Grupp

Avant toute chose, je remercie les éditons Syros de m’avoir permis de découvrir Yves Grevet au travers de son dernier roman : Grupp. Forcément, ce n’était pas la première fois que j’entendais parler de cet auteur aux nombreux ouvrages réputés, mais bien la première que je me lançais dans un écrit de sa plume. J’ai vraiment apprécié ma lecture, bien que parfois pas tout à fait assez recherchée à mon goût sur certains points.

Mettez-vous à la place de Stan : grâce à l'implant LongLife, comme tous ses amis et ses proches, il ne craint ni la maladie ni les accidents et peut atteindre l’âge de cent ans en menant une petite vie tranquille. Est-ce que ça ne donne pas envie ? Maintenant, essayez de penser comme Scott, le grand frère de Stan : voulez-vous vraiment que vos battements de cœur soient contrôlés à tout instant ? Vous sentir traité comme un être irresponsable, fragile, et que l'on décide à votre place ce qui est bon pour vous? Si la liberté et la part du hasard valent plus à vos yeux que votre sécurité, faites-le savoir. Rejoignez le Grupp.

Le lecteur est immiscé dans un monde futuriste mais totalement plausible. L’Homme a toujours cherché la sécurité, à vaincre les maladies, à vivre plus longtemps, plus paisiblement : mais si c’était possible, quel prix cela nous couterait-il ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller ? Cet écrit traite justement des limites de chacun en matière de contrôle. Le gouvernement a planté une puce à chaque membre de la population, lui instaurant ainsi une marge de manœuvre pouvant aller de dix mètres à plusieurs kilomètres, une analyse de santé chaque matin, une régulation du poul, qui permette d’éviter les violents excès de colère, les enlèvements et toutes sortes d’autres choses… C’est le beau côté de LongLife.

Viens ensuite le Grupp, groupe résistant contestant ce contrôle omniprésent, oppressant. Et de plusieurs points de vue découle le nôtre : que ferions-nous ? En serions-nous ravis ? Je trouve ce point très intéressant, dans le sens où ce roman fait référence à des sujets actuels, comme celui proposant d’instaurer une puce aux personnes atteintes d’Alzeimer pour éviter qu’elles ne se perdent. Il nous permet ainsi d’observer une mise en scène de ces projets futurs, où les points positifs sont mis en avant mais où le négatif émerge peu à peu…

Grupp est composé de trois points de vue. Nous commençons avec Stan, le petit frère de Scott dont la vie est très vite chamboulée… Stan est un adolescent curieux mais disposant de peu d’informations. Sa curiosité le pousse néanmoins très vite à se lancer dans une mission où plusieurs questions trouveront enfin réponses… Ainsi, le lecteur découvre l’univers petit à petit, par l’œil naïf et conditionné de Stan, et sa propre curiosité est titillée.

Mais, lorsque vient l’avis de Scott, nous sommes tirés en arrière, pour compléter des passages du roman que nous n’avions découverts que d’un point de vue, ainsi tout s’éclaire, la surprise ne se fait pas attendre et l’action non plus. On découvre bien des travers de la société, des manigances, des mensonges, mais aussi beaucoup d’amour…

J’avais bien parlé de trois points de vue, à vous de découvrir à qui le troisième appartient… Moi, je vous parle maintenant de ce que j’ai moins apprécié !

Tous ces sujets sont donc réalistes et pour au mieux les intégrer, il est important que l’auteur utilise une psychologie recherchée, vraisemblable. Elle l’était sur beaucoup de points, c’est vrai, mais disons que, sans doute par manque de temps au vu de tout le contexte à développer, il m’est arrivé de grimacer face à la réaction de certains personnages ou face à certains événements résolus de manière un peu trop facile. C’est réellement le seul point que je relève, qui aurait pu, pour moi, être facilement amélioré.

Maintenant, que ce soient le rythme, le fil conducteur ou encore l’écriture : tout était bien mis en place et adapté ! Une écriture simple, accompagnant agréablement le genre jeunesse du roman, un rythme comme décrit plus haut où le cheminement des informations a le temps de se faire et où le suspense n’est ni trop présent ni pas assez.

En résumé, ce livre est presque un coup de cœur. Il en aurait fallu de peu, mais tant pis : je laisse cette chance à un autre roman de Yves Grevet ! Parce que, non, je n’ai pas envie de m’arrêter là. Je conseille cet écrit aux adolescents surtout, je pense que c’est le public qui appréciera le mieux. Une bonne lecture, agréable et réfléchie, pour le soir après une longue journée à l’école ! Et que ça ne vous monte pas à la tête !

Grupp, par Yves Grevet, éditions Syros, août 2017, 528 pages, 9-782748524055, 17,95€