Fils de l'air (Les)
Versailles, automne 1789. La famille royale française s’envole au moyen d’un ballon construit par Jacques Charles, le grand rival des frères Montgolfier.
Voilà le beau point de départ du dernier roman de Johan Heliot, et de cette nouvelle publication de la collection « Ukronie » chez Flammarion, décidément bien prometteuse. Notons que la famille royale, outre les souverains, se compose uniquement de Louis Junior (Louis XVII) et de sa soeur Charlotte (invention de l’écrivain, Louis XVI ayant eu deux filles dont aucune prénommée Charlotte). Tout le début du roman, inscrit dans une collection ’jeunesse’, participe du roman d’aventure : la famille, en compagnie du marquis de La Fayette, s’échappe vers les Etats-Unis au moyen d’un houleux voyage en bateau durant lequel Charlotte, héroïne du roman, rencontrera Robert Surcouf, le futur corsaire. Accueilli à Philadelphie par Benjamin Franklin, Louis XVI, devenu simplement Louis Bourbon, fondera la compagnie de ballons « Franklin & Associés » qui connaîtra un grand succès. Pendant ce temps, Napoléon conquiert l’Angleterre et même les Indes. Il est donc vécu comme l’« ennemi » par les Américains (dont Louis) qui, eux, s’allient avec George III, roi déchu aussi, et l’amiral Nelson. Après moultes aventures, durant lesquelles Charlotte retrouvera Surcouf, la guerre éclate. La dernière partie du roman, intitulée ’Une terre de liberté’ nous présente la vision de cette Amérique parallèle vue par les yeux d’un jeune garçon africain amené en esclavage aux Etats-Unis par un dirigeable napoléonien. Tout ce passage est particulièrement bien écrit par un Heliot en pleine possession de ses moyens. Le petit Zéké finira par arriver en pays d’Acadie, dirigé par son gouverneur Louis Junior, pays de liberté. Mais l’escapade du petit esclave sera-t-elle l’étincelle qui allumera une nouvelle guerre avec la France de Napoléon ? Réponse in fine de ce roman palpitant qui, d’une certaine manière, rappelle un peu Reconquérants par la fondation d’un monde totalement étranger à l’Histoire que nous connaissons.
Heliot, à nouveau, réussit un petit bijou dans ce genre qui manifestement prend de plus en plus d’ampleur. Pour le plus grand bonheur des amateurs d’évasion.
Johan Heliot, Les Fils de l’air, ill. De Benjamin Carré, Flammarion coll. « Ukronie »