Monde extraordinaire des contes de fées (Le)

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Il était une fois un univers féerique…

Un monde où les bottes de sept lieues étaient moins rapides que d’étranges carrioles que l’on nomme voitures. Où les miroirs magiques avaient moins de puissance que de petites boîtes lumineuses appelées téléviseurs. Où l’homme, plutôt que de décrocher la lune, était gentiment parti gambader à sa surface.

Ce monde, c’est le notre - et l’on a peut-être trop souvent tendance à le déclarer désenchanté. Ce n’est pas parce que nous nous sommes habitués à de tels miracles qu’ils ne relèvent plus pour autant du domaine du merveilleux.

Toutefois, en dépit des prodiges quotidiens qui nous environnent, nous ressentons tous à un moment ou à un autre le besoin de nous lover au coin d’un bon feu de cheminée, afin d’écouter un conte de fées « à l’ancienne ». Un de ces récits ponctués de princesses enjôleuses, de dragons cracheurs de feu et de forêts impénétrables peuplées d’êtres mystérieux. Les vertus de ces récits ayant traversé les âges dépassent de loin le simple déballage des merveilles qu’ils énumèrent. Leur message est plus fondamental que cela. Il entrent en résonance avec notre « moi » le plus profond, avec cet « inconscient collectif » dont nous parlait Jung.

Anne Gugenheim-Wolff décortique l’essentiel des thèmes caractéristiques de ces contes de fées (du moins, de ceux originaires d’Europe de l’Ouest), qui sont loin d’avoir les enfants pour seul et unique public. Elle nous explique ce qui les différencie des mythes et des légendes, avant de se lancer dans une énumération des personnages (le père, la mère, la marâtre…), des êtres merveilleux (les fées, bien sûr, mais aussi les ogres, les lutins, les dragons…) et des lieux (le château fort, la forêt, la masure…) qui sont autant de repères balisés dans ces univers connus de tous.

Elle se penche ensuite sur la symbolique qui imbibe en permanence ces contes, tant au niveau de la numérologie (importance des chiffres 3 et 7), qu’à celui de l’alchimie ou des miroirs (révélateurs des aspirations profondes de ceux qui les utilisent). Elle brosse un rapide portrait de leurs multiples adaptations, tant sur scène qu’au cinéma (avec par exemple « La Belle et la Bête », de Jean Cocteau). Pour finir, elle nous dit quelques mots des différents essais d’interprétation psychanalytique de ces œuvres issues de l’oralité (en citant Freud, Jung et Bruno Bettelheim).

Il ne s’agit pas là d’un ouvrage destiné aux érudits de la question, mais d’une excellente introduction à ces histoires fabuleuses. La lecture de ce livre nous permet de nous replonger dans les récits de Perrault et des frères Grimm, pour ne citer que les plus célèbres compilateurs de contes de fées des siècles derniers.

Un agréable retour aux sources qui permet de mettre un peu d’ordre dans le foisonnement des contes originaires de toutes parts.

Anne Gugenheim-Wolff, Le Monde extraordinaire des Contes de Fées, 147 p., Editions De Vecchi

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