Sardine de l'espace

Supermuscleman dirige l’univers. A chaque élection, il enfile son beau costume de latex avec un cœur dessus et sa grande cape noire toute soyeuse. Il fait plein de beaux discours. Il sert plein de mains avec son ceinturon multi paluches. Supermuscleman déteste ça, bien sûr. Mais que ne ferait-il pas pour rester le maître de l’espace. Une fois sur le trône de l’univers, Supermuscleman retrouve ses bonnes vieilles habitudes. Il dresse des péages sur les autoroutes de la voie lactée et vole les étoiles qui font rêver les enfants pour en faire d’horribles décorations militaires ! Ah ! Nous sommes déjà bien loin, des beaux discours, n’est-il pas ?! Mais attendez, comme tout tyran de la galaxie, il nourrit un grand projet, celui de voir tous les enfants devenir de gentilles petites créatures inoffensives, inodores et incolores. Pour atteindre ses ambitions, il s’entoure du plus ignoble des scientifiques, le Docteur Krok. Ce dernier fabrique des machines toutes plus monstrueuses les unes que les autres. Imaginez des machines à laver la cervelle. On y plonge votre bambin malpoli, turbulent et tout ce qu’on veut, on lui balance de la lessive « spécial intox », on lui rince la cervelle, on l’essore et quand il sort, il est tout mimi, complètement gâteux et prêt à se gaver de bêtises à la télé, sur de la musique commerciale. Oh ! Quel bonheur de ne plus l’entendre brailler ! Quelle joie de ne plus devoir lui courir après ! – hum, pardon… je m’égare – Heureusement, Sardine de l’espace ne l’entend pas de cette oreille !

« La nouvelle bande dessinée » doit ses lettres de noblesse à des auteurs aussi prolifiques que Joann Sfar. Et maintenant qu’il est connu, qu’il nous couvre de bds toutes plus géniales les unes que les autres, il s’associe à de nouveaux petits génies de la bd comme Emmanuel Guibert. Ce jeune homme de plus de 40 ans est l’auteur du « Photographe », cet excellent récit moitié bd, moitié photos, racontant le périple d’un photographe dans l’Afghanistan occupée par l’armée soviétique. L’association Guibert-Sfar, cela donne « Sardine de l’espace », un truculent mélange de SF et de satyre, mettant en avant les travers de l’éducation à l’ancienne, autrement dit de l’obéissance bête et disciplinée encore pratiquée – il paraît – dans certaines sphères de notre société. Une bd qui s’amuse également à casser tous les clichés, à proposer de la diversité aux enfants et à leur rendre leur part d’insouciance. Et qui, avant tout, vise à les faire rire tout en lisant, à des années lumières de la sacro-sainte bible !

Titre :Sardine de l’espace – tomes 1 à 3
Scénario : SFAR Joann et GUIBERT Emmanuel
Dessins : GUIBERT Emmanuel
Couleurs : Walter
Editeur : Dargaud
Parution : juin 2007
Nombre de pages : 126