Millecrabe

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Illustrateur / Dessinateur: 


Entamer un premier volume d’une trilogie long de plus de six cents pages et qui ne fera que mettre en place les données de l’histoire et construire le premier cliffhanger, c’est difficile. Quand on sait de plus que le second volume ne paraîtra que dans six mois et que, au bout de 400 pages, l’histoire se met à se traîner, on le met de côté pour le reprendre plus tard. C’est donc ce qui m’est arrivé, mais je ne désespère pas de repartir dans quelques mois.

Ceci étant ce premier volume nous présente donc les éléments essentiels de l’univers parallèle dans lequel se déroule cette histoire. Je dirais qu’il s’agit plutôt d’un univers parallèle que d’une uchronie, car il a visiblement été imaginé à partir du cadre dans lequel l’auteur veut placer l’histoire, pas à partir de la divergence imaginée. P-J Hérault voulait imaginer une autre guerre de 1945, entre l’Europe unie et la Chine nationaliste. Il a repris des caractéristiques de la situation franco-allemande de 1939, a élargi la République (qui ne serait que la deuxième, dans son schéma) à l’Europe augmentée de l’empire russe, a replacé la capitale à Kiev, fait du français la langue de l’Union et du Sénat une assemblée unique plutôt sur le modèle de l’Assemblée nationale de la troisième, puis a justifié ce cadre par une divergence double, où Napoléon 1er abandonnerait la poursuite des troupes russes en 1812 pour s’installer à Kiev, puis renoncerait à son titre d’empereur pour rétablir la République, imposajnt par la même son extension à toute l’Europe. Si la première divergence n’est qu’improbable, mais néanmoins envisageable si le stratège Bonaparte avait réalisé la largeur du piège représenté par l’étendue du pays et la rigueur de l’hiver russe, la deuxième me paraît totalement contraire au caractère et à l’histoire de Napoléon 1er. Il faut donc que nous soyons dans un autre univers, avec un autre Empereur Napoléon.
Nous avons donc un univers dans lequel la Prusse a disparu au profit d’une république d’Allemagne partie fidèle de l’Union. Union Européenne qui inclut les républiques asiatiques, comme le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, la Sibérie. L’ennemi depuis 1880, où l’empire chinois a conquis la Mongolie, c’est la Chine. L’empire s’est effondré après avoir perdu la Guerre continentale de 1915-1920, et désormais une dictature raciste, qui imite trop bien celle connue dans notre univers en Allemagne, et pour laquelle la race à exterminer est la race blanche, domine la Chine. Et, en 1945, elle déclare la guerre à l’Europe et lance ses colonnes à la conquête du monde.

Des analogies avec notre monde, des références plus ou moins modifiées, que je n’énumèrerai pas, remplissent le livre.

Et puis il y a une autre référence très déformée : parmi les personnages principaux de l’histoire, un certain nombre appartient à une grande famille de plus de 600 descendants d’un même officier de la Grande Armée, le « grand-oncle » Clermont. Cette tribu de X-Clermont (X représentant une variété de noms différents) est d’une certaine façon une reprise sous forme positive du mythe des « 200 familles » : du fait de leur discipline et de l’emploi total de leurs capacités, les « X-Clermont » sont dans toutes les administrations, toutes les entreprises, les universités, toujours parmi les meilleurs. Et il est normal que certains d’entre eux soient les héros de ce conflit, comme leurs parents ont été ceux de la Guerre continentale. Mais loin d’être, comme dans la rumeur des « 200 familles » une tribu d’accapareurs et de prédateurs de la société, ils sont, simplement, au nombre des membres les plus actifs et les meilleurs citoyens...

Une histoire qui devrait être très intéresante quand elle sera complète. Je n’ai pas abandonné la lecture, j’attends seulement de pouvoir profiter d’un coup de la totalité de l’histoire, pour ne pas la juger à tort sur une partie inachevée.

P-J. Hérault, Millecrabe, illustration Amar Jouad, 648 p., Interkeltia collection SF-Uchronie

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