Chasseurs de Dune (Les)
Depuis la mort de Frank Herbert, le cycle de Dune s’est étoffé au point d’avoir doublé en taille. Brian Herbert et Kevin J. Anderson nous ont d’abord proposé « Avant Dune », une honnête trilogie qui se lisait sans déplaisir. Et tant pis pour ceux qui ne l’ont pas vu comme ça. Puis vint la trilogie « Dune, la genèse », cycle qui est tellement éloigné des préoccupations du livre d’origine, que les deux compères auraient mieux fait de ne pas l’écrire. Et puis, voici enfin la (soi-disant) suite de "La maison des mères", que Frank Herbert n’a pas écrite. Cette suite est en deux tomes (Les chasseurs de Dune, le triomphe de Dune).
Je m’étais dit que lire « Les chasseurs de Dune » après une si longue attente était risqué. En 1985, « Les hérétiques de Dune » ne m’avait pas emballé, et l’année suivante « La maison des mères » n’avait pas mieux fait. Mais comme beaucoup de lecteurs captivés par l’univers de Dune, je les ai lus en me disant qu’ils n’auraient pas de suite après le décès de Frank Herbert. Mais voilà ! Un quart de siècle plus tard, Brian Herbert & Kevin Anderson nous sortent la suite présumée de ce cycle. On a donc droit à une tétralogie qui commence avec les hérétiques, et qui se termine avec le triomphe.
Mais revenons à « Les chasseurs de Dune ». Qu’en est-il de l’histoire ? De ce faux Dune, comme certains le diront. Il ne m’a pas été nécessaire de relire les deux tomes précédents pour comprendre l’histoire. Les deux auteurs, tout au long des cent premières pages, reviennent sur les événements passés. Et rapidement le contexte de l’histoire revient en mémoire. Mais que peut-on attendre dans un univers où Dune a été détruite, ravagée par les Honorées matriarches ? Où le Bene Gesserit doit cacher la position du système qui l’abrite, c’est-à-dire le Chapitre, et reconquérir les territoires conquis par les Honorées matriarches. Ou les Tlelaxus se comptent sur les doigts d’une main, et où les danseurs-visages servent deux maitres mystérieux.
Sur une période de deux décennies, « Les chasseurs de Dune » retrace l’exode de Duncan Idaho, du bashar Miles Teg (tous deux des gholas), et de la révérende mère Sheeana. À bord d’un gigantesque non-vaisseau, ils fuient l’ennemi d’ailleurs, accompagnés d’autres Bene Gesserit, d’un Tlelaxu, de vers des sables, de futars et d’humains. Pendant ce long voyage en quête d’une planète sur laquelle ils pourront s’établir, ils vont recréer les personnages qui nous ont captivés dans Dune. Paul Atréides, Chani, Leto II et leurs proches vont renaitre grâce à la science d’un Tleilaxu. De ces cuves Axolotl va renaitre les Kwisatch Haderach.
Pendant cette même période, Murbella, la Mère commandante du Nouvel Ordre (qui combine des Bene Gesserits et des Honorées matriarches), va petit à petit détruire toutes les enclaves des Honorées matriarches et rétablir l’ordre dans la galaxie. En parallèle, elle a fait transformer la planète du Chapitre pour en faire une nouvelle Dune sur laquelle des vers des sables évoluent. Le Nouvel Ordre contrôle donc la production d’épice et la distribue avec parcimonie, au point que la guilde des navigateurs envisage de trouver d’autres sources d’approvisionnement, quitte à utiliser la technologie plutôt que l’épice.
Dans une des enclaves des Honorées matriarches, un autre Tleilaxu crée des gholas. Celui de Paul Atréides, mais aussi celui du baron Vladimir Harkonnen. Sans parler qu’à partir de cellules appartenant aux maitres tleilaxus, il redonne vie à ceux qui sont parvenus à produire de l’épice artificielle. Derrière ces différents intrigues et enjeux, les danseurs-visages supervisent ces plans pour le compte de deux mystérieux vieillards qui recherchent toujours le non-vaisseau de Duncan Idaho.
Histoire lente, mais intéressante. Même si ce n’est pas du Frank Herbert, ça n’en reste pas moins lisible. Disons que la lecture de cette suite permet d’entretenir un certain intérêt pour le cycle. Les auteurs ont utilisé un tour de passe-passe pour nous proposer tous les personnages qui faisaient l’originalité de Dune. C’est trop facile, dirais-je. Avec cette méthode ils pourraient faire des suites à n’en plus finir et les lecteurs se lasseraient définitivement.
Est-ce un bon Dune ? Est-ce un grand Dune ? Il n’est pas mauvais, mais il n’atteint pas le niveau initié par Frank Herbert. Les deux auteurs allongent la sauce sous le prétexte de terminer ce que Frank Herbert n’a pas eu le temps de faire. Disons que ce livre a le mérite d’exister. En tout cas, il est suffisamment intéressant que pour vouloir lire le prochain et dernier livre du cycle.
À lire, si vous êtes un inconditionnel du cycle, ou si vous avez simplement envie de connaitre la suite de l’histoire. À ne pas lire si vous ne jurez que par Frank Herbert. Dans l’ensemble un livre intéressant. Reste plus qu’à lire « Le triomphe de Dune » et la boucle sera bouclée.
À noter que cette édition Pocket du livre a une très belle couverture.
Les chasseurs de Dune, Brian Herbert et Kevin J. Anderson, Pocket 2011, 670 pages, couverture de Pascal Casolari