Homme de Barbarossa (L')
Alors que "Tomorrow Never Dies", le nouveau James Bond, avec toujours Pierce Brosnan dans le rôle principal, s’annonce plus proche que jamais des canons américains de l’action-movie, le nouvel opus des aventures de l’agent secret de Sa Majesté, aux éditions Lefrancq, renoue avec une noirceur et une froideur que n’aurait pas reniées Ian Flemming en personne. Embrigadé dans une sombre histoire de déstabilisation du nouveau régime russe qui plonge ses racines dans les atrocités de la Seconde Guerre mondiale et qui postule que la détente entre les divers services secrets du globe n’est pas de tout repos, Bond aura fort à faire pour ne pas perdre la boule (et la vie !) dans un véritable sac de nœuds où double trahison et coups de couteaux dans le dos sont monnaie courante.
Une fois n’est pas coutume, John Gardner mène son intrigue avec intelligence, devance souvent son lecteur et ne sacrifie qu’à la fin du roman à l’incontournable feu d’artifices pyrotechnique qui satisfait surtout les amateurs de Bond sur grand écran. Pas vraiment d’esbroufe ni d’action haletante donc dans cet "Homme de Barbossa", mais une atmosphère tendue à l’extrême où les marchandages vicieux et les alliances bancales mêlent les fils d’une intrigue noire comme le sang des espions. À lire sans doute, pour découvrir que James Bond n’est définitivement pas un action-hero de plus dans une galaxie qui en compte déjà beaucoup.
Lambert Cyclophone
James Gardner, L’Homme de Barbarossa, Lefrancq Poche/James Bond.