GUNZIG Thomas 02
Ton roman peut s’apparenter à une critique de la société. L’écrivain ou l’homme que tu es, est-il choqué par le monde ?
Oui, bien entendu... Comment ne pas être choqué au quotidien par le monde. Il contient plein de choses merveilleuses, mais il est aussi terriblement brutal et cruel...
Tu as un regard critique concernant notre société de consommation. N’es-tu pas un « homo consommateur » ?
Je suis un pur consommateur. D’ailleurs j’adore les grandes surfaces, j’aime aussi m’acheter des choses, ça va du liquide vaisselle à un gadget high tech. Il n’empêche que cette société qui s’est construite depuis l’après-guerre, cette société du commerce et de la marchandise, a comme gros défaut de laisser l’humain sur le côté. Cela dit, je n’ai pas vraiment d’idée d’alternative... J’ai l’impression que, jusqu’ici, tous les modèles de société finissent par mal tourner.
Comment t’es venue l’idée d’écrire ce livre ?
Comme je le disais, j’ai toujours aimé les grandes surfaces, depuis que je suis tout petit. J’ai eu envie d’un roman qui ait une grande surface comme décor...
Tu parles pas mal « d’améliorations génétiques » par rapport à l’être humain. Penses-tu que cela soit réalisable ? Et si tu devais améliorer ton propre corps, ce serait comment ? Avec quel animal t’associerais-tu ?
Franchement, je ne sais pas si c’est possible. Mais si c’est possible, il est probable que ça se fera. Et bien entendu, j’adorerais m’améliorer moi-même. J’aimerais être plus souple, plus fort, résister à la fatigue, avoir une meilleure vue et une meilleure audition. Résister au froid, à la faim, à la soif... Les possibilités sont infinies...
Arnold Schwarzenegger, dont tu parles à différentes reprises dans ton livre, est-il une de tes idoles ?
Dans une certaine mesure, oui. Quand j’étais plus jeune, j’étais très fan de ses rôles dans Conan ou Terminator. Plus tard, je l’ai découvert dans Pumping Iron et on comprend à quel point il est autre chose qu’un culturiste. Il est terriblement intelligent et il a un charisme étonnant. Il incarne assez bien ce que notre société est devenue : une société de la performance et du cynisme.
On sent peut-être poindre aussi La ferme des animaux de George Orwell.
Je ne sais pas... Je ne l’ai jamais lu.
Les loups de ton roman sont-ils une référence au Petit Chaperon rouge, à la bête du Gévaudean ?
Non. Pas vraiment. Disons que le loup évoque beaucoup de choses. À la fois le sang, la peur, la mort, la violence. Mais aussi la nature, la vie sauvage, la liberté. J’aimais bien cette ambivalence.
Tolstoï est-il un de tes écrivains préférés ?
Je n’ai lu que le début de Guerre et Paix, mais je n’ai pas su terminer. Finalement, je crois que Tolstoï incarne assez bien l’image du « grand écrivain ». C’est pour ça que je m’en suis servi à un moment.
Thomas Gunzig est-il quelqu’un à la vision optimiste malgré tout ?
Heuuu... Disons qu’une fois qu’on sait qu’on va tous mourir sans doute dans d’affreuses souffrances et déçu de la vie qu’on aura menée, on peut se détendre un peu et profiter du temps qu’il nous reste...
Pourquoi écris-tu ?
J’aurais bien fait autre chose, mais aujourd’hui je crois que je suis trop vieux pour changer d’orientation.
Des chroniques, des romans, des pièces de théâtre, tu t’y retrouves dans tout ça ?
Oui. J’essaie de m’organiser et d’être régulier dans le travail. Mais honnêtement, il y a des jours où j’aimerais ne rien écrire du tout.
Tes projets ?
Évidemment, j’ai un roman en tête. Mais il est trop tôt pour le commencer. J’ai terminé un spectacle qui se jouera en février. Et aussi un scénario qui devrait se tourner en juin. Sinon, j’aimerais aussi réaliser un film. J’ai l’histoire, il ne me reste qu’à la scénariser... Et puis, il y a plusieurs projets de spectacle en cours...
Critique du manuel d’usage pour les incapables ici