Mécanique du Talion (La)
C’est l’histoire d’un mec… d’un flic plus exactement, du genre à fermer les yeux sur les méfaits dont il est témoin pourvu qu’il touche les honoraires assurant sa discrétion, du genre à tremper dans tous les trafics lucratifs de Larsande, planète dont il est – fort opportunément – le chef de la sécurité. Du genre à s’être, au fil du temps, constitué un confortable pactole de nature à améliorer sa maigre retraite de fonctionnaire. Du genre enfin à avoir trempé les pattes dans un pot de miel qui, cette fois, lui était vraiment interdit.
Et que croyez-vous qu’il arrivât ? De grosses emm… Les propriétaires du pot de miel, peu amènes et fort bien équipés, désireux de connaître l’étendue des connaissances de notre fonctionnaire corrompu tueront ses lieutenants avant de le capturer, puis le tortureront sans répit, un médikit assurant la survie de leur victime. Ce faisant, ils créeront un monstre.
Se servant de son accès neural au réseau, Léodor Kovall – abandonné pour l’exemple par ses tortionnaires toujours relié au médikit – mettra en effet en place le processus qui lui permettra de poursuivre une vengeance à laquelle il aspire désormais plus que tout. Greffes en séries, reconstruction osseuse, musculaire et organique viendront reconstituer un corps pelé comme un oignon, tandis que – pendant ce processus aussi long que douloureux – Léodor Kovall abandonnera bien plus que son identité en devenant Valrin Hass.
Cet être sombre, sorte de psychopathe monomaniaque souffrant d’ataraxie, se lancera à la poursuite de ses tortionnaires avec la ferme intention de les tuer jusqu’au dernier. Ah oui, avant de le faire, ne surtout pas oublier de les remercier pour avoir fait de lui ce qu’il est devenu… Cette incarnation vivante de l’adage « qui veut la fin veut les moyens », se souciant comme d’une guigne des victimes qu’il laisse sur son passage, volonté entièrement tendue vers cette loi du talion qui rythme désormais sa vie se lancera avec acharnement sur la seule piste qui s’offre à lui, celle d’une femme qu’il a accepté de cacher…
Qui est cette femme, que le simple fait d’avoir vu conduit à être affreusement torturé ? A qui obéissaient ces tortionnaires et quels sont les buts de ces commanditaires ? Quand il débusquera ces derniers, devra-t-il juste les tuer, les torturer, ou également exterminer leurs familles ?
Laurent Genefort poursuit avec cet excellent livre la description de son univers spatial, reprenant quelques éléments de ses précédents ouvrages et l’approfondissant par l’intermédiaire de son héros. Bien évidemment, ce dernier terme est quelque peu abusif en l’occurrence. Mieux vaudrait parler de machine, tant Valrin Hass a volontairement et systématiquement éradiqué l’humain en lui, devenant ce faisant une mécanique incarnée, celle du talion.
Interview 1 ici
Interview 2 ici
Critique "Ascension du serpent"
Laurent Genefort, La Mécanique du talion, Couverture : Manchu, 384 p., L’Atalante