Esperanto

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A Esperantia, le jeu a remplacé la guerre. Bientôt 80 ans que les derniers conflits ont éclaté et que le sang a coulé. Au milieu du fleuve trône La Pacifique, une statue, ôde à la paix retrouvée. Un jour, un homme arrive à Esperentia. Il lance un nouveau jeu sur le marché, La Seconde Guerre Mondiale. Le monde d’Esperantia n’a jamais connu de première guerre mondiale. Du coup, le jeu intrigue, fascine et des années après, des millions d’habitants se lancent dans de folles parties de Seconde Guerre Mondiale.

"Esperanto" nous propose une vision parallèle à notre monde. Imaginons que les peuples du passé aient pressenti les effets meurtriers d’une guerre mondiale. Des millions de morts, la bombe atomique, les camps de concentration. Ils s’épargnent une telle horreur en fondant leur civilisation sur le jeu. Un conflit avec son voisin ? On le règle en faisant une partie d’échecs. Un conflit avec l’administration ? On le joue aux cartes. Toute l’économie se construit autour du jeu. Des industries fabriquent des pions, d’autres des plateaux de jeu, d’autres encore des cartes, des dés, etc, etc. Puis, une fois que la ville d’Esperantia ressemble à toutes les mégalopoles, de nouveaux conflits naissent et se font de plus en plus tenaces. Des ouvriers exploités par une bourgeoisie industrielle dominante se rebellent. Pas de violence, mais le jeu est dans la rue cette fois-ci. Un jeu qui consiste à manifester à travers de grandes grèves face à un service d’ordre qui a autant perdu la rage de se battre que les manifestants. Pourtant, il arrive un moment où la rage revient. Un moment que personne ne désire, mais que les circonstances imposent malgré toutes les bonnes intentions.

C’est là qu"Esperanto" frappe un grand coup. Otto Gabos nous expose l’évolution d’une société qui ne connaît plus la faim, ni la soif, ni même la perte. Elle se contente de son sort et laisse le jeu décider pour elle. C’est même une roue de la destinée qui décide du sort de la ville chaque année. Les gens sont devenus pacifiques et pourtant... Et oui, et pourtant ! Car les hommes restent des hommes et ne se contentent pas de leur sort, malgré l’absence de guerre et de famine. Les hommes veulent toujours plus. Certains se servent avant les autres. Des inégalités se présentent. Malgré tout, on tient, on ne se révolte pas, on continue à croire dans la justice d’un gouvernement pacifiste en apparence, mais vil au coeur. Puis le confort de la paix s’effrite, des gens jalousent les autres. Il y a de quoi, il n’y a pas ? Peu importe. Qu’on le veuille ou non, il arrive toujours un temps où la Révolution doit éclater. Le tout est de savoir quand et qui la provoque. Voici le deuxième point intéressant d’"Esperanto".

En effet, il n’y a pas un homme mais deux hommes qui sont à l’origine du conflit qui risque d’ébranler la ville d’Esperentia. A l’image de ces tribus indiennes où la jalousie n’existe pas, l’arrivée d’un homme blanc sème le chaos. Encore l’autre jour, je regardais un reportage télévisé sur les tribus brésiliennes qui voyaient des hommes blancs pour la première fois. Les indiens sont pacifiques. Ils se contentent de ce que leur offre leur mère la Terre. Un homme blanc débarque et il préfère une femme à une autre, il vole un bien, leur met un fusil dans les mains. Il crée un déséquilibre qui aboutit à la guerre interne. Espenratia connaîtra l’arrivée non pas de un, mais de deux étrangers. Un ancien nazi et un ancien déporté issus de notre monde. Chacun a sa vision pour Esperentia. L’équilibre est rompu par deux hommes que tout oppose, mais aussi rapproche.

Partagé entre Guerre et Paix, "Esperento" appartient à ces oeuvres épiques des temps modernes. Un hommage au Che, à Trotsky, à la Révolution.

Titre : Esperanto

Scénario et dessins : GABOS Otto

Couleurs : GONGIU Laura

Traduction : FRIGAU Pierre

Lettrage : ZELIG

Editeur : KSTR

Parution : octobre 2008

Nombre de pages : 140

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