jusqu’à l’horreur qui les frappa tous lors d’une terrible inondation qui ne laissa pas de survivants - hormis une Magda aphasique, recluse solitaire dans un hôpital psychiatrique…

Le moins que l’on puisse dire, c’est que James Herbert prend son temps pour nous détailler la montée en puissance de cette histoire de revenants aux tendances sadomasochistes. Ce qui lui permet de conférer à ses personnages une vraie profondeur psychologique. Revers de la médaille, le « punch » du récit en ressort quelque peu dilué. D’autant plus que ce n’est pas vraiment l’originalité qui caractérise ce roman. Si « Le Secret de Crickley Hall » ne démérite pas face à ses concurrents, il n’apporte pas non plus grand chose de novateur à un genre dont la plupart des sentiers ont déjà été parcourus à de multiples reprises.

Le talent de conteur d’Herbert est heureusement là pour nous faire oublier ces quelques réserves. Il parvient suffisamment à nous envoûter pour que nous ne lui tenions pas rigueur du caractère un rien insipide de son intrigue. Et puis le personnage de Theophilus Cribben n’est pas sans qualités. Ses agissements torturés inspirent une vraie terreur chez le lecteur, et c’est sur ses épaules que repose en grande partie le succès de ce sombre récit à réserver aux nuits d’orage.

James Herbert, Le Secret de Crickley Hall, traduit de l’anglais par Emilie Gourdet, 564 p., Bragelonne

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