Grand vaisseau (Le)

Voici un roman qui, plus qu'aucun autre de ceux que j'ai lus, pose les questions de la rédaction d'une histoire post-singularité, de la compréhension des actes et des pensées de héros post-humains : quelles sont les motivations et les sentiments qui vont animer des post-humains, qui sont presque immortels, peuvent entreprendre des projets s'étalant sur des millénaires et en voir le résultat, peuvent ressusciter si une partie suffisante de leur cerveau a été sauvée, disposent d'ajouts mémoriels ou perceptifs, etc. Et, de surcroît, évoluent dans un monde différent, le Vaisseau géant, trouvé vide et à la dérive, et aujourd'hui peuplé de millions, voire de milliards, d'êtres intelligents d'espèces variées, équipage et passagers. Vaisseau géré par une Maîtresse Capitaine humaine, assistée de Sous-maîtres et Sous-maîtresses humain(e)s et de Capitaines humain(e)s, mais aussi d'autres espèces. Et le roman raconte une histoire qui dure plusieurs millénaires de luttes pour le pouvoir, mais aussi pour la connaissance, la compréhension de ce qu'est le Vaisseau, de ce qu'ont pu être ses Constructeurs.

Mais une telle histoire est-elle racontable avec des mots humains ? En tout cas Robert Reed a relevé le défi et le résultat en est une œuvre exceptionnelle.

Le grand vaisseau, de Robert Reed, traduction de Michel Demuth, Livre de Poche SF n°33337, 2014, 634p., couverture de Stéphane Martinière, 8€60, ISBN 978-2-253-19502-3