Prince Noir (Le)

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Ce très bon roman de David Gemmell - auteur britannique aujourd’hui décédé, champion tout terrain d’une « heroic fantasy » volontiers martiale, quoique non dénuée de subtilités politiques - nous entraîne à nouveau dans la Grèce antique de Parménion (dit le « strategos »), le talentueux général spartiate au service de Philippe II de Macédoine. Il poursuit en effet l’intrigue narrée dans « Le Lion de Macédoine », auquel il donne une conclusion où le fracas des armes n’a d’égal que les manigances de l’Esprit du Chaos pour s’emparer de l’âme d’Alexandre le Grand, le valeureux fils de Philippe… ou plus exactement de Parménion, si l’on en croit la version ici proposée par Gemmell !

Tout commence avec l’enlèvement dudit Alexandre par des sbires du Dieu Noir. Le jeune prince est transporté dans une Grèce située dans un univers parallèle. Une Grèce où les légendes sont réalité. Une Grèce qui porte le nom « d’Ægéa », où les Minotaures, Gorgonnes, Centaures et autres personnages mythologiques (les créatures de l’Enchantement) côtoient les êtres humains dans leur quotidien sans que cela suscite le moindre haussement de sourcil.

Dans ce monde, Philippe s’appelle « Philippos », et il est le Roi-Noir - un être malfaisant lancé dans une interminable série de conquêtes sanglantes et cruelles. Son principal objectif consiste à mettre la main au plus tôt sur Alexandre. En Ægéa, le prince est en effet devenu « Iskandre » - le seul individu capable d’ouvrir le Portail des Géants, unique moyen pour les créatures de l’Enchantement, vouées à disparaître autrement, de quitter ces terres où la magie se meurt peu à peu.

Dès l’annonce de son enlèvement parvenue aux oreilles de Parménion, ce dernier s’élance à sa recherche, secondé par Attalos, le fourbe champion de Philippe, qu’il apprendra progressivement sinon à respecter, du moins à apprécier. Ces deux héros pourront de surcroît compter dans leur quête trans-dimensionnelle sur le soutien plus ou moins masqué d’Aristote, le célèbre philosophe, précepteur d’Alexandre durant son enfance, qui en sait peut-être plus sur les événements en cours qu’il ne souhaite d’emblée en divulguer…

Il va sans dire que les embûches seront nombreuses sur leur chemin, de même que les batailles. Parménion devra ainsi convaincre les créatures de l’Enchantement - et tout particulièrement Gorgonne, la plus terrible d’entre elles - de les suivre, lui et Alexandre, jusqu’au Portail des Géants. Il devra aussi prendre la place de son double en ce monde (mort au combat), qui à l’inverse de ce qui lui est arrivé en Grèce est devenu roi de Sparte. C’est d’ailleurs à la tête des armées de la fameuse cité du Péloponnèse - auxquelles il donnera une touche de démocratie, en les renforçant de l’ensemble de la population d’esclaves de la ville – qu’il affrontera les hordes du Roi-Noir lors d’un engagement décisif pour l’avenir de Sparte et de ses habitants. Autant dire que son emploi du temps lors de son séjour en Ægéa ne lui laisse guère le temps de profiter du paysage !

Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, les péripéties en ce lieu de notre brochette de héros ne constituent pas l’intégralité de ce roman. Elles se poursuivent ensuite sur plusieurs centaines de pages, alors qu’ils ont définitivement quitté cette Grèce enchantée pour revenir parmi nous. Cela confère un côté un peu bancal à la construction de cet ouvrage, qui n’a toutefois rien de déplaisant : il n’existe heureusement pas qu’une seule manière de raconter une histoire !

Que l’on apprécie ou non cet agencement hors-norme des diverses parties de l’intrigue, on ne saurait en revanche dénier à Gemmell un souffle épique qui nous emporte tout au long des pages du « Prince Noir ». L’histoire est dense et prenante, les personnages attachants ou révulsants, les enjeux cosmiques. Ce roman est donc chaudement recommandé à quiconque souhaite s’évader à travers le temps et l’espace pour aller à la rencontre d’individus hors du commun, qui vivent des aventures exaltantes, pleines de magie et d’émerveillement.

David Gemmell, Le Prince Noir, traduit de l’anglais par Eric Holweck, 391 p., Mnémos

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