Sagesses et Malices de Tchantchès, Tête de bois

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Tchantchès, d’après une tradition locale émaillée de bien naïfs anachronismes, est né à Liège, de façon miraculeuse, le 25 août 760 : il vint au monde entre deux pavés du quartier d’Outre- Meuse, actuellement République Libre d’Outre-Meuse. Les braves gens qui le trouvèrent furent merveilleusement étonnés de l’entendre chanter, dès son entrée dans la vie. C’était un bébé joufflu, goulu, riant sans cesse ; toutefois, il boudait à la seule vue de l’eau. Pour le rendre tout à fait aimable, son père adoptif lui faisait sucer un biscuit trempé dans du pèkèt. Il le sevra avec un hareng saur et son pupille en contracta, pour le restant de ses jours, une soif inextinguible.

Comme tous ceux qui sont appelés à une grande destinée, Tchantchès connut les déboires de l’existence : à la cérémonie du baptême, la sage-femme lui cogna si malencontreusement le nez sur le bord des fonts sacrés que l’appendice nasal du pauvre enfant se mit à s’allonger démesurément et le faciès de l’innocente victime en devint ridicule au point qu’il servit de modèle pour les masques de carnaval. Plus tard, atteint de la rougeole, le bambin fut obligé de prendre de l’eau ferrugineuse : constant guignard, il avala un morceau de fer à cheval qui lui resta dans le gosier. Dès lors, il ne sut plus tourner la tête que de gauche à droite et de droite à gauche, il dut désormais se mettre à plat ventre pour fixer le sol et sur le dos pour regarder en l’air. […]

Après une franche ripaille, il mourut de la grippe espagnole et fut enterré à l’endroit même où s’élève son monument, place de l’Yser. Rien n’a pu le terrasser, ni même l’amour, car il resta célibataire, ni même la vieillesse, il s’éteignit à l’âge de 40 ans ! Regretté par toute la population, il est resté le prototype du vrai liégeois : mauvaise tête, esprit frondeur, grand gosier, ennemi du faste et des grandes cérémonies, farouchement indépendant, mais cœur d’or et prompt à s’enflammer pour toutes les nobles causes.
Jean Bosly, sur le site du musée de Tchantchès.

Tchantchès : déformation enfantine du prénom dialectal Françwès (François).

Voici un recueil pour les grands comme pour les petits avec 39 petites histoires qui illustrent non l’esprit belge, mais bien l’esprit liégeois.

Liège garde un esprit de principauté, un peu comme Monaco et Tchantchès y est, comme d’autres personnages folkloriques, un ensemble de ce qui fait le côté savoureux d’une culture.

Non, on ne critique pas le folklore : on aime, on aime pas, on rit, on trouve cela simplet mais on ne peut émettre qu’un avis épidermique.

Initiez les jeunes et moins jeunes à l’esprit surréaliste belge avec des extraits comme celui-ci :
- "Pourquoi les lièvres courent-ils si vite, à ton avis, demande Gusse à Tchantchès.
- Pour ne pas être dépassé par les tortues répond Tchantchès".

Et là si cela ne vous fait pas sourire... passez votre chemin, le péket n’est pas pour vous !

Sagesses et malices de Tchantchès, tête de bois par Gudule et Dominique Maes, illustré par Dominique Maes, Albin Michel

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