Hannibal, les origines du mal

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Lors de la sortie d’Hannibal, le troisième roman de Thomas Harris à mettre en scène le Dr Lecter et ses exactions, j’avoue avoir eu toutes les difficultés du monde à m’attacher à cette lourde histoire de vengeance fomentée par un milliardaire reclus.


Harris quittait alors les rivages du thriller de serial killer pour entrer de plein pied dans une sorte de compte-rendu morbide et faussement provocateur de la vie d’un assassin. _ Un assassin qui, paradoxalement, n’a jamais été aussi intense et fascinant que lorsqu’il se trouvait derrière les barreaux ! C’est également dans Hannibal que Harris effleurait, déjà, le concept des origines du Mal et d’une tentative d’explication du comportement de son monstre moderne.

Aujourd’hui, pour un retour coordonné sur les grands écrans et dans quasi toutes les librairies du monde, le passé d’Hannibal devient le centre névralgique de tout un roman… profondément ennuyeux !

Attention, je ne fais pas partie de cette catégorie de lecteur qui exige d’un écrivain qui creuse, encore et toujours le même sillon et loin de moi l’idée de critiquer le choix de Thomas Harris de s’éloigner plus encore ici de l’enquête policière ou du suspense horrifique. Il faut d’ailleurs admettre que lorsque vous avez Le Silence des Agneaux sur votre C.V., vouloir faire encore plus fort s’avère sans doute du domaine de l’impossible exploit.

Mais tout de même… De là à tricoter un opus qui ressemble à une adaptation vite faite de scénario (c’est le cas, Harris a bouclé le script avant de s’atteler au roman…), où les personnages ressemblent pour la plupart à des archétypes (le soldat pervers, le traître, l’oncle bienveillant, les vilains copains d’orphelinat, la tante mystérieuse et sensuelle…), où la pseudo intrigue démarre enfin après 200 pages d’exposition et où les métaphores faciles se disputent les soudains changements de ton pas toujours compréhensibles, il y a de la marge.

D’autant que l’on parle ici d’Hannibal Lecter. Une figure devenue quasi mythique par le biais du Silence des Agneaux. Un tueur en série entouré de mystère dont la force résidait dans l’apparente « pureté » de son caractère déviant. Hannibal était le Mal incarné et tout le monde se fichait de savoir pourquoi. Mieux, sans explication, la « bête humaine » n’en devenait que plus effrayante. Avec Hannibal, puis avec ces Origines du Mal, Thomas Harris essaie de nous « vendre » son personnage avec une complexité, un fond, une série de justifications à rebours qui déçoivent plus qu’elles n’intéressent.

Parce qu’évidemment, ce qui est montré n’est jamais aussi puissant que ce qui reste du domaine de l’imaginaire. Ce qui s’explique ne fait plus peur. Pire, lorsque l’explication devient laborieuse, comme dans ce nouveau volume, l’intérêt s’étiole…

Allez m’sieur Harris, laissez tomber tous ces juteux contrats d’adaptation cinématographique et réinventez nous un thriller qui fout la frousse ! On attends que ça !

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